Rencontres cinématographiques de Bejaia : "Ashkal" du Tunisien Youcef Chebi fait sensation

Publié par DK NEWS le 26-09-2023, 16h42 | 5

Le film "Ashkal" (les formes) du jeune cinéaste Tunisien Youcef Chebi, a fait sensation dimanche soir, au 2e jour des rencontres cinématographiques de Bejaia (RCB), devant un public, visiblement bien au fait de l’actualité tunisienne, notamment les tourments générés au lendemain des évènements de 2011, coïncidant avec la chute du régime du président Zine El-Abidine Ben Ali.

Le film, dans son essence, n’est pas une chronique politique mais un polar, dont les enjeux et les ramifications sociales ont donné matière à une trame lugubre, relatant la transition démocratique du pays, balloté entre l’espoir d’un changement profond et radical et la peur de succomber au chaos.

De fil en aiguille, le réalisateur, prend prétexte sur un cas d’immolation dans les jardins et le chantier de Carthage, alors siège de construction d’une cité résidentielle huppée pour construire son intrigue.

La mort par le feu à Sidi Bouzid de Mohamed Bouazizi en janvier 2011 en a été l’élément inspirateur, seulement, à contrario de la version "Bouazizi" et de l’émotion qu’elle a générée, les gravats de cette zone urbaine ont révélé une multitude d’autres cas, morts dans des circonstances aussi atroces mais surtout de façon mystérieuse et récurrente.

L’enquête de la police ne résout pas le mystère et a fini par s’orienter vers l’hypothèse scabreuse et spirituelle voire fantasmatique, en laissant croire qu’un fantôme pousse les victimes à se trucider par les flammes. La chute du film ne donne pas le résultat des investigations mais autorise les spectateurs à tirer leur propre enseignement sur la gestion politique des évènements, à l’origine de tous les excès.

La trame est sombre, mais durant 90 minutes, elle accapare l’esprit et donne matière à réfléchir. Ce qui n’a pas déplu, selon les spectateurs que l'APS a approchés et qui ont dit avoir apprécié cette approche policière qui a donné lieux à un éclatement kaléidoscopique fort bavard sur la situation politique du pays.

Le film a reçu l’étalon d’or au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) 2023 (Burkina Faso), et une distinction spéciale au Cinéma Méditerranéen (France) également en 2023. Il a été aussi présenté au Festival de Cannes (France) en 2022.

               Le film "Le gang des bois du temple" séduit le public

"Le gang des bois du temple", un long métrage de Rabah Ameur Zaïmeche, projeté lundi soir au 3e jour des rencontres cinématographiques de Bejaia et qui raconte l'histoire tragique d’une bande d’amis qui se retrouvent mêlés à une affaire de hold-up, a séduit le public.

L’œuvre en soi est une fresque de couleurs dépeignant la vie quotidienne d’une cité populaire, tantôt parisienne tantôt bordelaise, ou marseillaise, un peu miséreuse et décalée de l’opulence de chacune de ces agglomérations certes, mais pétillante de vitalité, d'humanisme et surtout de poésie, qui rendent l’existence en son sein, supportable et attachante. La solidarité, les amitiés et la chaleur des ambiances qui y règnent sont des bols d’air frais qui en constituent un carburant vital, alimentant en permanence les désirs de transcendance de ses habitants.

Le réalisateur, scénariste, et producteur cinématographique, Ameur Zaïmeche, précise avoir mêlé dans une trame dramatique, polar, politique, et social, en prenant soin de ne pas se laisser aller dans une dimension donnée.