Il y a 350 ans, les Jijeliens chassaient le duc de Beaufort et ses troupes d’Algérie

Publié par DK News le 08-11-2014, 18h16 | 60

Le 350ème anniversaire de la défaite du duc de Beaufort, qui avait tenté en 1664, à la tête d’un corps expéditionnaire français, d’occuper la ville de Jijel, a été célébré samedi lors d’une conférence organisée au centre culturel islamique Ahmed-Hamani.

L’association ‘‘Gloire à l’histoire et au patrimoine’’ de la wilaya de Jijel a choisi cette date, qui coïncide avec la double commémoration du 60ème anniversaire du déclenchement de la Révolution et de la mort du Chahid commandant Rouibah Hocine, ancien commissaire politique de la wilaya II historique, pour rappeler la résistance héroïque des populations de cette région côtière du pays devant ce débarquement décidé par Louis IV pour établir une base navale permanente.

Cette conférence qi a réuni des intellectuels, des étudiants, des lycéens et de nombreux citoyens, a permis au conférencier Abdellatif Sofiane, de l’université d’Oran, de revenir sur la «longue résistance des populations de Jijel face à la colonisation française».

Au cours de ce flash-back, l’historien s’est attardé sur les différentes civilisations qui ont foulé le sol de cette région septentrionale dont l’histoire est bimillénaire.

Les résistances toujours «farouches» qui ont eu pour ce théâtre ce territoire ont été également passées au peigne fin par l’orateur qui s’est appuyé sur plusieurs sources historiques.

Il a notamment rappelé que l’antique Igilgili a subi, en 1664, une attaque de grande envergure déclenchée par le roi Louis XIV sous la pression d’un de ses ministres, en l’occurrence Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), surtout intéressé par les routes de ses compagnies commerciales d'Afrique.

Un puissant corps expéditionnaire commandé par François de Bourbon-Vendôme, 2ème duc de Beaufort, fut débarqué à Jijel par l'amiral Duquesne, le 23 juillet 1664, près du lieu-dit Sidi-Amar.
Cette occupation n’a eu qu’une durée éphémère grâce à la forte résistance des populations locales.

Après trois mois d'escarmouches, le corps expéditionnaire est défait le 31 octobre 1664 par les habitants, assistés des janissaires du dey d'Alger, arrivés tardivement sur les lieux.

Après cette cinglante défaite et le retour précipité en France de ce qui resta du corps expéditionnaire, la ville de Toulon, frappée par la peste, n’a pu accueillir les rescapés de la marine royale, expédiés par la suite en quarantaine vers les villes avoisinantes.

En fait, a assuré le conférencier, le prétexte de cette maladie n’était qu’une manière de détourner l’attention des populations sur la cuisante défaite essuyée à Jijel par les troupes françaises.
Chargé d’hommes et en mauvais état, un des navires, nommé ‘‘La lune’’, s’est brisé en deux et coulé avec ses hommes à l'extrémité de la rade de Toulon.
L’épave du bateau, remarquablement conservée, sera retrouvée en 1993, par hasard, au large de cette ville du sud de la France.Le conférencier a estimé que la prise de Jijel, avortée grâce aux populations locales et aux renforts envoyés d’Alger par l’Agha Chaâbane, était un prélude et le point de départ de la colonisation de toute l’Algérie.

Ironie du sort, destins croisés ou coïncidence du cours de l’histoire? Jijel est attaquée en juillet et libérée le 1er novembre 1664, alors que près de trois siècles plus tard, l’Algérie lançait sa guerre de libération le 1er novembre 1954 pour arracher son indépendance le 5 juillet 1962, a relevé M. Sofiane.

Le Pr. Abdelatif Sofiane a insisté, avant de conclure sa communication, sur «la nécessité d’écrire l’histoire du pays pour ne pas dépendre uniquement d’ouvrages, d’écrits, de preuves ou de sources provenant de l’autre côté de la méditerranée’’.

Ces sources, a-t-il estimé, sont généralement des «prismes déformants» de la réalité de la bravoure d’un peuple qui a «toujours su et pu s’opposer farouchement à des tentatives ou des campagnes d’occupation de son sol».