Moudjahida Oumdjilali Belhadj : «Fière d’avoir été la première à lire à Paris la déclaration d’indépendance de l’Algérie»

Publié par DK News le 28-10-2014, 19h17 | 195

La moudjahida Oumdjilali Belhadj a fait part, mardi à Batna, dans une déclaration à l’APS, de son «infinie fierté» d’avoir été la première à lire, au matin du 5 juillet 1962 à Paris (France), devant ses concitoyens, la déclaration d’indépendance de l’Algérie.

«Je ne peux décrire ma joie au moment de la lecture de cette déclaration dont j’ai passé toute la nuit à répéter le texte en arabe», affirme cette moudajhida, plus connue sous le nom de Leïla Mekki, rencontrée en marge des premières journées sur «l’Histoire de l’émigration» organisées depuis lundi à Batna.

Fatiguée par le poids de ses 89 ans et se déplaçant à l’aide de béquilles, cette ancienne militante de liaison évoque cette nuit avec beaucoup d’émotion.  «Des militants s’étaient présentés à mon domicile, à Paris, le mercredi 4 juillet 1962 pour me charger de faire lecture de la déclaration, le lendemain, en insistant pour que je le fasse en langue arabe».

«Bien que mon mari fût rédacteur à la publication +La voix du travailleur algérien+, j’eus toutes les peines du monde à retenir les mots», se souvient la vieille femme avant de confier, en riant : «en fait, je ne maitrisais alors ni l’arabe, ni le français».

Mme Belhadj raconte que ses efforts de mémorisation ont duré jusqu’à ce qu’elle soit gagnée par le sommeil. «A mon réveil, vers 3 h du matin, je me rendis compte que grâce à Dieu, que ma langue n’était plus du tout nouée et j’ai couru réveiller mon mari et mes filles.

C’étaient des moments inoubliables.» Lorsqu’elle finit la lecture de la déclaration, «les applaudissements, les youyous et les cris +El Djazaïr horra moustaqila+  (Algérie libre et indépendante) fusaient de partout», ajoute l’octogénaire avant de laisser ruisseler une larme à l’évocation des «nombreux militants et militantes côtoyés durant la guerre de libération, en Algérie, comme en France».

Faisant part de sa «profonde joie» de se retrouver pour la première fois dans les Aurès, Mme Belhadj indique avoir milité, dès l’âge de 18 ans, au sein de l’Organisation des femmes algériennes «seule organisation existante alors» et se souvient avec amertume avoir été «expulsée» de son propre pays, en 1956, et interdite d’y retourner pour avoir «dénoncé l’horreur des tortures subies par les détenus en Algérie, dont (son) mari».