Libye: Poursuite des efforts de l'ONU pour lancer le dialogue dans un climat de crise profonde

Publié par DK News le 13-11-2014, 17h05 | 20

L'ONU poursuit ses efforts pour rapprocher les parties antagonistes et lancer un dialogue national en Libye, où la crise politique et institutionnelle s'est aggravée ses derniers jour suite à la décision de la Cour constitutionnelle d'invalider le Parlement.

Dans le cadre de ses efforts pour discuter de la convocation éventuelle d'un dialogue inclusif, le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Bernardino Leon, a multiplié, depuis dimanche, les contacts avec les dirigeants du gouvernement d'Abdallah al-Theni et du Parlement, reconnus par la communauté internationale et qui siègent à un millier de km à l'est de Tripoli.

Début novembre, des pourparlers sous la médiation de l'ONU entre le Parlement et les personnalités de l'opposition ont été entamés dans la ville frontalière de Ghadamès. Mardi, M. Leon, également chef de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil), s'est rendu à Tripoli, où il a rencontré Nouri Abou Sahmein, chef du Congrès général national (CGN), l'ancien Parlement qui a récemment repris du service sous l'impulsion d'une coalition de milices.

Abondant dans le même sens des efforts de l'ONU visant un règlement pacifique de la crise libyenne, le ministre des Affaires étrangères, M. Ramtane Lamamra, a affirmé que «les efforts algériens à l'égard de la crise libyenne se poursuivent», précisant qu'«il y a une coordination avec les Nations unies».

Par ailleurs, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Karti, a entamé lundi une visite officielle en Libye pour tenter de rapprocher les positions des protagonistes libyens.

Un verdict de la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême invalidant le nouveau Parlement, issu des élections du 25 juin et qui est reconnu par la communauté internationale, a accentué la crise politique et sécuritaire qui secoue le pays depuis plus de trois ans.

Les portes ouvertes au dialogue

Le Premier ministre libyen Abdellah al-Theni avait déclaré fin octobre depuis Khartoum, la capitale soudanaise, qu'il était prêt à engager un dialogue avec les milices antigouvernementales, afin de régler la crise dans ce pays «à condition qu'il y'ait des concessions de la part de toutes les parties».

Il avait répété à plusieurs reprises que qu'il était prêt au dialogue «à condition que les milices antigouvernementales livrent leurs armes».

Le ministre libyen des Affaires étrangères, Mohamed Dayri, a lui indiqué dans une interview à l'hebdomadaire Jeune Afrique publiée à quelques jours avant la décision de la Cours constitutionnelle d'invalider le Parlement, que les portes du dialogue sont ouvertes «à toutes les forces et tous le hommes de bonne volonté, sans exclusive».

M. Dayri a souligné que «les islamistes ont leur place dans la nouvelle Libye, mais sur la base d'un engagement réel à construire un Etat de droit, ce qui suppose notamment le respect de l'autorité de l'armée et de la police nationale», affirmant: «ces principes pas négociable».

Sur une question concernant l'inclusion des «Gueddafistes» dans le dialogue, M. Dayri a précisé que «tous les Libyens qui n'ont pas de sang sur les mains et qui n'ont pas volé sont les bienvenus chez eux».

Depuis la chute de l'ancien de régime de Maamar El-Gueddafi en 2011 à l'issue d'un conflit de huit mois, les différentes milices l'ayant combattu imposent leurs lois dans le pays plongé depuis dans le chaos.

Parlement et gouvernement visés par les violences

Deux explosions se sont produites jeudi près des ambassades fermées d'Egypte et des Emirats arabes unis dans la capitale libyenne Tripoli contrôlée par des milices, sans faire de victimes ni de dégâts importants, selon des sources sécuritaires.

L'Egypte et les Emirats font partie des pays qui ont retiré une partie au moins de leur personnel diplomatique de Tripoli depuis les combats qui ont opposé cet été plusieurs milices rivales pour le contrôle de la capitale libyenne.

Ces explosions surviennent au lendemain d'une série d'attentats essentiellement dans des villes sous contrôle du gouvernement. Mercredi, six personnes ont trouvé la mort dans une série d'attentats dans l'est notamment dans la ville de Torbouk, où siège momentanément le Parlement élu.

Et à Benghazi, une valise remplie de larges quantités de TNT a explosé dans le centre-ville, faisant d'importants dégâts matériels. Dimanche, un double attentat à la voiture piégée a été commis près du nouveau siège du gouvernement à Chahat, à 1.230 km à l'est de Tripoli, alors que le Premier ministre Abdallah al-Theni rencontrait le chef de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil), Bernardino Leon.

Depuis fin août, une coalition de milices contrôlent Tripoli et une grande partie de l'ouest libyen après en avoir chassé ses rivaux au terme de combats meurtriers. Le gouvernement et le Parlement reconnus par la communauté internationale ont fui la capitale et siègent dans des régions de l'est du pays.