Syrie : Les Kurdes tentent de repousser Daech, la coalition cherche à imposer des zones tampons dans le nord

Publié par DK News le 06-10-2014, 17h18 | 43

Les forces kurdes continuaient lundi à défendre la ville de Kobane dans le kurdistan syrien, cernée par l'organisation autoproclamée Etat islamique (Daech), qui gagne du terrain jour après jour alors que les americains cherchent à imposer des zones tampons à long terme en Syrie.Après trois semaines d'offensive, les troupes kurdes tentent toujours et désespérement de repousser les attaques lancées par Daech contre la ville syrienne de Kobané.

Les combattants kurdes ont repoussé un assaut nocturne lancé par l'Etat islamique à l'est et à l'ouest de la ville après de violents combats ayant fait 19 morts côté kurde et 27 parmi les hommes de Daech, a rapporté lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Selon cette ONG syrienne, les hommes de Daech veulent conquérir cette ville clé pour s'assurer le contrôle sans discontinuité d'une longue bande de territoire à la frontière syro-turque. Dimanche, une jeune combattante kurde a mené un attentat suicide contre une position de Daech à l'est de la ville, qui a fait «des morts», selon l'OSDH.

Cette attaque inédite depuis le début de la bataille de Kobané le 16 septembre, avait été perpétrée par «une combattante des combattants des Unités de protection du peuple (YPG), qui s'est fait exploser en présence d'un groupe» de Daech.

Ce responsable, Idris Nahsen, a fait état de «violents combats et de bombardements intenses de la part des éléments de Daech sur Kobané, auxquels les combattants des PYG ont riposté avec force» dans la nuit.

Pas assez de frappes aériennes dans la région de Kobané

L'offensive de l'organisation Daech dans cette région a fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie, ce pays surveille de près la situation, notamment en raison des obus tirés de Syrie qui atteignent son territoire depuis une semaine.

Les éléments de Daech sont «à certains endroits à un kilomètre de la ville et à deux ou trois kilomètres à d'autres endroits», a déclaré dimanche un responsable kurde syrien, au lendemain de la prise par l'EI d'un pan de la colline de Machtanour, au sud-est de Kobané (Aïn el-Arab en arabe).

Les combatants kurdes et les rebelles syriens se plaignent de ne pas revecoir des Etats-Unis l'aide dont ils ont besoin. Première critique: pas assez de frappes aérienens dans la région de Kobane. En raison de lourdeurs administrativesavant d'obtenir l'autorisation de bombarder, il n'est pas possible de frapper dès que des véhicules ou des armes appartenant Daech sont repérés.

Deuxième critique des combattants kurdes syriens: le manque d'armes et de munitions. «Les frappes aériennes conduite parnord américano-arabe ces derniers jours ont freiné leur progression. Mais elles sont insuffisantes pour battre les terroristes au sol», regrette Idris Nahsen, le responsable kurde, qui réclame «des armes et des munitions» de la part des pays de la coalition.

Des experts et d'ex-responsables militaires américains ont également souligné que Kobané illustrait les limites d'une intervention exclusivement aérienne. En Syrie, «l'intervention américaine n'est pas vraiment bien coordonnée avec des forces sur le terrain, en partie à cause de la pléthore de groupes rebelles», a affirmé Seth Jones, un ancien conseiller militaire américain.

En Turquie, un nouveau obus est tombé lundi sur un commerce de Mursitpinar tandis que la zone frontalière avait été évacuée dimanche après la chute de l'un d'eux, d'origine indéterminée, qui a fait cinq blessés. En Irak, où Daech s'est également emparé de larges pans de territoire, les Etats-Unis ont mené dimanche six attaques contre des positions des hommes armés, selon le commandement américain chargé du Moyen-Orient (Centcom).

Des avions australiens, belges et néerlandais ont réalisé ces dernières heures leurs premières missions pour la coalition en Irak, selon les trois ministères de la Défense. Paris, qui participe aux frappes de la coalition en Irak, a annoncé son intention d'y «accentuer» le «rythme de patrouille» aérienne, mais a de nouveau exclu pour le moment toute frappe française en Syrie.

La coalition cherche a créer des zones tampons à long terme

Les Américains veulent créer des zones tampons dans les villes frontalières syriennes à long terme, en plus des zones d'exclusion aérienne qui pourraient servir de bases pour de nouvelles attaques contre le gouvernement syrien, selon Maher Murhej, président du Parti de la jeunesse.

Cité par des médias, il explique que «le plan des puissances occidentales est de restructurer la  guerre contre le gouvernement du président Bachar al-Assad en concentrant leurs frappes sur certaines positions du nord et du sud de la Syrie pour détruire les infrastructures dans ces régions et créer deux armées à partir des factions rebelles, l'une au nord et l'une au sud».

Pour cet analyste, «les caractéristiques de la stratégie internationale en Syrie sont devenues claires, car les villes frontalières du nord et du sud de la Syrie sont attaquées et les rebelles s'y repositionnent».

«Les rebelles sont en réalité dirigés vers les zones frontalières et nous assistons à leur retrait des campagnes autour de Damas», a poursuivi M. Murhej soulignant que «Les Etats-Unis ont envahi l'Irak en 2003 et détruit l'armée et les infrastructures du pays, et cela devrait nous inciter à nous méfier de la coalition américaine», souligne cet analyste.