
Des troupes de l'armée du Soudan du Sud ont tenté d'entrer par la force dans un camp de réfugiés des Nations Unies abritant des milliers de civils après avoir repris samedi le contrôle de la ville stratégique de Bor, a annoncé dimanche un porte-parole de l'ONU.
De hauts responsables du gouvernement et des troupes du Soudan du Sud ont menacé le personnel des Nations Unies sur place en tentant de s'introduire dans le camp à Bor, a précisé Martin Nesirky dans un communiqué. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon «a manifesté aujourd'hui son inquiétude après la tentative de dirigeants et de l'armée du Soudan du Sud de forcer l'entrée de ce site civil protégé», a dit M. Nesirky.
Bor a été tour à tour perdu et repris par les forces gouvernementales lors du conflit actuel entre les troupes du Président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar, le gouvernement du Soudan du Sud ayant annoncé samedi avoir repris la ville. «Le secrétaire général condamne les menaces contre les membres du personnel de l'ONU et demande que toutes les parties au conflit respectent l'inviolabilité des camps de réfugiés de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud (UNMISS)».
L'UNMISS a déclaré être confrontée à des menaces grandissantes des deux parties alors qu'elle abrite des dizaines de milliers de civils dans des camps de réfugiés à travers le pays, a encore dit M. Nesirky.
Des réfugiés sud-soudanais accueillis
Le Soudan a commencé dimanche à accueillir des réfugiés sud-soudanais qui ont fui les violences et les combats qui font rage dans leurs pays depuis la mi-décembre, et qui attendaient au poste de Joda pour pouvoir franchir la frontière, rapportent des média locaux.
Des responsables de l'Etat du Nil-Blanc (Soudan), cités par l'AFP, ont «confirmé que 1.500 réfugiés du Soudan du Sud ont été emmenés en territoire soudanais à travers la frontière à Joda», a indiqué le Centre soudanais des médias (CSM), proche des services de sécurité.
Des centaines de Sud-Soudanais étaient bloqués à la frontière à Joda vendredi et samedi. Ils n'avaient pas été autorisés à entrer au Soudan malgré les déclarations favorables en ce sens, début janvier, du président soudanais Omar el-Béchir, selon la même agence.
Quelque 10.000 Sud-Soudanais sont partis vers le Soudan, selon l'ONU, qui estime à 80.000 le nombre de personnes à avoir fui les combats entre forces gouvernementales et rebelles qui font rage au Soudan du Sud depuis plus d'un mois.
Selon Al-Tayeb Mohammed Abdullah, le président du comité de coordination des réfugiés de l'Etat du Nil-Blanc, les nouveaux arrivants ont reçu notamment des couvertures, de la nourriture et des ustensiles de cuisine. Le Soudan du Sud est ravagé depuis le 15 décembre par d'intenses affrontements armés sur fond de rivalité entre le président Salva Kiir et un son ex-vice président Machar, limogé en juillet. Le premier a accusé le second et ses alliés de tentative de coup d'Etat. Riek Machar dément, disant que Salva Kiir «cherche à éliminer ses rivaux».
Les combats qui ravagent depuis le 15 décembre le jeune Soudan du Sud, indépendant du Soudan depuis seulement juillet 2011, ont déjà fait plus de 450.000 déplacés, affirme l'ONU.