Santé

intolérance au lactose : 9 choses à savoir absolument

Publié par DK NEWS le 23-08-2024, 14h50 | 9
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A mesure que l'on vieillit, l'enzyme qui permet de bien digérer le lactose décroit, au point que certains personnes deviennent intolérantes. Ce qu'il faut savoir sur ce glucide particulier et les solutions pour mieux le digérer, avec Raphaël Gruman, diététicien nutritionniste et Nicolas Mathieu, gastro-entérologue au CHU de Grenoble.   

Le lactose est un glucide simple composé de deux molécules : une de glucose et une de galactose. C'est un sucre, mais il a un faible pourvoir sucrant. On le trouve dans le lait des mammifères (vache, chèvre, brebis… ), ainsi que dans celui des femmes allaitantes. Pour être absorbé et digéré, il doit être coupé en deux (glucose/galactose) par la lactase, une enzyme sécrétée par les cellules de l'intestin grêle. Les nourrissons et les jeunes mammifères qui se nourrissent exclusivement de lait les premiers mois produisent beaucoup de lactase. Mais la sécrétion de cette enzyme par l'organisme humain a tendance à diminuer avec le temps. On ne la produit plus en quantité suffisante pour bien digérer le lactose.

Si le lactose n'est pas coupé par cette enzyme, il ne peut pas être absorbé au niveau de l'intestin grêle. Il va donc continuer son chemin dans le tube digestif et arriver dans le côlon où les bactéries intestinales vont le fermenter, ce qui va créer une production de gaz et un appel d'eau. "Il est rare qu'une personne ne produise plus du tout de lactase. Mais quand les capacités de sécrétion de lactase sont dépassées par rapport à la quantité de lactose absorbé, il y a malabsorption", explique le diététicien Raphaël Gruman.

 

COMMENT SAVOIR SI C'EST UNE INTOLÉRANCE AU LACTOSE ?

Si le lactose passe le petit intestin sans être - ou pas complètement -absorbé, il atteint ensuite le côlon, où il va fermenter à cause de la flore intestinale spécifique de cette section de l'intestin. En résultent des gonflements, douleurs, diarrhées acides, ou vomissements pour les cas les plus graves. L'apparition de ces symptômes après une ingestion de lait amène généralement à suspecter une intolérance au lactose. Celle-ci peut toutefois être confondue avec une allergie aux protéines de lait. Mais plusieurs tests permettent de confirmer une intolérance.

"Je prescris parfois un test d'intolérance par prise de sang (non remboursé) à mes patients, les résultats sont assez fiables", indique le diététicien. Le médecin de son côté peut prescrire un test respiratoire qui se réalise à l'hôpital : on mesure le taux d'hydrogène expiré avant et après absorption de lactose, le lactose non digéré se transformant en gaz (dont l'hydrogène) sous l'action des bactéries intestinales. Les signes digestifs étant communs à d'autres pathologies (maladie cœliaque, syndrome de l'intestin irritable, maladie de Crohn… ), il est important de poser le bon diagnostic.

 

EST-CE QUE ÇA SE SOIGNE ?

Une fois le diagnostic posé, le professionnel de santé prescrira un régime strict pendant un mois. "Tous les aliments pouvant contenir du lactose, y compris les fromages, les plats préparés ou les pâtisseries industrielles seront proscrits, pour supprimer les symptômes, précise Nicolas Mathieu, gastro-entérologue au CHU de Grenoble. Après un mois, on va tenter de réintroduire des aliments où il y a des traces de lactose : fromages secs, biscuits, etc. Et on continue la réintroduction pour trouver le seuil de tolérance, afin que le patient puisse avoir l'alimentation la plus variée possible. "Nicolas Mathieu ne préconise pas pour autant un régime sans lactose hors cas d'intolérance. Cela risquerait de causer des décalcifications, des ostéoporoses, et donc des fractures. "De plus, on ne connaît pas encore les conséquences qu'un régime sans lactose peut provoquer sur le microbiote intestinal, développe le docteur Mathieu. Or, si on modifie la richesse ou la variété de cette flore, il semble que l'on favorise certaines maladies comme le diabète. Une telle modification peut induire chez certains patients des interactions trop violentes avec les protéines de l'intestin, et conduire à une maladie inflammatoire chronique de l'intestin (MICI)."

 

QUELLE DIFFÉRENCE AVEC UNE ALLERGIE ?

Une allergie est déclenchée par une protéine, et non un glucide comme le lactose. C'est une réaction anormale du système immunitaire, avec production d'anticorps (IgE) et libération d'histamine et d'autres substances responsables de la réaction allergique (démangeaison, gonflement… ). Une allergie peut avoir des conséquences graves (asthme, œdème, choc anaphylactique) alors que l'intolérance au lactose, bien qu'elle entraîne des symptômes désagréables, est sans gravité. Une allergie nécessite l'exclusion totale des aliments contenant l'allergène (la protéine problématique), alors que dans le cas de l'intolérance au lactose, de petites quantités sont souvent tolérées. Chacun devant déterminer son propre seuil de tolérance.

