Les exploits du commando : Ali Guitoun

Publié par Par Amar Belkhodja (*) le 14-12-2014, 17h47 | 512

Quel est le douar qui a échappé aux bombardements ? Quelle est la ville qui n’a pas connu les bouclages, les fouilles nocturnes, les mises à sac ?

Contre notre peuple en révolte, la machine infernale de la répression fut mise en branle. La torture fut institutionnalisée, le meurtre collectif est quotidien. Sept ans et demi de lutte. Un million cinq cent mille martyrs. Un lourd tribut qu’accepta de payer le peuple Algérien pour arracher sa liberté que lui confisqua un colonisateur impitoyable.

Paysans et citadins avaient répondu en masse à l’appel du FLN. Ils avaient tous compris que la lutte allait être dure, longue, implacable. Leurs principales armes étaient la foi en la cause nationale. La bravoure dans le combat, l’esprit de sacrifice…

Des jeunes, beaucoup de jeunes, ont accepté de donner leur vie pour la patrie, la liberté. Sublime, ce peuple qui ne marchande pas le prix et le sacrifice qu’il fallait consentir. Sublimes ces familles algériennes qui donnèrent deux, trois quatre enfants au combat anticolonial. Et quand la guerre se termina, des djounoud issus d’une même famille ne rentrèrent pas chez eux.

Parcourez cet immense pays et frappez dans les demeures des mères de famille. Beaucoup d’entre elles vous répondront qu’elles ont offert ce qu’elles avaient de plus cher à la Révolution Algérienne. Beaucoup de mères ont eu deux, trois, parfois quatre martyrs.

Dans toutes les villes et dans les douars, il y a des frères martyrs

A Tiret, nous citerons les frères Kaidi, les frères Ait-Ameur Meziane Said et Amer. Ce dernier, ancien militant du PPA – MTLD, était membre de l’OS, puis membre de la fédération de France. Il rejoint le pays pour se battre.

Il périt alors qu’il tentait de traverser la barrage meurtrier de la frontière tunisienne. Les frères Saadi Ahcène et Abdelghani, les frères Benamar, Ahmed et Mohamed, les frères Besseghir  n’avaient pas 20 ans quant ils avaient décidé de rejoindre les rangs de l’ALN.

Guitoun Ali, grand de taille déserta l’armée française en 1956 alors qu’il se trouvait à Relizane. Ce grand garçon du quartier « Larmoud » était connu pour sa forte corpulence, sa gaieté et sa popularité.

Ce qui est exceptionnel chez ce jeune homme qui célébra ses 20 ans dans les maquis et qui allait prendre la tête du plus prestigieux commando de la zone IV dans la wilaya V, zone qui couvre les régions où l’on retrouve Relizane, Ammi-Moussa, Oued Rhiou et une partie de l’Ouarsenis.

Ali Guitoun, brave et courageux se révèle être un grand stratège dans la guérilla du djebel. Il est à la tête des combattants aguerris. Dans cette zone, les exploits de ce jeune chef et de son célèbre commando ne se comptent plus.

Tous les combats qu’il livre à l’armée française se terminent par des succès. Il n’existe pas une seule opération au terme de laquelle le commando Ali Guitoun ne récupère pas armement et tenues militaires. La zone VI est une contrée très peuplée notamment Ammi – Moussa qui se trouve au cœur de vastes massifs. Ici, l’armée française conduit la plus féroce des répressions.

Les noms des camps de concentration et de torture sont tristement célèbre. Ils sont aujourd’hui évoqués avec beaucoup d’émotions, tellement la torture et la mort étaient devenues le lot quotidien des habitants de la région suspects potentiels de l’armée française. Une armée mise en échec par un commando dont la réputation gagna une immense contrée.

Ali Guitoun était estimé des tous les djounoud qui composaient son commando. Ils lui vouaient beaucoup de respect et d’admiration. Dans tous les douars où il passait, Guitoun Ali suscitait la fièrté et l’admiration.

Une paysannerie fière de ce « grand gaillard », ce garçon de 20 ans qui donna du fil à retordre à l’armée française Ali Guitoun, périra dans le combat, en 1959, dans la région de Ammi – Moussa. De 1956 à 1959, son commando avait remporté d’éclatants succès sur l’ennemi, plus fort en hommes et en matériel de guerre.

L’ALN perdra en cet homme, un grand héros, un grand guerrier, infatigable dans le combat, et intelligent dans ses actions. La paysannerie pleura Ali Guitoun. Tout lemonde l’aimait. Pour l’ALN, le coup était dur. Un cadre d’une grande valeur venait de disparaitre.

Les plus belles pages de notre guerre de libération sont encore blanches, vides et méritent au plus haut point d’être comblées. Jusque là on ne connaît que des bribes sur les grands exploits du commando Ali Guitoun.

Nous avons grand tort de rester muets. Par cette attitude, nous commettrons un grave préjudice à l’encontre de la mémoire populaire qui commence à s’effriter avec la disparition des témoins et des acteurs de l’une des plus grandes épopées de notre lutte de libération Nationale.