Oran :Le CRA lance une action de solidarité en direction des SDF

Publié par DK News le 21-12-2014, 17h01 | 53

La journée internationale de l’Humanité, coïncidant avec le 20 décembre de chaque année, a été l’occasion pour le Croissant Rouge Algérien (CRA) de mener, dans la soirée de samedi, une opération de solidarité en direction des personnes sans domicile fixe (SDF) de la ville d’Oran.

L’opération, dite de secours, a consisté à offrir aux SDF des repas chauds, ainsi que des couvertures et des vêtements pour les prémunir du froid en ce début d’hiver glacial. «Nous avons voulu, cette année, marquer la journée internationale de l’Humanité en initiant une action à l’adresse des SDF d’Oran car, c’est une couche de la population très vulnérable, sans toit et sans ressources, en leur offrant tout d’abord un réconfort moral et en leur disant que nous pensons à eux et que leur situation nous interpelle», a indiqué à l’APS Belmoussa Larbi, président du CRA de la wilaya d’Oran.

L’opération a eu lieu, entre 18 heures et 20h45, en collaboration avec les services de la Sûreté de la wilaya et de la Protection civile. Mais les préparatifs ont commencé bien avant au siège du CRA, sis au boulevard de l’ALN (front de mer). La préparation des repas a été entamée au siège même du CRA par des bénévoles, dès la fin de la matinée.

Au fur et à mesure que l’heure avançait, une activité intense régnait au siège du CRA devenu une véritable ruche. Les bénévoles s’activent avec chacun une tâche prédéfinie. Certains, notamment des femmes, préparent les repas et d’autres répartissent les rations. D’autres encore emballent les couvertures et les vêtements chauds qui seront distribués aux SDF.

Les bénévoles sont tous rodés à ce genre d’opération, chacun sachantce qu’il doit faire. La «machine» est bien huilée. Et les profiles de ces bénévoles sont nombreux : des enseignants, des agents d’administrations, des étudiants et même des chômeurs, et de tous les âges. Vers 18 heures, un briefing a lieu au bureau du président du CRA, réunissant tous les bénévoles, ainsi que les représentants de la sûreté et de la protection civile, pour arrêter l’itinéraire et les points de distribution définitifs. Quelques minutes plus tard, il fait déjà nuit et le cortège s’ébranle en direction du premier point, non loin du centre de rééducation, sis à M’dina Djedida où des SDF, une douzaine environ, ont élu domicile.

Les SDF sont à peine visibles. L’endroit est relativement obscur. Au début, ils sont impressionnés par les gyrophares des véhicules de police et de la protection civile et tentent, autant que faire se peut, de se dissimuler aux regards derrière les nombreux arbres sur le large trottoir qui jouxte la maison d’arrêt, puis peu à peu sortent de l’ombre en réalisant que des bénévoles du CRA sont venus leur offrir des repas, des vêtements et des couvertures.

Quelques sourires illuminent quelques visages. Un repas chaud en cette nuit froide est le bienvenu et réconfortant, et un mot de gentillesse tout autant. Des petites disputes éclatent cependant entre les SDF concernant les couvertures. Chacun veut être servi le premier. Quelques minutes plus tard, tout rentre dans l’ordre.

Curieusement, les SDF sont très peu loquaces. C’est à peine s’ils consentent à «dévoiler» leur âge et leurs wilayas d’origine. Sur les raisons de leur déchéance, motus. «El hamdou lillah, merci, Dieu vous récompensera» : c’est à peu près tout ce qu’on peut en tirer. Mais tous sont unanimes sur un point : ils voudraient bien passer les nuits d’hiver dans un centre, bien au chaud, mais refusent cependant d’y rester 24 heures durant. «La nuit, c’est suffisant, le jour nous nous débrouillons».

Le président du CRA d’Oran profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités de la wilaya pour ouvrir un centre pour les SDF qui puisse les accueillir au moins durant les longues et froides nuits d’hiver.
Il est 18h45 : le cortège reprend son périple à travers la ville d’Oran et se dirige vers le quartier Oussama (ex Boulanger), puis vers le boulevard Mascara et le centre ville, notamment à la rue Larbi Ben M’hidi où l’on compte, sous les arcades, un certain nombre de SDF.

Des hommes et des femmes de tous âges, voire des adolescents, se serrent les uns contre les autres pour avoir chaud et sont très solidaires entre eux. Mais cela ne les empêche pas parfois de se disputer et d’en venir aux mains pour un bout de carton ou un bout de pain. Au boulevard Mascara, le spectacle est édifiant. Sur un trottoir, des SDF ont «construit» des sortes de petits abris en carton dans lesquels ils se glissent pour avoir moins froid la nuit.

Une multitude de «cabines» en carton sont érigées les unes à coté des autres. Une image de misère et de déchéance humaine. Les bénévoles tentent de les réconforter avec quelques mots gentils, mais certains SDF y sont réfractaires. D’autres acceptent leur sort avec fatalisme.

«Il est difficile de rester insensible à la détresse de ces gens. Chacun a une histoire, des circonstances dramatiques qui l’ont poussé à choisir la rue comme abri et le ciel comme toit. On se croit blasés, avoir tout vu, mais c’est à chaque fois nouveau, de nouveaux visages, de nouvelles histoires», confie un jeune bénévole, pour qui la déchéance est dure à supporter pour un observateur, qu’en est-il de ceux qui la vivent en permanence ?