Espagne : la moindre erreur "peut être fatale" pour le personnel soignant (OMS)

Publié par D le 08-10-2014, 16h51 | 42

Les personnels médicaux chargé de soigner les malades atteint d'Ebola font face à d'énormes risques dans la mesure où la moindre erreur "peut être fatale", a déclaré mardi à Genève le professeur Peter Piot qui préside un nouveau groupe chargé de coordonner le travail des scientifiques sur l'épidémie pour l'OMS.

"Il est très risqué de soigner les malades d'Ebola. La plus petite erreur peut être fatale", a expliqué l'ancien directeur exécutif du Programme de l'ONU contre le sida et professeur à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui s'exprimait sur le cas de l'infirmière espagnole infectée dans un hôpital de Madrid.

Le professeur affirme ne pas être étonné, puisque, dit-il, "même Médecins sans frontières (MSF) qui applique des mesures de sécurité draconienne a eu deux de ses employés infectés. Ce sont les risques liés à la profession médicale", ajoute le Pr. Piot, appelant les professionnels de la santé à suivre une discipline très stricte.

Il a indiqué qu'un moment particulièrement dangereux pour le personnel de santé est celui où il enlève son équipement spécial, après avoir soigné des patients dans un centre de traitement. Il est alors souvent en sueur, en raison de la chaleur, et peut s'essuyer avec la main."C'est le mauvais mouvement. Il faut être très discipliné et le cas de l'infirmière espagnole illustre la nécessité d'une discipline intense", a déclaré Peter Piot.

Le cas de cette infirmière contaminée suscite une vive polémique en Espagne, des experts évoquaient des "failles" dans la prise en charge des malades.Le professeur Piot, qui est un des découvreurs du virus Ebola, s'est montré rassurant. Les cas importés aux Etats-Unis et en Europe ne donneront pas naissance à une épidémie d'Ebola en dehors de l'Afrique de l'Ouest, a-t-il déclaré. Ces cas resteront isolés, selon lui.

Le groupe d'experts qui a tenu mardi sa première réunion à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) va s'efforcer de coordonner les recherches des scientifiques.Il suit aussi les bases scientifiques pour la mise au point de vaccins contre Ebola.

des experts suspectent des failles dans la prise en charge des malades

Des experts médicaux évoquaient mardi plusieurs failles dans le système de prise en charge des malades atteints d'Ebola, qui seraient à l'origine de la contamination d'une aide-soignante espagnole, le premier cas de contagion hors d'Afrique.

"Si des mesures de confinement appropriées avaient été prises, cela n'aurait pas dû se produire", relève Jonathan Ball, un professeur de virologie à l'Université britannique de Notthingham, cité par Science Media Centre,  agence spécialisée dans les sciences.

"Je suis très perplexe, car si toutes les précautions requises sont prises pour rompre la chaine de transmission, il ne devrait pas y avoir de risques", a déclaré l'infectiologue François Bricaire, ex-chef du service des maladies infectieuses dans un hôpital parisien.

Pour le Pr Ben Neuman, un autre expert britannique de l'Université de Reading, les enquêteurs vont devoir se pencher sur le traitement des déchets dans l'hôpital en question. Le gouvernement espagnol a annoncé lundi qu'une aide-soignante madrilène (40 ans) qui a soigné le missionnaire Manuel Garcia Viejo, décédé il y a neuf jours du virus Ebola dans un hôpital à Madrid, avait été contaminée par le virus.

Les autorités sanitaires espagnoles ont entamé mardi une course contre la montre pour identifier les contacts de cette première personne à avoir contracté le virus d'Ebola hors d'Afrique.Trois personnes supplémentaires étaient hospitalisées mardi à l'hôpital Carlos III :

le mari de l'aide-soignante, ainsi qu'une une infirmière et un ingénieur, de retour d'un voyage au Nigeria, selon les autorités de l'hôpital, ces deux derniers ne présentant cependant aucun symptôme.
Selon les dernières statistiques de l'Organisation mondiale de la santé, 216 soignants sont morts d'Ebola, depuis le début de l'épidémie actuelle qui a déjà fait près de 3.500 morts au total.