Histoire : La grande bataille d'El-Djorf, le mythe de l'armée française invincible brisé

Publié par DK NEWS le 21-09-2024, 18h06 | 14

La grande bataille d'El-Djorf, qui s'est déroulée du 22 au 29 septembre 1955, dans la wilaya de Tébessa, pertinente au cours de la Révolution de la première zone militaire, constitue un des épisodes majeurs de l'histoire du combat armé pour l'indépendance, qui a brisé le mythe de l'armée française invincible.

Les événements de ce haut fait d'arme, appelés Mère des batailles ou "Oum El Maarik", dont la wilaya de Tébessa célèbre le 69ème anniversaire, restent gravés dans les annales de la Révolution libératrice et suscitent encore aujourd'hui l'intérêt des historiens.

Et pour cause, cette bataille a, non seulement, profondément secoué l'armée française, mais a permis de démasquer la politique perverse de la colonisation française.

Des enseignants d'histoire de l'Université Larbi-Tebessi de Tébessa ont expliqué que « la grande bataille d'El-Djorf a été un tournant décisif dans l'histoire de la Révolution libératrice, en dépit des effectifs réduits de moudjahidine et leurs faibles. munitions".

"La tactique élaborée par les moudjahidine et leur cohésion ont fait essuyer à l'armée de colonisation française une défaite humiliante et permis d'internationaliser la cause algérienne", ont-ils souligné.

Pour l'enseignant Abdelouahab Chellali, "le transfert tactique du centre de commandement de la première zone militaire de Khenchela à Oued Hellal (Tébessa), suite à l'arrestation du chef militaire, héros de la Révolution Mustapha Benboulaïd a permis le rapprochement des chefs militaires des moudjahidines en base, la diversification des tactiques militaires et l'atténuation de la pression exercée sur les moudjahidines dans le Nord-constantinois après l'offensive du 20 août 1955".

De son côté, l'enseignant Farid Nasrallah a indiqué que « les chefs de la Révolution dans la première zone militaire, à leur tête Bachir Chihani, Abbas Laghrour, Adjel Adjoul, El Ouardi Guettal et Farhi Saï, ont planifié cette bataille dix mois après le déclenchement de la Révolution afin que la question algérienne prenne une dimension internationale".

Pour sa part, l'historien Djoudi Bekhouche est revenu sur la réunion de Ras Tarfa, ayant regroupé la majorité des chefs de la première zone militaire et les notables de la région sous le commandement de Bachir Chihani, qui avait prononcé, à l'occasion , un discours éloquent sur la libération du pays, qui exigeait des sacrifices et une mobilisation populaire sous l'étendard de l'Armée de libération nationale (ALN) et du Front de libération nationale (FLN).

L'enseignante universitaire Maha Aïssaoui a affirmé, pour sa part, que "cette bataille a été minutieusement planifiée et préparée", s'appuyant sur "la participation de la majorité des chefs de la première zone militaire et sur la grande mobilisation ayant permis de briser l'arrogance militaire du colonisateur français".

Selon les études historiques, 400 moudjahidines se sont opposés, huit jours durant, à plus de 40.000 soldats français. L'armée d'occupation a essuyé lors de la bataille d'importantes pertes humaines et logistiques, avec 700 soldats français tués, plusieurs avions de combat et un nombre important de véhicules militaires et chars détruits, tandis que 170 moudjahidines sont tombés en martyr. 

Le secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des Moudjahidine (ONM), Mohamed Cherif Douaifia, a estimé, quant à lui, que la grande bataille d'El-Djorf a été un échec douloureux pour l'armée d'occupation et une victoire. historique pour les révolutionnaires de l'Armée de libération nationale.

Cette bataille a été un tournant décisif pour la Révolution algérienne, car elle a permis l'inscription de la question algérienne à l'ordre du jour de la 10ème session de l'Assemblée générale de l'Organisation des nations unies (ONU) le 30 septembre 1955, lui vaillant un soutien international".   

           Tébessa commémore le 69ème anniversaire de la grande bataille du Djebel El Djorf

 

La famille révolutionnaire dans la wilaya de Tébessa a commémoré samedi le 69ème anniversaire de la grande bataille du Djebel El Djorf (22-29 septembre 1955) par une cérémonie de recueillement à la mémoire des martyrs sur le site de cette bataille dans la commune de Stah Guentis, en présence du wali, Saïd Khalil, des autorités locales et d'un grand nombre de moudjahidine et des habitants de la région.

Dans son allocution en cette occasion marquée aussi par une cérémonie de recueillement à la mémoire des chouhada, le secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohamed Cherif Dhouaïfia, a souligné que " cette bataille qui constitue une épopée nationale et un épisode important de l'histoire de la glorieuse Révolution a été engagée par les plus grands chefs de l'Armée de libération nationale (ALN), dans la première zone militaire donnant aux forces coloniales françaises une leçon inoubliable en dépit de leur effectifs réduits et de leurs sous-armement".

Il a également ajouté que "la grande victoire a été de soutenir la question algérienne sur le plan mondial par son internationalisation et admission à l'ordre du jour de la conférence de Bandung (Indonésie 1955) en plus du renforcement du moral des moudjahidine révolutionnaires dans les maquis". Dans le même contexte, le wali de Tébessa a inauguré dans la commune d'El Mezeraa le cimetière des martyrs de " Fayd El Mehri " après sa réhabilitation et a présidé la baptisation du nom du " Djebel Argo " du lycée de la même collectivité locale.