Soudan : Un groupe d'aide humanitaire obligé de limiter le nombre d'enfants soignés dans un camp soudanais en raison du blocage de son approvisionnement

Publié par DK NEWS le 05-08-2024, 18h47 | 3

Un groupe d'aide humanitaire a annoncé dimanche avoir été contraint de réduire le nombre d'enfants mal-nourris pouvant recevoir des soins dans l'un des plus grands camps de déplacés de la région du Darfour, dans l'ouest du Soudan, en raison du blocage de l'approvisionnement médical imposé par les Forces de soutien rapide .  "Nous n'avons assez de nourriture thérapeutique pour les enfants souffrant de malnutrition dans le camp de Zamzam que pour deux semaines supplémentaires. En conséquence, nous avons malheureusement été obligés de limiter aujourd'hui le nombre d'enfants pouvant recevoir ce traitement, les Forces de soutien rapide (RSF) ayant bloqué nos camions de ravitaillement", a déclaré l'organisation non gouvernementale Médecins sans frontières (MSF) dans un communiqué.

"Nos trois camions chargés d'acheminer des fournitures médicales vitales - dont de la nourriture thérapeutique - à Zamzam et El Fasher sont bloqués dans la ville de Kabkabiya depuis plus d'un mois par les RSF. Dans notre hôpital de campagne de Zamzam, le taux d'occupation des lits dans le service de malnutrition est de 126 %, ce qui signifie que de nombreux enfants sont déjà dans un état critique", a indiqué MSF, exhortant toutes les parties belligérantes à permettre à l'aide humanitaire d'entrer au Soudan et de franchir les lignes de front.

Jeudi, le Réseau des systèmes d'alerte précoce contre la famine, une agence d'analyse chargée de surveiller l'état de la sécurité alimentaire dans le monde, a annoncé qu'une famine était en cours dans le camp de Zamzam. Les Nations Unies ont quant à elles déclaré que la famine régnait dans plusieurs zones du Soudan, et qu'elle se poursuivrait au cours des deux prochains mois.  Les deux parties en conflit dans le pays, les Forces armées soudanaises (SAF) et les RSF, s'accusent mutuellement d'être responsables de cette famine.  Le Programme alimentaire mondial (PAM) a déjà averti que le conflit entre les SAF et les RSF au Soudan "risquait de déclencher la plus grave crise alimentaire au monde".  Le Soudan est le théâtre depuis le 15 avril 2023 d'un conflit meurtrier entre les SAF et les RSF, qui a fait au moins 16.650 morts. Selon des données de l'ONU publiées lundi, environ 10,7 millions de personnes sont aujourd'hui déplacées à l'intérieur du Soudan, et environ 2,2 millions d'autres ont cherché refuge dans les pays voisins.  

                                  Plus de 300 personnes tuées en 12 semaines à El Fasher (ONG) 

L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a indiqué dimanche que plus de 300 personnes ont été tuées à la suite de combats entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) pendant 12 semaines dans la ville d'El Fasher, capitale de l'Etat du Nord-Darfour, à l'ouest du Soudan. L'ONG a indiqué dans un communiqué que "depuis l'intensification des combats il y a près de 12 semaines, les hôpitaux, soutenus par Médecins sans frontières, à El Fasher ont soigné plus de 2 170 blessés et accueilli plus de 300 morts."

L'organisation internationale a exhorté les parties belligérantes à "permettre un accès rapide à toutes les fournitures et convois humanitaires vers El Fasher et le camp Zamzam", affirmant que "l'arrivée de l'aide est essentielle pour éviter une nouvelle détérioration de la santé de la population". Samedi, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a annoncé la propagation de la famine dans le camp de personnes déplacées de Zamzam, dans la ville d'El Fasher. Depuis le 10 mai, El Fasher est le théâtre d'affrontements entre l'armée et les Forces de soutien rapide, malgré les avertissements internationales concernant la situation dans la ville, centre des opérations humanitaires de tous les Etats du Darfour. Depuis la mi-avril 2023, l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide mènent une guerre qui a fait environ 18 800 morts et environ 10 millions de déplacés et de réfugiés, selon les Nations Unies.