L'armement de l'ALN: D'un matériel limité à un approvisionnement organisé

Publié par DK News le 04-11-2014, 17h50 | 127

Le matériel de guerre modeste dont disposait l'Armée de libération nationale (ALN), au déclenchement de la guerre de libération nationale, le 1er novembre 1954, justifiait impérieusement la création d'un département d'armement et d'approvisionnement.

L'ALN avait ainsi en sa possession quelques armes héritées de la seconde guerre mondiale et d'autres fabriquées localement (pistolets, bombes, mines, fusils de chasse et armes blanches), outre celles récupérées lors d'embuscades dressées contre les forces coloniales françaises.

La création d'un département d'armement et d'approvisionnement était, alors, nécessaire. La représentation du Front de libération nationale (FLN) à l'étranger fut chargée d'acheter des armes et de les acheminer clandestinement vers le pays.

Dans le cadre de cette mission stratégique, Larbi Ben M'hidi et Mustapha Ben Boulaid seront dépêchés respectivement à l'ouest du pays et en Libye via la Tunisie, pour établir des contacts avec le réseau d'armement à l'étranger.

Le département d'armement et d'approvisionnement se chargeait de faire transférer les armes achetées ou obtenues grâce à des aides, par bateau, à partir d'Espagne ou du port d'Oran, ou par route vers les frontières est et ouest notamment au Sahara.

La stratégie d'armement consistait, selon les historiens et les moudjahidine, à collecter des armes et les remettre aux révolutionnaires au niveau des différents fronts internes. La collecte  ne se limitait pas aux armes obtenues grâce aux aides ou celles achetées à l'étranger, le FLN ayant élaboré un plan dans le cadre de la stratégie du Congrès de la Soummam qui avait souligné l'importance du financement et de l'armement.

Le congrès de la Soummam prévoyait l'approvisionnement en armes des wilayas I, II et III aux frontières est du pays, ainsi que des wilayas IV, V et VI aux frontières ouest. Des armes furent introduites par d'autres procédés notamment en les dissimulant chez les nomades qui se déplaçaient à les diiferentes régions.

Un réseau interne était en contact avec les réseaux à l'étranger pour l'acheminement en Algérie du matériel servant à la fabrication de bombes, ce qui a permis aux moudjahidine d'acquérir des engins explosifs pour l'exécution d'attentats dans les villes ou dans les lieux à forte concentration de colons.

Les autorités coloniales françaises s'étaient, alors, empressées de démanteler certains d'entres eux en précédant à l'arrestation de leurs chefs. Apres la création du GPRA, en septembre 1958, des armes commençaient à affluer de plusieurs régions du monde dont les pays socialistes et un ministère d'armement fut crée pour l'acquisition d'armes et leur introduction en Algérie. Des relations directes se sont établies entre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et d'autres gouvernements pour l'approvisionnement en armes.

M. Dahou Ould Kablia, président de l'Association des anciens du ministère de l'armement et des liaisons générales, a indiqué que cette démarche avait permis de trouver de nouvelles sources de financement grâce aux contrats conclus avec des pays comme la Bulgarie, la Russie et la Chine. Les chefs de la Révolution ont pu collecté prés de 8200 tonnes d'armes qui étaient à la disposition de l'Armée de libération nationale jusqu'à la période post-indépendante.

D'autres références attestent qu'au front Est, les armes passaient par Marsa Metrouh (Egypte) où se trouvaient des dizaines d'Algériens chargés de l'acheminement des armes vers une ferme en Libye d'où elles seront transportées vers Tunis puis Alger avant d'être acheminées directement par les frontières algéro-libyennes.

Pour les armes provenant du front ouest, elles arrivaient par mer et étaient acheminées par les frontières ouest. D'autres encore arrivaient par avion sous forme de colis. Le transport du matériel de guerre se faisait secrètement même par le biais des ministres du gouvernement provisoire.

Après le renforcement du contrôle sur les frontières est et ouest, le FLN aura recours à d'autres moyens en acheminant les armes à Alger et Oran par route à bord de véhicules, de bus et dans des tonneaux d'huile.

Des moudjahiddines racontent que le FLN avait implanté notamment à Oujda et Nador (Maroc) des usines de fabrication d'armes, une expérience pionnière vu la conjoncture difficile de l'époque. L'objectif d'une telle démarche était d'«arrêter l'approvisionnement très coûteux, à partir de l'extérieur et d'éviter les pressions politiques qui en découlaient».

Les armes étaient acheminées vers la wilaya 5 et livrées aux troupes de l'ALN dont le matériel de guerre était loin d'égaler la grosse artillerie de l'armée française qui était l'une des plus grandes forces de l'OTAN à l'époque.