Syrie: Premières frappes contre Daesh en Syrie, la Russie appelle à plus coordination internationale sous l'égide de l'ONU

Publié par DK News le 23-09-2014, 16h27 | 58

La coalition dirigée par les Etats-Unis a pour la première fois mené mardi des raids aériens et des attaques aux missiles contre des positions de l'organisation autoproclamée «Etat Islamique» (Daech) en Syrie, alors que la Russie réclame d'avantage plus de coordination internationale sous égide de l'ONU dans la lutte contre le terrorisme.

Il s'agit de la première intervention étrangère en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011 dans ce pays, où les éléments de Daech occupent depuis 2013 de vastes régions dans le nord, frontalières de l'Irak et la Turquie. Le président américain Barack Obama avait prévenu le 10 septembre, dans un discours, qu'il se réservait le droit de frapper cette organisation y compris dans son sanctuaire syrien.

Selon le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby, les raids visaient principalement des positions de Daech dans la province de Raqa, principal bastion de Daech en Syrie, l'organisation contrôlant également la plupart de l'est du pays, notamment la province pétrolière de Deir Ezzor et une large portion de la frontière avec la Turquie.

Le Pentagone a précisé que les frappes avaient été menées «au moyen d'avions de chasse, de bombardiers et de missiles Tomahawk» tirés notamment depuis des navires opérant dans les eaux internationales de la Mer Rouge et du Golfe.

Cinq «nations partenaires» moyen-orientales -Jordanie, Bahreïn, Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis- «ont participé ou appuyé» ces frappes, a indiqué le Pentagone.L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), a indiqué qu'au moins 30 éléments du réseau terroriste d'Al-Qaïda, en majorité des étrangers, et huit civils, dont une femme et trois enfants, ont été tués dans les frappes qui ont visé l'ouest de la province septentrionale d'Alep, parallèlement à des frappes contre Daech.

Moscou appelle à plus de coordination internationale sous égide de l'ONU

Le président russe Vladimir Poutine a insisté avant le début des frappes américaines contre des positions de l'organisation Daesh en Syrie, pour que celles-ci ne soient pas menées sans l'accord préalable de  Damas.

Au cours d'une conversation téléphonique dans la nuit de lundi à mardi avec le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, M. Poutine «a souligné que les frappes aériennes contres les bases terroristes de l'Etat islamique sur le territoire syrien ne devaient pas être menées sans l'accord du gouvernement syrien», indique un communiqué du Kremlin.

Le ministère russe des Affaires étrangères a pour sa part prévenu que «les initiateurs d'actions militaires unilatérales portaient l'entière responsabilité de leurs conséquences», précisant que «les tentatives d'atteindre des buts géopolitiques en violant la souveraineté des gouvernements de la région ne font qu'alimenter les tensions et déstabiliser encore davantage la situation». «La lutte contre le terrorisme au Proche-Orient et dans le Nord de l'Afrique nécessite des efforts coordonnés de l'ensemble de la communauté internationale sous égide de l'ONU», a-t-il ajouté.

La Syrie a été informée avant le lancement des frappes

Avant le lancement de ces frappes sur son territoire contre l'organisation Daesh, la Syrie a été informée par les Etats-Unis, a indiqué mardi le ministère des Affaires étrangères à Damas.«Les Américains ont informé hier (lundi) le représentant de la Syrie auprès des Nations unies que des frappes allaient être menées contre l'organisation terroriste Etat islamique à Raqa», bastion du groupe dans le nord de la Syrie, a indiqué le ministère cité par la télévision d'Etat.

«La Syrie soutient tout effort international pour combattre le terrorisme, (comme) celui de Daesh et d'al-Nosra, tout en insistant sur le respect de la souveraineté nationale et conformément aux lois internationales», a ajouté le ministère dans un communiqué.

Les frappes surviennent alors que les éléments de Daesh menaient une offensive pour s'emparer de la ville stratégique d'Aïn al-Arab (Kobané en kurde), troisième ville kurde de Syrie, dont le contrôle lui permettrait le contrôle total d'une longue bande de la frontière syro-turque.Après s'être emparés depuis une semaine de plus de 60 villages aux environs de Kobané, leur progression rapide a été ralentie lundi par les combattants kurdes aidés de leurs frères d'armes venus de Turquie, selon l'OSDH.

La progression de Daesh a poussé plus de 130.000 kurdes syriens à fuir et traverser en Turquie, selon l'ONU et le gouvernement turc. Ce dernier a assuré que son pays avait «pris toutes les mesures nécessaires au cas où l'afflux de déplacés se poursuivrait».