19e Sila/conférence : deux entités différentes apparues après les révoltes dans des pays arabes

Publié par DK News le 09-11-2014, 15h31 | 45

 Les révoltes et les contestations populaires qui secouent des pays arabes depuis quatre ans ont généré deux entités différentes, une région à l'est qui "s'effondre de plus en plus, et une autre à l'ouest, où un modèle démocratique semble émerger", a estimé samedi à Alger Gilles kepel, professeur des universités à l'institut d'études politiques de Paris.

"Aujourd'hui, quatre ans après le déclenchement des révolutions arabes, deux grandes entités différentes sont apparues, une région qui s'étend de la Libye jusqu'à la Syrie qui s'effondre de plus en plus, et une autre à l'ouest", a déclaré M. Kepel, lors d'une conférence au 19e Salon international du livre d'Alger (Sila).

"Le processus d'une révolution n'est pas linéaire, il se transforme avec le temps et les circonstances", a estimé M. Kepel, spécialiste en sociologie et étude politique de l'Islam et du monde arabe, ajoutant que "ces différentes révolutions ont connu différents ordres et différentes conséquences".

La Tunisie, qui a organisé des élections législatives le 26 octobre dernier, et prévoit des élections présidentielles le 23 novembre prochain, souligne M. Kepel, "est actuellement l'exception", parmi ces pays qui ont connu des soulèvements populaires.

"Une dimension heureuse, où une alternance démocratique est dans l'ordre, et un modèle démocratique qui semble émerger", a-t-il soutenu.A l'ouest de la Libye, "les sociétés de l'Afrique du Nord sont plus homogènes, le facteur de l'homogénéisation de la population l'a emporté", a-t-il signalé.

Concernant la deuxième entité, M. Kepel a indiqué que "l'antagonisme confessionnel, chiite-sunnite, dans certaines régions à l'est de la Libye, (Irak, Syrie, Yémen et le Liban), a réduit l'espoir d'une transition démocratique, où de nombreuses milices armées sont apparues".

Ces régions connaissent "des conflits meurtriers, et les structures de l'état s'effondrent de plus en plus", a-t-il déploré. Il a souligné que dans certains pays de la péninsule arabique, "il y'a une intervention des pays étrangers, contrairement à la Tunisie, et l'Egypte, et la question reste posée, si c'est positif où négatif, cette intervention pour réussir la transition et satisfaire la volonté populaire", s'est-il interrogé.

Pour M. Kepel, les enjeux géopolitiques ont aussi "pris en otage la révolution dans la péninsule arabique, région riche en pétrole", citant "le cas du Bahreïn". Pour conclure, le conférencier a estimé que la coopération entre l'Europe et les pays de ces régions devrait être renforcée, disant qu'il faut "aller de l'avant".