Zone euro : Première baisse des taux d'intérêt depuis 2019

Publié par DK NEWS le 10-06-2024, 14h50 | 2

La Banque centrale européenne a baissé vendredi ses taux directeurs pour la première fois depuis 2019.

Servant de référence en zone euro, le taux sur les dépôts de 4% - son plus haut niveau atteint en septembre dernier - a été ramené à 3,75%, a indiqué l'institut monétaire à l'issue d'une réunion de son instance de décision.

La dernière baisse des taux de la BCE remonte à presque cinq ans, en septembre 2019, dans un contexte alors très différent de taux négatifs et d'inflation très basse.

La zone euro a connu depuis un pic d'inflation à l'automne 2022, dans le sillage du conflit en Ukraine et des pénuries de biens post-crise du Covid-19, obligeant la BCE à un relèvement des taux sans précédent lancé en juillet 2022.

Après une pause sur les taux depuis neuf mois pendant laquelle l'inflation s'est ralentie de plus de 2,5 points de pourcentage, pour afficher 2,6% en mai, le conseil des gouverneurs a jugé "opportun" de faire un geste d'apaisement sur le loyer de l'argent, selon son communiqué.

Une décision prise "à l'unanimité moins une voix", a précisé sa présidente Christine Lagarde devant la presse.

Pour autant, la vitesse et la durée des futures baisses des taux sont encore "très incertaines", a ajouté la banquière centrale.

L'institut reste déterminé à voir le retour au plus tôt de l'inflation au niveau de son objectif de 2 % à moyen terme, mais il y a "des obstacles sur la route qui peuvent surprendre" et "dont nous ne sommes pas totalement sûrs de l'ampleur", a-t-elle expliqué.

Aussi, la BCE ne "s'engage pas à l'avance sur une trajectoire de taux particulière", a-t-elle prévenu, douchant les espoirs d'une série garantie de baisses de taux dans les mois à venir.

La BCE voit encore l'inflation "rester supérieure à l'objectif" de 2% et ce, "pendant une grande partie de l'année prochaine", selon le communiqué expliquant ses décisions.

En cause, les tensions sur les prix d'origine interne qui restent fortes, surtout dans les services, en raison de la croissance élevée des salaires.

L'institut a donc revu à la hausse ses prévisions d'inflation par rapport à celle de mars, voyant l'agrégat en moyenne à 2,5% en 2024 et 2,2% en 2025, enfin 1,9% en 2026.

L'impact le plus visible de cette première baisse des taux devrait concerner le marché de l'immobilier, où les emprunteurs, surtout ceux à taux variable, avaient été pris à la gorge par la remontée brutale des taux.

Les entreprises pourraient aussi en profiter en obtenant des crédits à des conditions plus favorables pour leurs investissements. En revanche, les épargnants vont voir leur rendement reculer.          

La BCE, en abaissant ses taux, pourrait aussi faire chuter l'euro, favorisant les exportations. Mais cela renchérirait alors aussi les importations, conduisant à de nouveau alimenter l'inflation.