La décision de l'Opep compromet l'expansion du schiste mais affecte les producteurs

Publié par DK News le 29-11-2014, 16h39 | 39

La décision de l'Opep de maintenir le plafond de sa production pour préserver ses parts de marché, compromet l'expansion du pétrole de schiste, met à mal les producteurs d'hydrocarbures dont les réserves de change dépendent fortement de leurs revenus pétroliers mais relève de 0,7% le Produit intérieur brut mondial, selon les analystes.

La décision de l'Opep, prise jeudi à l'issue d'une réunion à Vienne, a remis radicalement les choses en cause pour le marché pétrolier mondial, souligne la banque Barclays dans une note d'analyse. Elle va permettre à la hausse des stocks mondiaux de se poursuivre grâce à une augmentation de 1,49 million de barils/jour de la production des producteurs non-Opep.

La production de pétrole et de gaz liquide de schiste américaine a en effet explosé ces dernières années, imposant une nouvelle donne au marché mondial: les Etats-Unis se retrouvent maintenant concurrents directs de l'Arabie saoudite et de la Russie pour la place de premier producteur mondial d'hydrocarbures.

«L'Opep lance clairement le signal qu'elle ne portera pas toute seule le fardeau de l'ajustement du marché et cette décision place la responsabilité sur les épaules des autres producteurs, y compris Américains», affirme Barclays, en ajoutant «à vous de jouer l'Amérique!».

Le vice-président de l'Association des producteurs de pétrole indépendants américains (IPAA), Fred Lawrence, concède que les producteurs américains vont devoir baisser leur production face à la nouvelle situation sur le marché et que les nouveaux projets pourraient tomber à 200/300 au lieu des quelque 1.500 envisagés.

«Beaucoup de compagnies vont ajuster leur dépenses d'exploitation dans les deux prochaines semaines», prévoit-il. Les forages les plus coûteux vont être mis en veilleuse dans les régions de production de schiste comme le gisement Bakken dans le Dakota du Nord et celui de Tuscaloosa Trend en Louisiane.

Mais dans d'autre cas, comme celui du bassin Permian à cheval sur le Texas et le Nouveau-Mexique, les producteurs indépendants ont les reins financiers plus solides que ce qui est généralement admis. Beaucoup d'entre eux tirent aussi leurs ressources de la production de gaz naturel qui n'est pas concerné par les décisions de l'Opep. Les coûts de production baissent également en raison des progrès technologiques, souligne-t-il.

«C'est un défi qui va rendre nos producteurs encore plus solides», lance-t-il. La décision de l'Opep affecte néanmoins, les pays dont les ressources financières dépendent de leurs recettes pétrolières. Pour l'analyste de la banque HSBC, «c'est la moitié du monde émergent qui est concernée» par l'effet négatif de la baisse du prix du baril.

«Le Brésil a lourdement investi dans les infrastructures pétrolières» qu'il sera plus difficile d'amortir». Certains pays producteurs comme la Russie et le Venezuela vont vivre des moments difficiles.
«La vraie victime, aujourd'hui, c'est le Venezuela», estime Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque à Paris. Tous les signaux sont au rouge au Venezuela, déjà asphyxié financièrement et dont 96% des ressources en devises proviennent du pétrole.

Après la décision de leur maintien, le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé vendredi qu'il avait ordonné des coupes budgétaires dans son pays.La Russie, déjà accablée par les sanctions occidentales et les fuites de capitaux provoquées par la crise ukrainienne, voit sa monnaie tirée vers le bas par la chute vertigineuse des cours du pétrole, dont l'Etat russe tire la moitié de ses revenus.

Mais la baisse du prix du pétrole constitue un transfert de richesse des pays producteurs vers les pays consommateurs, à savoir les poids lourds de l'économie mondiale (Etats-Unis, zone euro, Japon, Chine).

Nick Kounis, économiste chez ABN Amro, évalue le coup de pouce aux pays importateurs à 0,7% du Produit intérieur brut mondial. Sur le long terme, le patron de Belaco Capital, prévoit un phénomène d'ajustement exactement inverse, c'est-à-dire un ralentissement des investissements dans les capacités nouvelles et puis une reprise de la demande grâce à des prix sensiblement moins élevés».