La Bolivie organise des élections générales dans un contexte de relance économique

Publié par DK News le 12-10-2014, 15h53 | 38

Les électeurs boliviens se rendent dimanche aux urnes pour élire le président de l’Etat plurinational de Bolivie et renouveler le parlement, lors d'un scrutin général dont l'enjeu principal repose sur le succès économique, principal atout du président sortant Evo Morales favorisé par les sondages.

Ces élections devraient concrétiser le soutien massif dont jouit le président de gauche Evo Morales, présenté comme le grand favori par les sondages, en lui accordant un troisième mandat et la majorité absolue au parlement.

Les bureaux de vote ouvrent à 08h00 locales (12h00 GMT) et fermeront à 16h00 locales (20h00 GMT) pour les quelque 6 millions d'électeurs appelés à désigner le nouveau président et le vice-président et à renouvler le parlement, avec un Sénat de 36 membres et une Chambre des députés de 130 membres (le vote est obligatoire).

Pour la première fois, tous les Boliviens résidents à l’étranger pourront voter. Et pour la première fois également le principe de parité et d’alternance homme-femme sur les listes est appliqué , 52% des candidats sont des femmes.

Cinq personnalités aspirent à la présidence : Evo Morales, actuel président, au pouvoir depuis 2006, chef du MAS (Mouvement vers le socialisme) , SamuelDoria Medina, dirigeant de l’Unité démocratique (UD, centre-droit) , Juan del Granado, ancien maire de La Paz, leader du Mouvement sans peur (Movimiento sin miedo, social-démocrate) .

Jorge Quiroga Ramirez, du Parti démocrate-chrétien (PDC) , et Fernando Vargas, dirigeant de l’organisation Territoire indigène-Parc national Isiboro Secure (TIPNIS), candidat du parti Vert. Quelque 60 observateurs de 22 nationalités mandatés par l'Organisation des Etats américains (OEA) seront présents dans les diverses régions du pays.

"Nous nous attendons à un processus de vote normal et très participatif, la Bolivie a fait de grands progrès dans ce domaine ces 20 dernières années", a déclaré le chef de la mission de l'OEA, l'ancien président du Guatemala Alvaro Colom.

Pour être élu, un candidat doit obtenir la majorité absolue des voix au premier tour, ou un minimum de 40% des suffrages avec une différence de 10 points par rapport au candidat situé en deuxième position. En cas de ballotage, un second tour est prévu le 7 décembre.

Evo Morales, grand favori

Tous les sondages donnaient le président Evo Morales vainqueur dès le premier tour avec une différence, sur le candidat arrivé après lui, de plus de 40 points. Les sondages indiquent également que le parti du président Morales l’emporterait au Sénat et à l’Assemblée. Il pourrait compter, dans les deux Chambres, sur une majorité des deux tiers.

Arrivé au pouvoir en 2006 avec 54% des voix, Evo Morales et premier président amérindien de Bolivie, obtiendrait selon les sondages près de 60% des intentions de vote. Il a été triomphalement réélu en 2009 sur un score de 64%. Plus ancien président en exercice sur le continent, il devrait être reconduit dès le premier tour pour un mandat de cinq ans.

Son rival, Samuel Doria Medina de l'Union Démocratique (UD), magnat du ciment et du fast-food et déjà rival malheureux de M. Morales lors des deux dernières élections présidentielles, est crédité quant à lui de 18% des intentions de vote.

L'ex-président conservateur Jorge Quiroga (9%) arriverait en troisième position, devant le social-démocrate Juan del Granado (3%) et le candidat du Parti Vert Fernando Vargas (2%). Toutefois, selon les sondages, près de 20% de l'électorat s'est déclaré indécis ou a annoncé son intention de voter blanc.

Avec le contrôle du Congrès, les partis d'opposition ont exprimé leur "crainte que le président Morales ait les mains libres pour modifier la Constitution en vue de réélections répétées".

Le succès économique, le principal atout d’Evo Morales

Selon le Fonds monétaire international (FMI), la croissance a été en 2013 de 6,7%, et devrait être en 2014 de 7,2%, la plus élevée de toute l’Amérique latine. Ses réserves en devises sont parmi les plus importantes de la région. Plus d’un million de personnes (10% de la population) sont sorties de la pauvreté grâce aux programmes sociaux.

Le niveau de vie moyen a augmenté, le chômage a baissé, les progrès en matière d’éducation et de santé sont spectaculaires. Un ambitieux programme de constructions d’infrastructures (routes, ponts, tunnels) est en train de transformer la géographie torturée de ce pays montagneux.

La construction de deux lignes de téléphériques ultramodernes à La Paz témoignent de ce qui est accompli dans l’ensemble de la Bolivie et qui améliore les transports et la vie de milliers de personnes.
Ces aquis expliquent le soutien populaire à Evo Morales.

Même les oligarchies sécessionnistes de la région de Santa Cruz adhèrent désormais au programme de développement impulsé par le président.Et, impensable, les grands groupes médiatiques privés, qui avaient pris la tête de la campagne d’opposition au président, chantent maintenant les louanges à la stabilité du pays et à la forte croissance économique. La Bolivie s'inscrit dans la dynamique qu'on a vu emmerger en Amérique.

Latine depuis les années 2000, avec l'élection de gouvernements progressites (Vénézuela, Brésil, Equateur). Ces politiques gouvernementales ont misé sur d'importants investissements en matière d'infrastructures (transport).

Le bilan politique d'Evo Morales est lui aussi "incontestablement" positif.Le président bolivien a en effet contribué à renforcer la stabilité démocratique dans son pays, alors que celui-ci a connu de nombreuses convulsions politiques (coups d'Etat et dictatures) au cours de son histoire. Sous les deux mandats de Morales, le pays a connu une période de stabilité démocratique et institutionnelle nouvelle qui s'est incarnée dans une nouvelle constitution adoptée en 2010 redéfinissant les structures de l'Etat.

La Bolivie, (1.098.581 km2), enclavée entre le Brésil, le Paraguay, l'Argentine, le Chili et le Pérou, sans accès à la mer, est le pays d'Amérique latine à la plus forte proportion de population amérindienne et un des plus pauvres de la région malgré d'importantes réserves de gaz. Le pays compte 10,06 millions d'habitants (recensement 2012), avec une densité de 8,58 habitants au km2. 62% de la population est indigène.

Faisant partie de l'empire des Incas, la Bolivie devient possession espagnole au début du XVIe siècle. Indépendante depuis le 6 août 1825, elle se baptise Bolivie en l'honneur du libérateur Simon Bolivar. Ce pays qui a connu près de 200 coups d'Etat et tentatives de putsch depuis son indépendance,est une démocratie depuis 1982.