France : des mesures tous azimuts pour freiner l'activité terroriste

Publié par DK News le 21-01-2015, 17h41 | 21

Deux semaines après les attentats de Paris, la France annonce une série de mesures contre la menace terroriste, qui vont se traduire par un renforcement des moyens financiers pour un coût estimé sur trois ans à 425 millions d'euros.

Le Premier ministre français Manuel Valls a présenté mercredi une série de mesures antiterroristes chiffrées à plus de 700 millions d'euros sur trois ans après les attentats du 7 et janvier à Paris, en soulignant que les services de sécurité devaient notamment surveiller 3.000 personnes.

«Aujourd'hui, il faut surveiller près de 1.300 personnes, Français ou étrangers résidant en France, pour leur implication dans les filières terroristes en Syrie et en Irak. C'est une augmentation de 130% en un an», a expliqué M. Valls lors d'une conférence de presse.

«A cela s'ajoutent 400 à 500 personnes concernées par les filières plus anciennes ou concernant d'autres pays, ainsi que les principaux animateurs actifs dans «la sphère cyber-djihadiste francophone».

Il y a lieu de rappeler que près de 70 Français ou résidents en France sont morts en Syrie et en Irak dans les rangs des terroristes.

Renforcement des moyens et des mesures judiciaires

Pour lutter contre le terrorisme, 2.680 emplois supplémentaires vont être créés au cours des trois prochaines années, dont 1.400 au ministère de l'Intérieur, 950 au ministère de la Justice et 250 à la Défense, a détaillé le Premier ministre français.

Ce nouveau dispositif va coûter 425 millions d'euros sur trois ans en crédits d'équipement et de fonctionnement, a-t-il souligné. L'enveloppe atteindra 735 millions d'euros en incluant les frais de personnels.

Ces dépenses «seront compensées par des économies (...) sur l'ensemble du champ de la dépense publique, année après année», a précisé M. Valls, alors que la France est dans le collimateur de Bruxelles pour ses dérapages budgétaires répétitifs.

Renforcement des juridictions et prévention de radicalisation

Il a été également annoncé la création d'un fichier pour recenser les personnes prévenues ou condamnées pour des faits de terrorisme, avec obligation pour ces personnes de déclarer à intervalles réguliers leur adresse et leurs déplacements à l'étranger. Outre la création de cinq quartiers au sein d'établissements pénitentiaires, dédiés aux «détenus radicalisés».

En tout soixante millions d'euros supplémentaires en trois ans consacrés à «la prévention de la radicalisation», avec un fonds de prévention de la délinquance. Le gouvernement de Valls va lancer «dans les jours à venir un site Internet dédié pour informer le grand public sur les moyens de lutte contre l'embrigadement djihadiste», notamment «des jeunes».

Par ailleurs Manuel Valls a demandé une réflexion au Parlement sur la restauration d'une peine d'«indignité nationale» à l'encontre des Français ayant été condamnés pour action terroriste visant leur pays.

Des mesures européennes conjointes pour lutter contre le terrorisme

Dans déclaration commune, onze ministres européens de l'Interieur ont par ailleurs convenu de prendre des mesures pour lutter contre le terrorisme. Primo, filtrer certains contenus sur internet et renforcer les contrôles aux frontières eurropéennes. Secundo, renforcer les contôles des ressortissants européens lors du franchissement des frontières exterieurs de l'Union Européenne.

Tertio, partager les données fournies par les voyageurs aux compagnies aériennes. Autres mesures discutées par les ministres européens des Affaires étrangères : couper les sources de financements de réseaux terroristes, «à commencer par le pétrole».

La France a été attaquée trois fois de suite : le 7 janvier 2015, avec l'attentat contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, qui a fait douze morts et plusieurs blessés, puis le 8 janvier avec le meurtre d'une policière municipale et l'agression d'un employée de Montrouge, et le 9 du mois en cours avec deux prises d'otages dont l'une Porte de vincennes qui a fait quatre morts.

Avant le drame de janvier, 5 projets d'actes terroristes sur le territoire français ont été déjoués par les services sécuritaires depuis août 2013, impliquant des individus de retour en France ou qui n'avaient pas quitté le territoire national, selon les autorités françaises.