Conférence à Paris sur le fondateur de l’Etat moderne algérien: «L’Emir ou la force et la sagesse»

Publié par DK News le 24-01-2014, 17h30 | 219

«L’Emir ou la force et la sagesse» est le thème d’une conférence animée jeudi soir au Centre culturel algérien à Paris par Cheikh Muhammed Vâlsan, directeur de la revue Science sacrée et fils du métaphysicien roumain et auteur d'ouvrages et d'articles sur l'ésotérisme islamique, Cheikh Mustafâ 'Abd al-Azîz Vâlsan.

Pour le conférencier, en charge en Bourgogne de la Tariqa El Chadhilite, à la fondation de laquelle son défunt père avait concouru, l’émir algérien, en plus d’être un valeureux guerrier, était porteur de signes qui en faisaient son «originalité» en tant qu’homme politique d’abord, puis en tant qu’humaniste et soufi, adepte de la pensée Akbarienne (en référence à la Tariqa d’bn El Arabi). L’un des trois signes développés par l’orateur consiste en l’emblème confectionné par le fondateur de l’Etat moderne algérien, sur lequel était évidente une main où se révèle, selon lui, la Puissance de celui-ci qui est «l’Esprit de la Main» (Rûh al-Yad).

L’Emir devient, ainsi, celui qui œuvre par la Main de Dieu selon les termes d’une tradition sainte. «C’est au nom de cette main divine, qui n’est ni la droite, ni la gauche, que l’Emir est allé au secours de milliers de chrétiens menacés en 1860 d’extermination par des Druzes en Syrie», a rappelé l’orateur, pour qui l’apparition de cette main sur l’emblème blanc de l’Emir signifiait la puissance pour la protection de tout être sur terre, qu’il soit musulman, chrétien ou juif. 

Autre symbole de la puissance chez l’Emir, son sabre qu’il finit par remettre à Lamoricière lors de sa reddition. Cette épée, selon Cheikh Vâlsan, est l’autre signe distinctif de l’Emir algérien qu’il utilisait comme «prolongement de la main, mais aussi pour faire valoir la bonne parole», a-t-il soutenu. Le cheval est l’autre symbole de la puissance chez l’Emir, ajoute l’orateur selon qui le choix du noir comme couleur de sa monture avait un lien avec la Kaaba, dont les dorures sont en noir, au même titre d’ailleurs que la Hadjra souda, considérée elle aussi comme la «main de Dieu». 

Lors du débat, le Cheikh a été interpellé sur la reddition de l’Emir suivie de la remise de son sabre et de son cheval. Pour le conférencier, aujourd’hui apiculteur et propriétaire d’un Harras, une idée qui lui a été, dit-il, inspirée par la lecture de la biographie de l’Emir, ce dernier a dû remettre sa monture au Duc d’Aumale pour «bien enfourcher une autre». 

«Cette reddition marqua l’ouverture d’une autre phase de la vie de l’Emir, qui se consacrera désormais à la + la Guerre sainte majeure + (al-Jihâd al-akbar), ou au combat que l’on doit livrer contre soi-même (Jihâd al-nafs), a expliqué le Cheikh pour qui la différence entre l’Emir et le Maréchal Bugeaud contre qui il avait livré bataille, est que le premier «fait toujours recette» et que du second «il ne reste que la casquette».  «L’Emir est une icône mondiale qui a laissé une telle bonne image, malgré un conflit qui aurait dû en laisser une image ostracisée, vue que dans l’adversité.

Il a été le premier à initier le dialogue avec l’Occident», a répondu Cheikh Vâslan à l’APS à une question sur l’intérêt qu’il portait au cheminement tant temporel que spirituel de l’émir Abd El Kader.  Directeur de Science Sacrée, une revue qu’il a fondée en 2001 et consacrée aux études traditionnelles réservée à toutes les expressions de la tradition perpétuelle et unanime, Muhammad Vâlsan contribue par des études linguistiques et inter-artistiques, dans d’autres publications en France.