 

1/9 - Où trouve-t-on le lactose ?

Dans le lait et tous ses dérivés : yaourt, fromage blanc, petit-suisse, faisselle, crème fraîche, fromage frais… Et bien sûr dans les recettes avec du lait : flans, riz au lait, crêpes, quiches, sauces, glaces… Mais aussi dans beaucoup de produits transformés où l'on ne s'attend pas à le voir : saucisson, pâté, surimi, biscuits, chips, confiseries… Le lactose étant utilisé pour améliorer leur goût et leur texture. À noter qu'on le trouve également comme excipient dans 20 % des médicaments.

 

2/9 - Qui est concerné par l'intolérance au lactose ?

En France, 6 à 10 % de la population présenterait des signes d'intolérance après avoir pris l'équivalent d'un bol de lait. "Il y a deux facteurs importants : la prédisposition génétique et l'âge. Les populations qui, traditionnellement, ne consomment pas de produits laitiers sécrètent moins de lactase. Ainsi, les Asiatiques sont bien plus touchés que les Européens par l'intolérance au lactose. Ensuite, plus on avance en âge, plus la sécrétion de lactase peut diminuer", explique l'expert.

 

3/9 - Quels sont les signes d'une intolérance ?

Les symptômes sont surtout des troubles digestifs : ballonnements, gaz, douleurs abdominales, diarrhées… qui surviennent dans les 2 heures qui suivent l'ingestion de produits contenant du lactose. "Plus rarement, il y a des troubles cutanés : boutons, rougeur, démangeaisons… Le lactose pourrait provoquer une porosité intestinale à l'origine d'une réaction immunitaire", avance Raphaël Gruman.

 

4/9 - Comment savoir si l'on est intolérant ?

Si l'on souffre de troubles digestifs après un repas avec des aliments contenant du lactose, on peut suspecter une intolérance. La chose la plus simple à faire pour s'en assurer est d'éliminer tous les aliments contenant du lactose pendant une à deux semaines (ce qui nécessite de bien lire les étiquettes) et de voir si les symptômes disparaissent.

 

5/9 - Est-ce que l'intolérance peut passer ?

Non, quand la sécrétion de lactase est déficitaire, on ne peut pas l'augmenter. Par contre, il existe des formes transitoires d'intolérance au lactose liée à certaines maladies (gastro-entérite, infection… ) ou à la prise d'antibiotiques. Dans ce cas, les cellules de la paroi intestinale sont fragilisées et ne produisent plus assez de lactase. Il est alors conseillé d'arrêter les produits laitiers le temps que la paroi intestinale se reconstruise et que la production de lactase revienne à la normale.

 

6/9 - Existe-t-il des traitements pour guérir l'intolérance au lactose ?

Il n'existe pas de traitement pour guérir l'intolérance au lactose. Par contre, il existe des compléments alimentaires qui permettent de digérer des repas avec du lactose. Il s'agit en fait de lactase à prendre une fois par jour ou ponctuellement avant un repas. "De temps en temps, quand on est invité et que l'on veut faire honneur à tous les plats, ces compléments peuvent être intéressants", note le diététicien.

 

7/9 - Que penser des laits sans lactose ?

Ce sont des laits dans lesquels on a ajouté de la lactase qui va scinder le lactose en deux molécules (glucose/ galactose) pour une meilleure digestion. Ils ont des valeurs nutritionnelles identiques à celles du lait classique (mêmes teneurs en protéines, calcium… ), mais leur goût est légèrement plus sucré (du fait de la libération de la molécule de glucose). Ils sont intéressants pour les personnes intolérantes. Mais ils ne sont pas conseillés pour les autres, car il vaut mieux continuer de consommer un peu de lactose pour entretenir sa sécrétion naturelle de lactase.

 

8/9 - Le lait de chèvre ou de brebis, c'est mieux ?

Ils contiennent autant de lactose que le lait de vache et ne conviennent donc pas aux personnes intolérantes. Toutefois "leurs protéines sont moins grosses que celles du lait de vache, ce qui les rend plus digestes", précise Raphaël Gruman. Par ailleurs, le lait de chèvre et le lait de brebis proviennent souvent d'exploitations plus petites, où les traitements antibiotiques sont moins systématiques et la nourriture est plus locale (sans OGM).

 

9/9 - Peut-on remplacer le lait par des boissons végétales ?

Elles sont dépourvues de lactose et sont une alternative intéressante pour les intolérants dans le muesli du matin, une pâte à crêpe, une sauce béchamel… Toutefois, il faut savoir que leurs apports nutritionnels ne sont pas équivalents à ceux du lait : ils sont pauvres en protéines (excepté le jus de soja) et en calcium (sauf s'ils ont été enrichis). "Je ne les conseille pas pour les enfants et les adolescents, à moins de conserver à côté au moins deux produits laitiers par jour : un yaourt et une tranche d'emmental par exemple", indique le diététicien

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6 idées reçues sur le lactose

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