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La professeure Arrada Zakia , invitée hier du forum de DKNews : Comment immuniser les enfants contre les handicaps évitables: oui, c’est possible !

Publié par DK News le 21-01-2015, 18h51 | 282
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Il est vraiment tragique le constat qu’un enfant voit sa vie bousillée par un handicap physique ou mental. Ça l’est encore plus quand il s’agit d’un handicap lourd. C’est pire s’il s’agit d’un handicap évitable. Les adultes en sont responsables et coupables.

Quels sont les moyens de la prévention ? Ceux ci existent-ils vraiment ? Peut on les inventorier très simplement  de façon à ce que la prévention dans son mode d’emploi soit accessible aux parents ?

C’est pour relever ce défi que le Forum de DK News a invité Mme la professeure Arrada Zakia , chef du service de pédiatrie au CHU Nafissa-Hamoud à une conférence débat avec la presse. De l’avis de tous les journalistes participants, le défi est hautement gagné . Jugez-en plutôt.

Il est important, dira-t-elle en ouvrant le débat, que les populations reçoivent le message très correctement et très compris de ce que peut être la prévention des handicaps évitables. Malheureusement , nous ne pourrons pas nous appuyer sur des chiffres mais en tout cas, nous pouvons dire qu’il y  a beaucoup trop d’enfants qui présentent des handicaps dont nombre d’entre eux pourraient être évités.

Ce sont des cas de plus en plus nombreux. Nous devons réduire ce nombre et il est plus important d’en parler par rapport aux handicaps survenus car dans ce cas, c’est trop tard.La conférence-débat est structurée en trois parties, pour différencier entre les étapes de prise en charge dans le cadre de la prévention en question.  

La première partie concerne la période de pré-conception. Quels en sont les facteurs de risque ? Ceux-là sont nombreux. Il y a l’âge de la maman qui est très important. Si celle-ci est âgée de plus de 38 ans,le risque est grand que l’enfant naisse mongolien. Les statistiques internationales valables pour l’Algérie indiquent que dans le cas cité, une naissance sur 700  (1/700) est trisomique (mongolienne).

Lorsque le mariage est consanguin, la probabilité est grande que l’enfant naisse handicapé. 22 % de mariages sont consanguins en Algérie. Ce taux est seulement de 2% en Grande-Bretagne. Le mariage consanguin favorise la thalassémie.

Un autre facteur de risque est le déficit en vitamine B9. Une telle carence implique que le bébé soit atteint dans la moelle épinière et le cerveau. Une note du ministère de la Santé recommande la B9 avant la procréation. Les textes existent.

La deuxième partie concerne la période de grossesse. Il faut obligatoirement 3 ou 4 contrôles par le médecin.  Mesure de la glycémie, vérifier l’analyse sanguine,  vaccin contre la rubéole , ne pas approcher les chats, bien laver les mains  ,risque de naissance de prématurés, (10% de naissances), handicap cérébral (pas de prévention possible), risque de groupage sanguin (parents rhésus négatif rhésus positif, et naissance sur rhésus positif enfant, ce qui est grave) La troisième partie concerne le moment de la grossesse. Le danger de l’asphyxie périnatale guette, le sang n’arrive pas au cerveau. Chaque spécialiste, médecin, infirmier présents au bloc doit savoir réanimer.

Après la naissance, le lait maternel assure la meilleure protection contre les types d’infection, il faut allaiter jusqu’à au moins six mois le bébé. Quant à l’hygiène, la mère doit se laver les mains avant de s’occuper du bébé.

Le vaccin doit être administré le premier jour. Attention le bébé touche à tout : brûlure, produits caustiques, noyade (il suffit d’une hauteur d’eau de 20 cm pour que le bébé risque la noyade dans la bassine). Attention également à la voie publique.L’attention des journalistes a été très grande, d’autant que le côté pratique a été facilement compris.     

Par Saïd Abjaoui


« Créer des services de néonatalogie » Une urgence

Professeure-chef de service pédiatrie au CHU Nafissa-Hamoud (ex-Parnet) d’Hussein Dey, Arrada Zakia a privilégié le style mise en garde des femmes en âge de procréer quant aux risques qui accompagnent chaque grossesse :

Avant la conception, « le principal risque est pour la femme âgée de plus de 38 ans, qui pourrait mettre au monde un bébé atteint de trisomie 21(1 cas pour 700 naissances en Algérie et dans le monde). La consanguinité des conjoints (le taux en Algérie est de 22% et de 2% en Angleterre) favorise l’éclosion de maladies génétiques comme la thalassémie. »

Les anomalies du cerveau et de la moelle épinière apparaissent chez les enfants « dont les mères ont des carences en vitamine B9. Il faut savoir que le ministère de la Santé a produit une note pour que la vitamine B9 soit disponible, mais son application tarde…La vitamine B9 doit être assimilée 3 mois avant la grossesse».

La professeure tient à responsabiliser les époux pour agir en connaissance de cause.
La grossesse est le deuxième moment très important : «Sachant qu’il y a 3 ou 4 contrôles obligatoires pour déceler un diabète, une glycémie, de l’hypertension artérielle, l’échographie pour  voir  s’il n’y a pas de malformation et des analyses de sang pour éviter la rubéole sont recommandées » souligne la professeure.  

