Des participants à une rencontre organisée, jeudi, par le musée régional du moudjahid de Tizi-Ouzou autour de la grève des étudiants algériens le 19 mai 1956, sont revenus sur la genèse, l'apport et la dynamique impulsée à la révolution par cet évènement.
"La participation des étudiants algériens à la guerre de libération nationale a été précédée par l'adhésion de leurs aînés au processus historique de libération nationale dès les années 40", indiqué Zinedine Kacimi, enseignant chercheur en Histoire à l'Université de Bouira.
Le 19 mai 1956 "était une suite logique et un couronnement du processus de prise de conscience des étudiants algériens dont les aînés avaient déjà rejoint le mouvement national dès les années 40", dira-t-il, en citant en exemple, Hocine Ait Ahmed, Idir Ait Amrane et Saïd Chibane.
Au déclenchement de la guerre de libération nationale et son extension sur tous les plans, militaire et syndical entre autres, il était nécessaire de faire adhérer, également, les étudiants, "malgré leur faiblesse numérique, mais, d'un apport qualitatif certain. Il fallait donc faire adhérer le maximum et non seulement le noyau d'activistes" relève l'universitaire.
Ces derniers, souligne Kacimi, "étaient déjà en contact avec les dirigeants de la révolution, et renforcés dans leurs convictions par la position ambiguë de l'Union nationale des étudiants français (UNEF), au sein de laquelle ils étaient minoritaires, vis-à-vis de la révolution ont pris conscience de l'importance de se doter de leur propre organisation".
Et c'est dans ce contexte, poursuit-il, que s'est tenue la 2ème rencontre des étudiants algériens à Paris du 24 au 30 mars 1956 qui a été suivie de la création de l'Union générale des étudiants musulmans algériens (UGEMA).
"A partir de ce moment, les étudiants algériens ont fait corps avec la révolution, en affichant clairement leur engagement et réclamant l'indépendance de l'Algérie, en reprenant les revendications de la déclaration du 1er novembre 1954".
Cette adhésion assumée, soutiendra-t-il "était bénéfique pour la conduite de la révolution". "De par leurs diverses formations, ils ont apporté un plus à la révolution sur tous les plans et, notamment, au niveau de toutes les instances mises en place au lendemain du congrès de la Soummam".
De son côté, le moudjahid, Hamid Oussedik, a évoqué "un tournant exceptionnel dans l'évolution de la guerre de libération nationale" en soutenant que "l'adhésion des étudiants avait sonné le glas de la politique d'assimilation poursuive par les autorités coloniales dans le but d'attirer l'élite algérienne dans son giron".
"Les autorités coloniales qui misaient sur les élites qui avaient accès à la langue et à la culture française, mais, furent secouées par cette adhésion des étudiants de différentes couches sociales, qui marquait l'unanimité des Algériens autour de la revendication d'indépendance", a-t-il souligné.
Il dira, a propos du passage à l'action le 19 mai 1956, que "la décision avait été prise la veille, le 18 mai, et mise en application le lendemain pour éviter toute fuite qui aurait donné lieu à la répression des étudiants par les autorités coloniales".
L’apport des étudiants à la Révolution à partir du 19 mai 1956, a été d’une "grande importance en contribuant à l'encadrement de ses instances et à l'accompagnement de certaines tâches qui exigeaient un certain niveau d'instruction", dira, pour sa part, l’ancien commandant de l’ALN, Ouali Ait Ahmed, qui avait lui-même rejoint les rangs de l'ALN ce jour là.