Manifestations au Kenya : Le président annonce le retrait du projet de budget 2024-25

Publié par DK NEWS le 26-06-2024, 16h58 | 11

Le président kényan William Ruto a annoncé mercredi le retrait du projet de budget 2024-25 prévoyant des hausses de taxes, à l'origine d'une contestation dans le pays qui a sombré mardi dans une violence meurtrière.

"Après avoir écouté attentivement le peuple kényan, qui a dit haut et fort qu'il ne voulait rien avoir à faire avec ce projet de loi de finances 2024, je m'incline et je ne promulguerai pas le projet de loi de finances 2024, qui sera par conséquent retiré", a déclaré William Ruto dans un discours au lendemain d'une journée de manifestation contre ce texte.

"Après l'adoption du projet de loi, le pays a été témoin d'une large expression de mécontentement à l'égard du projet de loi tel qu'il a été adopté, qui a malheureusement entraîné des pertes de vies humaines et des destructions de biens", a ajouté le chef de l'Etat.

Le vote du texte mardi par le Parlement, où le parti présidentiel Kenya Kwanza est majoritaire, a déclenché la colère des manifestants réunis non loin, à Nairobi, dans le cadre d'une troisième journée de contestation du texte en huit jours.

La foule a pris d'assaut le Parlement, saccageant et incendiant des bâtiments, dans une attaque inédite dans l'histoire du pays indépendant depuis 1963.

Le président a appelé à une concertation nationale.

"Puisque nous nous sommes débarrassés du projet de loi de finances 2024, il est nécessaire d'avoir une conversation en tant que nation à l'avenir. (...) Comment gérer ensemble notre situation d'endettement ? (...) Je proposerai un engagement avec les jeunes de notre nation, nos fils et nos filles", a-t-il affirmé.

Pour le gouvernement, ces mesures fiscales étaient nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays, lourdement endetté (la dette publique représente environ 70% du PIB), et financer son ambitieux budget 2024-25 tablant sur 4.000 milliards de shillings (29 milliards d'euros) de dépenses, un record.   

 

 

                         L'Union africaine et l'ONU préoccupés par les violences au pays

 

Le chef de la Commission de l'Union africaine a exprimé mardi sa "profonde inquiétude" après les manifestations anti-taxes marquées par des violences meurtrières mardi au Kenya, en exhortant le pays à "faire preuve de calme et à s'abstenir de toute nouvelle violence".

Moussa Faki Mahamat a fait part dans un communiqué de sa "profonde inquiétude (face) aux explosions de violence qui ont suivi les manifestations publiques et ont entraîné des pertes en vies humaines et dégâts matériels", alors que la police est accusée d'avoir réprimé ces rassemblements en tirant à balles réelles.

De son côté, le secrétaire général des Nations unies est "profondément préoccupé" par les violences qui agitent actuellement le Kenya, a affirmé mardi son porte-parole.

Antonio Guterres est également "très attristé" par les informations faisant état d'au moins cinq morts dans ces violences en marge de manifestations, a indiqué le porte-parole Stéphane Dujarric.