France : Enquête judiciaire sur une affaire de corruption impliquant le pouvoir de l'ancien président Nicolas Sarkozy

Publié par DK News le 08-10-2014, 17h04 | 46

La justice française enquête depuis mars 2012 sur des soupçons de commissions en marge d'un contrat de vente de 45 hélicoptères avec le Kazakhstan, conclu en 2010 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, a rapporté mardi le quotidien Le Monde.

Ce contrat de deux milliards d'euros porte sur l'achat de 45 hélicoptères fabriqués par Eurocopter (devenu Airbus Helicopters), précise le journal, relevant qu'il s'agit d'une affaire d'Etat susceptible d'impliquer le pouvoir de l'ancien président Nicolas Sarkozy.
Une source judiciaire citée mardi par l'AFP a confirmé qu'une information judiciaire avait été ouverte en mars 2013 pour "blanchiment en bande organisée et corruption active d'agents publics étrangers". Le Monde a rapporté mardi que deux juges d'instruction parisiens, saisis de faits de "blanchiment en bande organisée" "corruption d'agentes publis étrangers", "complicité et recel" de ces délits, explorent les dessous de contrats signés en 2010 entre la France et le Kazakhstan, pour près de deux milliards d'euros.

Ces marchés, comprenant la fabrication de 45 hélicoptères par Eurocopter (devenu Airbus Helicopters), sont susceptibles d'avoir donné lieu au versement en France de rétrocommissions. Jean-François Etienne des Rosaies, ancien conseillé de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, et Nathalie Gonzalez-Prado, ex-chargée de mission de Claude Guéant, alors secrétaire général de l'Elysée, ont été placés en garde à vue en septembre dans cette affaire. Des perquisitions ont été menées à leurs domiciles, selon Le Monde.

En effet, Nicolas Sarkozy est lui-même soupçonné d'avoir "fait pression" en 2011 sur le Sénat belge, à la demande du président kazakh Noursoultan Nazabaiev, afin d'"adoucir" le sort judiciaire de trois hommes d'affaires d'origine kazakhe, poursuivis en Belgique... et de permettre la conclusion de ces mirifiques contrats.

Deux intermédiaires et une avocate niçoise, Me Degoul, proche de l'Elysée en 2010, ont été mis en examen en septembre dans ce dossier, suspecté d'avoir permis le versement d'importantes rétro commissions, selon le journal. Pour la justice française, le dossier a débuté réellement au printemps 2012. 

Le 4 avril, à quelques semaines de l’élection présidentielle, Tracfin, l'organisme anti blanchiment du ministère des Finances, a signalé au parquet de Paris des mouvements de fonds suspects --plus de 300 000 euros-- sur les comptes de Jean François-Etienne des Rosaies.

Le parquet ouvre immédiatement une enquête préliminaire visant cet homme de 72 ans, chargé de mission au cabinet de M. Sarkozy, à la présidence de la République entre 2007 et 2010. En mars 2013, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire. La justice va établir que les mouvements de fonds détectés par Tracfin sont sans doute en lien avec la signature d’importants contrats commerciaux conclus, sous Nicols Sarkozy, par la France avec le Kazakhstan.

Second volet du dossier, les enquêteurs examinent les circonstances de la visite d'Etat de Sarkozy au Kazakhstan, le 6 octobre 2009, au cours de laquelle a été évoquée la signature des contrats. Cité par l'AFP, Airbus Hélicoptères a dénoncé "l'amalgame qui est fait entre cette enquête et la signature de contrats de fourniture d'hélicoptères EC145 au Kazakhstan".

"Airbus Helicopters tient néanmoins à affirmer que le projet EC145 développé pour le Kazakhstan a été et reste conduit de façon parfaitement légale et appropriée", a indiqué la société, précisant qu'à ce jour une vingtaine d'hélicoptères avaient été livrés.