Ukraine: Des Ukrainiens protestent contre «l'ingérence» de Varsovie dans «les affaires intérieures» de leur pays

Publié par DK News le 26-01-2014, 15h19 | 26

Des centaines d'Ukrainiens ont manifesté samedi devant le consulat de Pologne à Kharkov (Est de l'Ukraine), en protestation contre «l'ingérence» de la Pologne dans «les affaires intérieures de l'Ukraine», rapportent dimanche des médias polonais.

Les manifestants, membres d'un groupe pro-Russie et du parti Socialiste progressiste ukrainien, ont également exigé la fermeture de toutes les missions diplomatiques polonaises en Ukraine, affirmant que leur personnel représente «une nation ennemie».

Le consul général de Pologne dans cette ville, Jan Granat, a déclaré à la radio polonaise que les manifestants accusent le gouvernement de Varsovie de «provoquer des problèmes économiques en Ukraine afin d'assurer la prise de contrôle des entreprises en faillite».

A ce propos, le consul a fait savoir qu'il avait adressé une note de protestation aux autorités du district de Kharkov déclarant que les «propos diffamatoires» portés contre les représentants officiels de la Pologne sont en contradiction avec l'esprit régissant les relations polono-ukrainiennes. Varsovie a rappelé son ambassadeur à Kiev en protestation contre le recours à la violence contre les manifestants ayant fait cinq morts parmi ces derniers. La Pologne se prononce en faveur de la tenue d'un dialogue «franc» entre le gouvernement et l'opposition, précisant que «la meilleure garantie de l'indépendance et de la prospérité de l'Ukraine» est la conclusion d'un accord d'association avec l'Union européenne.

De violents affrontements entre la police et les manifestants ont repris à Kiev le week-end dernier suite à l'adoption par le parlement ukrainien d'une série de lois anti-émeutes jugées «liberticides» par les opposants au pouvoir en place. Les manifestants protestent, depuis plusieurs semaines, contre le refus du gouvernement de signer l'accord d'association avec l'UE. Kiev a remplacé cet accord par un partenariat avec la Russie contre une aide de 15 milliards de dollars octroyée par Moscou. 

L'opposition continue la protestation malgré les concessions du président 

Les dirigeants de l'opposition ukrainienne entendent poursuivre leur mouvement de protestation dimanche malgré les concessions faites samedi par le président Viktor Ianoukovitch en leurs proposant de diriger le gouvernement en vue de tenter de régler la crise.

La situation demeurait tendue quand des manifestants ont lancé un assaut dans la nuit de samedi à dimanche contre un bâtiment du centre de Kiev actuellement occupé par des membres des forces de sécurité et proche de la place de l'Indépendance, haut lieu de la contestation, ont rapporté les médias.

Environ 2.000 contestataires se sont massés de long de la «Maison ukrainienne», où certains ont réussi à pénétrer, et ont lancé des cocktails Molotov à l'intérieur du bâtiment après avoir brisé les vitres, selon la même source, ajoutant que les policiers ont répliqué avec des grenades assourdissantes et avec des lances à eau en direction des manifestants malgré la température glaciale, autour de -15 degrés. L'incident a eu lieu peu après l'intervention des leaders de l'opposition sur la place de l'Indépendance, où ils ont assuré qu'ils resteraient mobilisés jusqu'à satisfaction de toutes leurs exigences, en premier lieu la convocation d'une élection présidentielle dès cette année et non l'année prochaine comme cela est actuellement prévu.

«La lutte continue», a lancé l'opposant nationaliste Oleg Tiagnybo, cité par la presse. «Nous sommes déterminés et nous ne reculons pas», a affirmé de son côté Vitali Klitschko, auquel le chef de l'Etat a proposé de devenir vice-Premier ministre, tout en reconnaissant que «Ianoukovitch a satisfait un grand nombre de nos exigences». «Les négociations se poursuivent», a ajouté l'ancien boxeur. Arséni Iatséniouk, chef du parti de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko, qui s'est vu offrir par le président d'être le chef du gouvernement, s'est dit «prêt à prendre ses responsabilités», mais a ajouté ne «pas croire un mot» de ce qu'affirme le pouvoir.

«Nous n'allons pas bouger», a martelé le leader du parti Baktivchtchina. L'opposition est mobilisée depuis plus de deux mois dans le centre de Kiev, à la suite du refus du président de signer un accord avec l'Union européenne, y préférant un rapprochement avec la Russie. D'ici là, mardi, un sommet doit réunir l'UE et la Russie, que les Européens accusent d'avoir usé de son influence pour convaincre l'Ukraine de renoncer à un accord d'association avec Bruxelles.