Al-Ghubrini, le bibliographe des savants de Béjaïa au centre d’un colloque international

Publié par Dknews le 19-11-2014, 19h36 | 43

Un colloque international, articulé autour du bibliographe des savants de Bejaia au moyen âge, Abu al Abbas Ahmed Al-Ghubrini (1246-1314) est organisé mercredi à Bejaia, en présence d’éminents spécialistes, (historiens, anthropologues, sciences religieusesà), d’universités algériennes et étrangères, notamment, de Tunisie, de France et des Etats-Unis.

L’objectif de la rencontre est de lever le voile sur la vie, le parcours et l’£uvre de cette figure emblématique du XIII siècle, connu pour son érudition, son activité intellectuelle et politique, mais qui doit essentiellement sa célébrité à un ouvrage référentiel, intitulé «Unwan ad-Diraya» (Symbole du savoir), dans lequel, il a répertorié et recensé les principaux hommes de science et religion qu’a connus Bejaia entre le VIIème et XIIIeme siècle.

L’ouvrage, tout en dressant un listing de 108 personnalités marquantes y apporte une foule d’information sur la cité, ses m£urs, ses pratiques et surtout l’activité intellectuelle qui y régnaient. Bejaia alors, était en effet, un pôle de savoir de premier ordre, accueillant des intellectuels d’horizons divers et de disciplines multiformes, allant des sciences religieuses et juridiques, aux mathématiques et l’astronomie, en passant par la médecine, l’architecture et la sociologie.

C’était un centre d’apprentissage mais aussi de confrontation d’idée universelles, à l’instar des «disputes» du sociologue ibérique Raymond Lulle avec les Oulémas, une référence dans le débat religieux entre les deux religions monothéistes.

Ibn Khaldoun, en tous cas, ne s’est pas trompé, en s’y inspirant et en évoquant les mérites et de l’ouvrage et de son auteur. Ce recueil, écrivit-il, (l’histoire des Berbères) «était destiné à mettre en relief la précellence, non pas d’un individu, mais d’une cité tout entière ûBejaia- à une époque déterminée, grâce aux mérites de ses lettrés et hommes de religion».

Dominique Urvoy de l’université de Toulouse (France), présent au colloque, n’en pense pas moins puisqu’il considère que les chroniques contenues dans «Unwan ad-Diraya» sont de nature à «permettre dans l’avenir à jeter un pont entre recherches sociologiques et recherches historiques».

Sept cents (700) ans après son édition, l’ouvrage en tous cas continue à polariser l’intérêt de beaucoup de chercheurs dans divers domaines, qui sans trouver des théories toutes faites y trouvent néanmoins matière à comprendre le contexte d’alors, grâce à une foison d’informations et de réflexions très pointues, a-t-il dit.

C’est que Al Ghubrini, réputé pour avoir été un jurisconsulte de grande compétence, ayant officié en qualité de «cadi des cadis», a été l’érudit exemplaire, une espèce de touche à tout, dont l’observation et le jugement étaient respecté de tous.

Cadi, ambassadeur à l’occasion, conseiller politique, exégète, philosophe, poète, Al Ghubrini avait plus d’une corde à son arc, que le colloque se propose de cerner, d’examiner ou d’exhumer.