«Le risque de toxoplasmose exige de ne pas approcher les chats, de consommer des viandes bien cuites, de bien laver les légumes et de ne pas faire de travaux de jardinage pendant la grossesse».
«Le risque de prématurité est très fréquent (10% de l’ensemble des naissances soit 1 million de naissances par an), il peut être accompagné d’hémorragies cérébrales et de détresse respiratoire et ce, à la suite d’infections urinaires ou génitales, de la pénibilité de la vie de la femme enceinte (travail et corvées familiales).

Pendant le «travail» en salle d’accouchement, le médecin, la sage-femme, le pédiatre doivent absolument connaître le groupe sanguin des conjoints afin d’éviter l’ictère à la naissance qui peut provoquer un handicap définitif pour l’enfant si des mesures ne sont pas prises.

Après la naissance  enfin, moment très important et attendu par la famille : les premières minutes doivent être marquées par le cri de l’enfant, sinon le cerveau n’est pas irrigué ; l’asphyxie postnatale est suivie d’un handicap irréversible. L’allaitement pendant au moins 6 mois est le garant d’une croissance optimale «mais seulement 6% des mères le pratiquent» se confie Mme Arrada Zakia, insistant sur l’hygiène entourant le bébé et son évolution dans son environnement.

Rappelant que la protection de l’enfant à la naissance contre les maladies est assurée par l’administration de 8 vaccins, la professeure a répondu aux questions des présents, notamment, celles relatives à la formation des sages-femmes, des pédiatres et obstétriciens, des médecins généralistes accoucheurs « qui ne connaissent pas  les gestes qu’il faut pour assister un bébé qui naît avec le cordon ombilical entourant son cou ;  qui n’ont pas su ou voulu alerter sur des malformations apparues sur les échographies… Comment peut-on travailler avec 3 femmes attendant d’accoucher et partageant la même chambre ? »

La professeure na pas éludé les questions : «  Il y a eu des formations pour tous les personnels intervenant dans la salle du «travail» d’accouchement. N’y entrent dorénavant que ceux qui maîtrisent les gestes thérapeutiques. Le programme des études de pédiatrie  a été modifié, il est fait obligation à tout étudiant de passer un stage de 6 mois dans un service de maternité. S’agissant des obstétriciens, il en est qui reconnaissent avoir «vu une malformation possible, mais n’étaient pas sûrs », la professeure espère que la généralisation de l’IRM fœtale sera «pour bientôt ».

La chef de service déplore les retards dans la création de service de néonatalogie et à propos de la surpopulation en maternité, elle invoque l’interdiction de refuser les femmes sur le point d’accoucher…

Par O.Larbi


Mortalité infantile: 22 bébés sur 1000 meurent avant d’atteindre un mois en Algérie

En dépit des moyens mis en place par les autorités sanitaires, la mortalité néonatale et infantile demeure un problème majeur en Algérie.

22 bébés sur 1000 meurent dans le mois qui suit leur naissance. En Europe, le taux de mortalité infantile est inférieur à 2%. Les infections et les asphyxies prénatales sont les principales causes de mortalité néonatale en Algérie.


Conséquence du surmenage et des infections chez la mère : 10% des nouveau-nés sont prématurés

L’accouchement prématuré représente 10% des naissances en Algérie. L’effort physique et les infections chez la mère augmentent le risque d’accoucher prématurément notamment durant les derniers mois de grossesse. « L’accouchement prématuré accroît la morbidité et les séquelles neurologiques   chez l’enfant (hémorragies cérébrales et malformations). Une bonne alimentation et du repos, suffisent toutefois à prévenir un accouchement prématuré», indique Mme Arrada.

Hypothyroïdie congénitale et phénylcétonurie: A quand le dépistage néonatal ?

Dans les pays développés et même en Egypte, le dépistage néonatal est systématiquement fait par les médecins trois (3) jours après la naissance du bébé. «Même si l’enfant ne présente aucun signe de maladie, les médecins prélèvent deux gouttes de sang du talon et les envoient directement au labo pour dépister l'hypothyroïdie congénitale et la phénylcétonurie.

Ces testent permettent d’éviter à l’enfant des maladies métaboliques. Tout comme la prescription de la vitamine B9 aux femmes enceintes, le dépistage néonatal ne semble malheureusement pas faire partie des priorités des autorités sanitaires algériennes pour le moment», a relevé la Pre Arrada.

Consanguinité : 22% des mariages se font entre cousins

Malgré les multiples mises en garde des spécialistes, les mariages consanguins enregistrent toujours un taux élevé en Algérie. «22% des mariages célébrés dans le pays se font entre cousins. La consanguinité augmente le risque de cardiopathies, d’hémophilie, de surdité, de trisomie et bien d’autres pathologies.

Les nouveaux mariés doivent être informés des risques qu’ils encourent s’ils choisissent malgré tout de s’unir et de donner naissance à un enfant qui a de grandes chances d’être atteint d’une maladie héréditaire».
Par R.R  

 

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