Brûlures : Comment évaluer la gravité ?

Publié par DK NEWS le 02-09-2024, 14h35 | 2

Brûlure légère ou sévères, à la main ou au visage, dans tous les cas il est important de connaitre les gestes pour calmer la douleur. Les conseils de Pascal Cassan, médecin urgentiste à la Croix-Rouge française.  

La brûlure est un accident domestique fréquent mais elle peut être grave selon sa profondeur et selon la zone touchée. Découvrez comment réagir en cas de brûlure, les signes qui doivent vous alerter et les gestes à éviter absolument.

 

Qu'est-ce qu'une brûlure ?

Une brûlure est définie comme une lésion produite sur une partie du corps par l’action du feu, de la chaleur ou d’une substance chimique. Elle est le plus souvent liée à un accident domestique.

La brûlure est dite cutanée lorsqu’elle touche la peau, mais peut aussi toucher les muqueuses, en particulier les muqueuses digestives comme la bouche, l’œsophage ou l’estomac.

 

Quels sont les types de brûlures ?

Les brûlures peuvent revêtir différents aspects et sont généralement classées en degrés.

La brûlure de premier degré correspond à une brûlure peu profonde. La peau est rouge, sèche, douloureuse mais sans cloque.

Dans le cas d’une brûlure de deuxième degré, la peau qui brûle est gonflée, rouge, suintante, très douloureuse et couverte de cloques, plus ou moins nombreuses.

Enfin, la brûlure de troisième degré se caractérise par une plaie brune ou noire, en creux par rapport aux tissus voisins qui eux, sont gonflés. Il n’y a alors pas de cloque et comme les nerfs sont détruits, seul le contour de la brûlure est douloureux.

Mais attention, les degrés ne sont pas forcément des indicateurs de la gravité de la brûlure, explique le docteur Pascal Cassan, médecin urgentiste et médecin conseiller national à la Croix-Rouge française. "Si les brûlures de troisième degré sont toujours graves, celles de premiers et deuxièmes degrés ne sont pas forcément simples", précise-t-il.

 

Quelles sont les causes de brûlure ?

Les brûlures peuvent être thermiques, chimiques ou électriques.

La principale cause de brûlure thermique est "l’eau bouillante en cuisine, qui peut avoir des conséquences dramatiques", note le docteur Cassan. Elle provoque des brûlures dont l’emplacement varie en fonction de la taille de la personne brûlée: "si c’est un enfant, la brûlure se situera au niveau de la tête ou du visage, voire du corps entier. Si c’est un adulte, elle touchera plutôt bras, les les jambes ou les parties génitales", détaille le médecin urgentiste.

Dans la cuisine, l’eau bouillante n’est pas le seul danger : "les plaques de cuissons ou les portes des anciens fours qui restent chaudes représentent un danger, notamment pour les mains des jeunes enfants", alerte le docteur Cassan.

Autre cause de brûlure thermique : les barbecues, qui occasionnent des brûlures graves de la ceinture et des parties génitales chez les adultes et du visage chez les enfants.

Le soleil est lui aussi à l’origine de brûlures particulières que l’on appelle communément coups de soleil.

Et ce n’est pas tout : les produits chimiques peuvent aussi occasionner des brûlures. C’est le cas de la soude caustique, de l’ammoniaque, de l’acide chlorhydrique, de l’acide sulfurique, de l’eau de javel ou encore des contenus de batteries, qui peuvent être très corrosifs.

Tous ces produits provoquent "des brûlures qui peuvent être extrêmement graves selon la partie du corps touchée et problématiques dans leur traitement", regrette le médecin urgentiste.

Enfin, une brûlure peut être d’origine électrique. Les médecins parlent alors d’électrisation. Cela correspond au passage d’un courant électrique dans le corps. L’électrisation peut être responsable de brûlures de la peau, mais aussi le long du trajet suivi par le courant dans le corps. Cette brûlure peut parfois être du deuxième ou du troisième degré.

 

Quelles sont les complications des brûlures ?

La principale complication d’une brûlure est l’infection. "Si une brûlure devient rouge, douloureuse et chaude, si elle suinte ou si elle s’accompagne de fièvre, il faut consulter car ce sont des signes d’infection", prévient le docteur Cassan.

Une autre complication possible est la déshydratation. Ainsi "un coup de soleil, même s’il correspond à une brûlure de premier degré, peut occasionner une déshydratation s’il est étendu, en particulier chez les enfants ou les personnes âgées", avertit le médecin urgentiste.

Enfin, il existe aussi un risque de conséquence esthétique si la brûlure cicatrise mal. La peau sera alors rétractée, et nécessitera même une greffe cutanée dans les cas les plus sévères.

