10ème anniversaire du navigateur Firefox : Un pari réussi, des défis à relever !

Publié par Par Samy yacine le 16-11-2014, 16h15 | 51

Lancé il y a exactement 10 ans, le 9 novembre 2004, le navigateur Firefox de la fondation Mozilla a réussi un pari fou, celui de croiser le fer avec Microsoft. Mais comme beaucoup d’autres et notamment Microsoft, il est à  la croisée des chemins de l’internet mobile et des applications.

Dans le sillage de la disparition de l’ancêtre des navigateurs  Netscape, une jeune équipe de ‘’fous’’ est resté sur l’idée de trouver quelque chose pour, non seulement concurrencer Microsoft, mais surtout porter le combat sur de nouvelles valeurs de liberté et de partage sur internet.

C’est pratiquement sur les cendres de Netscape que le projet prend forme, avec le secret espoir de ces initiateurs de rallumer la flamme de l’innovation portée par une ‘’armée’’ de développeurs bénévoles.

Alors qu’il se fait graduellement laminer par Microsoft, il lance  un nouveau service web en open source Mozilla, qui s’appuie sur Netscape communicator et fait office de navigateur web, de support de communication et de programme éditeur de code. Mais le géant de l’époque AOL, ne tardera à racheter Netscape, pour la coquète somme de 4 milliards de dollars.

C’est pratiquement la descente aux enfers pour toute l’équipe, dont certains mordus qui, inscrits au chômage, ont continué à y croire et à se battre pour faire naître le produit. Tristan Nitot, l’un des premiers à y avoir travaillé explique ainsi les difficultés de cette époque, au site du quotidien français esechos.fr :

« Je me suis retrouvé dans des formations pour chômeurs à expliquer qu’on avait un projet pour concurrencer Microsoft et rendre Internet plus libre et plus ouvert. Tout le monde me disait bravo, mais tous pensaient aussi que je prenais des drogues ! ». La persévérance de la jeune équipe, soutenue par un réseau de bénévoles finira par payer, en raison d’un succès direct obtenu auprès du public  qui a commencé à venir sur les services de Firefox.

Cette réussite a également aidé été en quelque sorte indirectement suscitée par un manque de clairvoyance marketing de  Microsoft qui, comme le souligne le site numerama.com « après avoir atteint une part de marché monopolistique dans les années 2000, Microsoft s'est détourné de son navigateur. Entre 2001 et 2006, l'entreprise américaine n'a pas fait évoluer significativement son logiciel alors que le web était en pleine effervescence du fait de la démocratisation de l'accès à Internet et de la propagation du haut débit. »

Après avoir vécu d’expédients, et notamment vendu des tee shirts portant l’effigie du panda,  logo de la marque, les jeunes développeurs tombent sur le bon filon markéting puisqu‘ils décident de monnayer les audiences d’utilisateurs de plus en plus nombreux à venir sur le navigateur.

« Très vite, Firefox atteint plusieurs centaines de milliers de téléchargements et réintroduit de la concurrence sur le marché. Il trouve aussi son modèle économique un peu par hasard », rapporte le site lesechos.fr qui explique que, fort de ses scores de fréquentation, Firefox discute alors des contrats pour obtenir des contre parties financières de l’audience générée vers les services web de Google, Microsoft et son moteur de recherche Bing,  Yahoo et même Amazon.

Le site ajoute que grâce à « cette manne, la fondation se structure, s’implante à Londres et Berlin, mais aussi au Japon, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Chine... jusqu’à atteindre 1.200 personnes aujourd’hui, en plus du million de bénévoles qui développent, traduisent, aident les internautes... »

Le succès ne tarde pas à venir, et les défis aussi, dans la mesure où le marché des navigateurs web connaître une nouvelle configuration, notamment après l’avènement de l’internet et des terminaux mobiles.

Et sur ce terrain, Chrome, le moteur de recherche de Google effectue une remarquable montée en puissance, soutenu par la panoplie des services intégrés et complémentaires et une assise financière inégalée de la société mère.

A cela, Firefox doit également ajouter le fait qu’il dépend en grande partie des revenus que lui procure  son contrat de reversement d’audience qui le lie avec Google ; certains feront remarquer qu’il a été laborieusement reconduit en 2011 et qu’il arrive bientôt à échéance.

La diversification des sources de revenus reste donc un souci premier, d’autant que les pistes explorées pour l’heure, notamment l’insertion de publicités sur Firefox, ne semblent  pas cadrer avec la philosophie des fondateurs du service.

Sur un autre plan,  Firefox doit faire face à des contraintes de méthodes technologiques, puisqu’il  est tenu, depuis la version Firefox 4, sortie en 2011, de se mettre à jour quasiment en continu ; pour l’un de ses fondateurs, Tristan Nitot, il s’agit d’une véritable « prouesse puisque nous développons des versions Windows, Mac, Linux, Android, traduites dans 90 langues :

soit presque 360 versions à sortir toutes les six semaines », explique-t-il au site leschos.fr, ajoutant que   « Nous sommes sous tension, mais notre structure, à but non lucratif, nous permet de toujours défendre les mêmes valeurs. »

Et sur le terrain des valeurs, sur lequel Firefox est aux premières lignes, d’autres défis sont à relever, notamment avec le déploiement des codes de verrouillage pour la gestion des droits numériques, les fameux DRM (digital right management), et aussi la question de la surveillance des télécommunications et de  la liberté sur internet.