La presse coloniale reflet des thèses colonialistes

Publié par DK News le 02-11-2014, 18h20 | 52

Les réactions des autorités coloniales prédéterminées par des mythes tels "l’Algérie c’est la France..." ont trouvé, au déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er novembre 1954, un écho dans la presse française de l’époque, prise de court par la simultanéité des opérations armées dans plusieurs régions d’Algérie.

Qu’elle fut de droite ou de gauche, cette presse allait alors refléter les positions officielles de l’Etat colonial, s’empresser de qualifier les nationalistes de "rebelles manipulés par des mains étrangères" et minimiser leur courage et leur détermination à remettre en cause un système construit sur  l’injustice et la violation du droit à l’autodétermination.

Commentant le déclenchement de la guerre de Libération nationale, le journal français  Le Monde  écrira dans ses colonnes le 3 novembre 1954, que les attaques  ne se sont accompagnées d’aucun mouvement de masse, d’émeute, de soulèvement et, se montrant rassurant, considère qu’"il faudrait donc admettre que l’on se trouve en face d’une organisation étrangère aux formations nationalistes".
Même son de cloche à la rédaction du journal L’Aurore du 5 novembre 1954, pour qui, "les exécutants sont armés et commandés de l’extérieur".

Interprétation tendancieuse


France Observateur, un hebdomadaire d’information de gauche, qui avait la réputation de plaider en faveur des mouvements d’indépendance ira pourtant plus loin dans l’interprétation tendancieuse du déclenchement de la guerre de Libération nationale.

Il laissera ainsi supposer le 5 novembre 1954, que les "provocateurs" auraient joué sur "l’exaspération des nationalistes extrémistes afin de briser toute évolution positive et faire déclencher la répression". Encore plus insidieux, le journal L’Humanité du Parti communiste français (PCF) se fera l’écho des déclarations du Gouverneur général de l’époque Roger Léonard qui prétendait le 10 novembre de la même année qu’"il suffit d’écouter les appels frénétiques de certaines radios étrangères et de connaitre les liens directs qui unissent les dirigeants de cette entreprise lointaine avec les groupements terroristes qui ont opéré en Algérie, pour connaitre la genèse d’un tel complot".

Cependant, le dénigrement de la justesse et de la légitimité du déclenchement de la guerre de libération nationale, n’atténuait pas pour autant l’inquiétude constante se reflétant à travers la presse de l’époque qui redoutait dans ces actions armées menées simultanément, les signes précurseurs d’une remise en cause de l’expansion coloniale établie sur l’injustice, l’expropriation, la tactique de la terre brûlée et que l’on croyait irréversible.

Le journal Le Monde évoquera ainsi le 4 novembre 1954, une "une véritable insurrection", relevant notamment que "les troubles qui se sont produits dans le massif des Aurès ont revêtu en revanche le caractère d’une véritable insurrection armée".

 Seule la lutte saurait reconquérir la souveraineté

La  dimension politique de ces actions qui allaient pourtant embraser toute l’Algérie et gagner l’adhésion le peuple algérien tout entier, convaincu que seule la lutte armée saurait reconquérir une souveraineté longtemps piétinée, fut sciemment occultée par l’occupant. Tous les titres de la presse coloniale stigmatisaient alors les nationalistes, les qualifiants, d’"aventuriers", de "hors-la-loi", pour diminuer la portée politique de leurs actions qui ne reflétaient rien d’autre que la volonté du peuple à arracher son indépendance.

S’érigeant en porte-drapeau du système colonial, cette presse limitera le déclenchement de la lutte armée à des "actions terroristes isolées" mettant en péril "les intérêts et l’intégrité" de la France. Une année plus tard, en 1955, les autorités coloniales constatent que la lutte armée prenait chaque jour plus d’ampleur et pour écraser l’insurrection, elles renforceront leurs effectifs  militaires en Algérie pour faire face à la détermination des combattants de l’Armée de libération nationale (ALN)

La presse se fera encore une fois l’écho de l’entêtement des autorités coloniales à étouffer la noblesse du combat libérateur engagé par la volonté populaire. Commentaires enflammés, prises de position radicales et polémiques sans fin allaient continuer à nourrir les colonnes des journaux, où se reflétaient le désarroi toujours plus grandissant d’un système colonial aux abois.