 

Comment faire la différence entre une brûlure simple et une brûlure grave ?

Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour évaluer la gravité d’une brûlure.

Le premier est sa superficie : "la brûlure est grave si sa taille est supérieure à la moitié de la paume de main de la victime" décrit le docteur Pascal Cassan. "Chez un jeune enfant, cette taille critique est donc vite atteinte".

Ensuite, la profondeur doit aussi être prise en compte. "Si la brûlure est noirâtre ou blanchâtre, c’est que les tissus profonds sont atteints : elle est donc grave", poursuit le médecin urgentiste.

Enfin, la gravité dépend de la victime : de son âge – une brûlure de la peau est plus grave chez les jeunes enfants et les personnes âgées – ou s’il s’agit d’une personne qui souffre d’une maladie chronique, en particulier le diabète et les maladies immunitaires.

 

Comment soulager selon le type de brûlure ? Quoi appliquer ?

Que mettre sur une brûlure ? Quel que soit le type de brûlure, un seul geste est à faire en urgence : arroser abondamment. "Dans le cadre de la brulure thermique, l’eau diminue l’extension de la brûlure, soulage la douleur et réduit les conséquences. Si la brûlure est chimique, l’eau dilue le produit", détaille le docteur Cassan. Le mieux est d’utiliser de l’eau courante – pommeau de douche ou robinet –, pendant une vingtaine de minutes. L’eau doit être froide, idéalement à 15 degrés, mais ne doit pas être glacée.

En parallèle, il faut protéger les lieux de l’accident et "évacuer ce qui a causé la brûlure pour éviter qu’il y ait une deuxième victime", ajoute-t-il.

Dernier conseil de l’urgentiste: à moins qu’il ne s’agisse d’une toute petite brûlure au doigt par exemple, il ne faut pas faire couler l’eau directement sur la brûlure pour la calmer, mais la faire ruisseler en amont.

Un pansement ? Dans un deuxième temps, sur conseil du médecin ou du pharmacien, on pourra soigner la brûlure avec du tulle gras ou des pommades et crèmes spécialisées, type Biafine.

 

Les mauvais gestes à éviter en cas de brûlure

Plusieurs remèdes naturels sont utilisés pour tenter d’apaiser les brûlures. Mais attention aux idées reçues. Évitez par exemple de mettre de la glace sur la brûlure, car "elle augmente les lésions de la peau en fermant brutalement les vaisseaux", déplore le docteur Cassan. Au lieu de la soulager, la glace accentue au contraire les conséquences de la brûlure sur la peau.

Qu’en est-il du concombre, du yaourt ou encore du dentifrice à la menthe ? "Leur effet apaisant vient du fait qu’ils sont frais. Mais préférez toujours de l’eau courante car tout ce qu’on met sur la brûlure peut entraîner une infection", prévient le médecin urgentiste.

Enfin, si la brûlure présente des cloques, il ne faut en aucun cas les percer car ce geste ouvre la porte aux germes et donc aux infections.

 

Les remèdes de grand-mère anti-brûlures à oublier !

Même s'ils restent encore souvent utilisés, ce n'est pas ce que l'on fait de mieux...

• Mettre du beurre ou de l'huile sur la brûlure.

Utiliser du gras répond à une certaine logique : la peau est constituée, notamment sur sa surface, de molécules graisseuses. Lors d'une brûlure, ces cellules sont détruites et leur régénération serait alors accélérée par l'application de corps gras. Mais, malheureusement, cela peut comporter un risque d'infection.

•La rondelle de pomme de terre crue. Elle est encore employée, dans le but - dit-on - d'atténuer la douleur (l'amidon de la pomme de terre agirait comme un anti-inflammatoire). Mais cela risque, là aussi, d'apporter des germes.

• Le dentifrice à la menthe appliqué pour la sensation de frais... En réalité, il augmente terriblement la réaction inflammatoire. En plus, il peut provoquer des convulsions chez les enfants.

 

Quels sont les signes d'urgence indiquant qu'il faut consulter ?

Plusieurs signes d’urgence doivent vous pousser à consulter.

Le premier est la taille de la brûlure.

"Si elle est plus étendue qu’une demie paume de la main de la victime, appelez le 15 et demandez conseil", insiste le docteur Cassan.

Ensuite, une brûlure située à proximité d’un "orifice naturel" doit être considérée comme grave: les brûlures à la bouche, aux lèvres, aux yeux, à l’anus ou aux parties génitales sont potentiellement graves car ces zones sont pour les bactéries des portes d’entrée dans nos organismes et peuvent donc s’infecter très vite.

Enfin, toute brûlure noirâtre ou blanchâtre nécessite un avis médical car "ces deux couleurs sont le signe que la brûlure est profonde", rappelle le médecin urgentiste.