La prévention, parent pauvre de la médecine en Algérie

Publié par DK News le 25-10-2014, 15h39 | 76

La prévention reste le parent pauvre de la médecine, a déploré le docteur Fathi Benachenhou, ancien praticien à la santé de proximité, rappelant que la formation dispensée par les facultés de médecine faisait prévaloir l'aspect «curatif» au détriment du préventif.

Aprés avoir rappelé que le système sanitaire était parvenu, grâce à un programme de prévention, à éradiquer des maladies contagieuses très répandues après l'indépendance, le spécialiste a souhaité qu'un programme similaire soit mis en oeuvre pour combattre les maladies chroniques,appelées maladies du siècle.

Il a insisté, à ce propos, sur la «réactivation» des bureaux communaux d'hygiène et la refonte des systèmes de médecine et de restauration scolaires. «Une bonne prise en charge des élèves constitue une prévention pour les générations montantes», a-t-il soutenu. Il a également préconisé dans le même contexte le renforcement de l'éducation alimentaire pour prévenir la propagation du diabète, de l'hypertension artérielle et de l'obésité.

Des fast foods, tout autour des établissements scolaires

Il a, par ailleurs, déploré que les établissements scolaires et les universités soient entourés de fast-foods qui, souvent, ne respectent pas les règles d'hygiène incitant les parents à combattre cette nouvelle habitude culinaire et à s'impliquer davantage dans l'éducation sanitaire de leurs enfants.

Le Dr Benachenhou a souligné la nécessité de renforcer la formation dans la prévention sanitaire en luttant contre la publicité tentante et de «mettre en place une politique nationale préventive».

S'agissant de la durée réservée par les médecins au patient, l'interlocuteur a affirmé que la majorité des médecins «ne respectent pas la durée de consultation» prévue par la réglementation algérienne et les recommandations de l'OMS, soit «7 minutes au moins» pour consulter le malade. Il a appelé à la sensibilisation des médecins à la nécessité d'une formation continue pour actualiser leurs connaissances déplorant le comportement négatif de certains médecins envers les malades.

oncernant le rôle des associations des malades dans la société, le Dr Benachenhou a estimé que ces dernières naissaient souvent à l'initiative d'un malade souffrant de mauvaise prise en charge, appelant à la consolidation de leur rôle dans la défense des droits des malades et de leur participation dans l'élaboration des programmes nationaux de santé.

Par ailleurs, le président du syndicat nationale des officines, le Dr Fayçal Abed, a affirmé la nécessité d'impliquer tous les acteurs de la santé dans la prévention notamment le pharmacien qui est en contact direct avec le malade et joue, selon lui, un «rôle important» dans la sensibilisation du malade sur la prise de médicaments et l'orientation de ce dernier en cas de complications.

Il a en outre appelé au dépistage précoce des maladies lourdes à travers les moyens traditionnels non»coûteux» déplorant la privation des malades non assurés sociaux de soins et la «grande» difficulté qu'ils rencontrent à se procurer les médicaments.

Le Dr Fayçal Abed a insisté sur la nécessité d'accorder davantage d'intérêt à la prévention afin de faire face au lobbying des sociétés pharmaceutiques multinationales qui ont exploité le vide enregistré dans le domaine de formation continue pour dicter indirectement leurs conditions en matière de prescription de médicaments.