HISTOIRE DE LA REVOLUTION : Les chefs de la résistance contre le colonialisme avaient une grande maitrise des techniques de guerre (Colloque)

Publié par DK NEWS le 07-05-2024, 15h47 | 4

Les chefs de la résistance populaire contre le colonialisme français, du XIXème siècle, ont fait montre d’une grande maîtrise des techniques de propagande, de mobilisation des foules et de guerre, ont souligné, lundi à Tizi-Ouzou les participants à un colloque national à distance sur "La politique française dans la région de Kabylie".   

Les universitaires, qui ont animé des conférences au premier jour de ce colloque, qui se poursuivra demain mardi à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, ont mis en exergue la maitrise des techniques de mobilisation des populations autour d’un idéal commun, celui de lutter contre le colonialisme, par les chefs de la résistance de l’époque ainsi que leur connaissance des techniques de guerre.

Mobilisation des citoyens, organisation de la logistique, démarches de ralliement de familles et personnalités nationales influentes, exploitations des relations extérieures en faveur de la cause, politique de dissuasion et représailles contre les alliées de l’ennemi, sont entre autres méthodes utilisées par les chefs de la résistance et les organisations sociales, notamment les comités de village et les zaouïas, pour faire face au colonialisme français, ont souligné les intervenants.

C’est ce qu’a affirmé Mohamed-Mokhtar Zeghar du Centre national d'études et de recherches dans l'histoire militaire algérienne qui a présenté une lecture des principes de la propagande et de la mobilisation populaire dans le soulèvement d’El Mokrani et El Haddad en 1871.

Avant le soulèvement, ces deux chefs résistants devaient d’abord mobiliser les populations autour des idéaux de la liberté et de la préservation de la patrie et de l’identité nationale. Pour ce faire, El Mokrani a eu recours à l’appel au "djihad pour Allah", ce qui a suscité l'adhésion des zaouïas, a-t-il expliqué.

D’autres moyens ont été utilisés dans cette démarche de mobilisation par ce chef résistant, tel que le recours à la traduction d’articles de journaux français parlant des mesures contre les Algériens et offrant des avantages à l’occupant, ainsi que l’exploitation des poèmes dénonçant le colonisateur dont celui parlant de la chute d’Alger, exacerbant le sentiment anticolonial, a-t-il noté.

A cela s’ajoute la recherche de soutien extérieur, El Mokrani ayant écrit des lettres à la reine d’Angleterre et au sultan ottoman, selon Mohamed-Mokhtar Zeghar, qui a relevé que ce même leader n’hésitait pas à faire défiler ses troupes dans les villages pour que les populations voient qu’il ne s’agit pas d"'insurgés", appellation usitée par la propagande ennemie, mais de résistants bien organisés et armés.

"A l’étude des méthodes utilisées dans la mobilisation des populations, El Mokrani et El Haddad n’avaient rien à envier à ceux qui ont fait les grandes académies du domaine de la propagande et de la mobilisation des foules", a-t-il dit. De son côté, Fatma-Zahra Houtia de l’université d’Adrar, qui animé une conférence sous le thème "La résistance de Cherif Boubaghla 1851-1854): un symbole de la résistance populaire contre le colonialisme français", a mis en avant les méthodes de lutte contre les troupes coloniales menées par ce chef résistant.

En fonction de la force dont il disposait, il menait des attaques directes et des face-à-face contre l’ennemi ou recourait à des attaques surprises et rapides, lorsque les troupes ennemies sont plus importantes en nombre et armements. "Cela lui a permis d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi dans de nombreuses batailles", a-t-elle souligné.

Les travaux de ce Colloque, organisé par le département des sciences humaines de la faculté des sciences humaine et sociales de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, se poursuivront demain mardi.  

                           Sidi Bel Abbes: l’importance d’étudier les écrits et les témoignages inhérents à l’histoire de la guerre de libération soulignée (colloque) 

Les participants à un colloque national ayant pour thème "la vision des acteurs de la révolution dans l’édification de l’Etat national algérien", ouverte lundi à l’Université "Djilali Liabes " de Sidi Bel Abbes, ont mis l’accent sur l’importance de l’étude des écrits, des témoignages vivants et des récits émanant des acteurs de la glorieuse révolution du 1er novembre 1954 et ses évènements, dans le but de les acter et de les intégrer dans l’historiographie en lien avec cette séquence de l’histoire nationale. Dans cet ordre d’idées, le Doyen de la faculté des sciences humaines et sociales du même établissement universitaire, Kada Lahmar, a affirmé que "les témoignages vivants font partie des sources historiographiques en rapport avec les évènements nationaux, estimant qu’ à ce titre, l’historien est tenu de ne pas négliger ce type de sources (références) et qu’il doit, au contraire, notifier et exploiter à bon escient" . L’intervenant a, en outre, mis en relief l’importance des témoignages enregistrés et écrits dans l’écriture de l’histoire de la glorieuse guerre de libération nationale, ainsi qu’à identifier avec exactitude les différentes visions et points de vue en lien avec des questions d’ordre historique.

De son côté, le président du colloque, Djebrane Laradj, (Université de Sidi Bel Abbes) a déclaré que "l’objet de la recherche sur ce qui a été enregistré comme témoignages vivants sur la guerre de libération nationale revêt une importance historique et civilisationnelle cruciale, car il traite des séquences importantes de l’histoire du pays et met la lumière sur nombre de questions et problématiques se rapportant à l’écriture de l’histoire".

La rencontre de deux jours est organisée à l’initiative de la faculté des sciences sociales et humaines de l’Université "Djilali Liabes" au cours de laquelle les participants aborderont divers axes de réflexion, dont "dimensions et objectifs de la grande révolution de libération nationale à travers la déclaration du 1er novembre", "les fondements de l’Etat national algérien à travers les résolutions de la révolution", "contribution au projet de la mémoire nationale algérienne et la collecte des témoignages dans la mise en exergue du rôle des Moudjahidine dans l’indépendance", "rôle de la femme durant la Révolution" et "conceptions du Mouvement national pour l’édification de l’Etat algérien".