Yémen : Hadi annonce une réunion inculant Ansaruallah, la crise s'étend vers le Sud

Publié par DK News le 22-01-2015, 15h48 | 50

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi a annoncé mercredi qu'il est prêt à organiser une réunion avec des forces politiques, y compris la milice d'Ansaruallah qui combattait les forces gouvernementales depuis 3 jours à Sanaa, où elle contrôle une grande partie.

Après plusieurs jours de combats violents opposant l'armée et les miliciens d'Ansaruallah, qui ont pris mardi le palais présidentiel dans la capital Sanaa, une source présidentielle a annoncé mercredi que M. Hadi est prêt à présider une réunion, en présence de l'émissaire onusien Jamal Benomar, avec des forces politiques, y compris Ansaruallah.

«Une réunion se tiendrait, mais nous attendons encore que M. Benomar arrive», a déclaré la même source, alors qu'un responsable onusien a indiqué que «l'émissaire Jamal Benomar n'était pas attendu mercredi dans la capitale yéménite».

Selon des sources médicales et sécuritaires, le bilan des combats de Sanaa faisait état de 35 mort et de 94 blessés .  Les miliciens, qui réclament plus de pouvoir politique et une nouvelle Constitution, ont fini par prendre le contrôle du palais présidentiel dans le sud de la capitale.

Le Premier ministre yéménite, Khaled Bahah, a quitté mercredi la résidence du centre de Sanaa où il était bloqué depuis deux jours par des miliciens après avoir négocié sa sortie. Son convoi avait essuyé des tirs lundi.

Par ailleurs, le président yéménite a rencontré mercredi dans sa résidence à Sanaa l'un de ses conseillers représentant les milices chiites. Outre ce conseiller, Saleh al-Sammad, le chef de l'Etat a reçu d'autres conseillers et des chefs tribaux, signifiant qu'il assume la charge présidentielle.

La crise s'étend vers le Sud

Affaiblis à Sanaa, les dirigeants yéménites ont reçu le soutien des autorités du sud du pays, dont M. Hadi est originaire et qui est majoritairement sunnite.

Le Comité de sécurité de la province d'Aden (sud du pays) a décidé la fermeture de l'aéroport et du port de la grande ville du sud pour protester contre les «atteintes au symbole de la souveraineté nationale et de la légalité constitutionnelle qui est le président» Hadi.

Le Comité rend les miliciens chiites «responsables de la sécurité» dun président, du Premier ministre Khaled Bahah qu'ils encerclent à Sanaa et du directeur de cabinet du président, Ahmed Awad ben Moubarak, qu'ils ont enlevé samedi. M ben Moubarak est également originaires du sud.

Cette réaction met de nouveau en lumière les profondes divisions entre le nord, fief des chiites, et le sud du Yémen, qui se sont fréquemment opposés par les armes dans le passé.

Le jeune chef d'Ansaruallah, Abdel Malek al-Houthi, est sorti du silence pour reprocher, dans un discours télévisé mardi soir, aux autorités, de ne pas avoir associé suffisamment son mouvement à la rédaction du projet de Constitution, qui prévoit un Etat fédéral composé de six régions.

La communauté internationale inquiète

La communauté internationale s'est montré très inquiète de l'aggravation de la situation dans ce pays, en crise depuis 2011 suite à la destitution de l'ancien président Ali Abdallah Saleh.

Mardi, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné les attaques des miliciens d'Ansaruallah contre le palais et la résidence du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qu'il considère comme «l'autorité légitime» du Yémen.

Pour sa part, Washington, a indiqué mercredi qu'elle suit de près la crise au Yémen, pays allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda, appelant à une résolution pacifique du conflit.

Le président Obama «est tenu informé par ses conseillers en sécurité» sur ces violences, a dit un haut responsable de l'administration cité par des médias.

«Nous condamnons fermement les violences et ceux qui les attisent afin de fragiliser la transition politique au Yémen», a ajouté ce responsable. «Nous continuerons à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique».

Particulièrement préoccupés, les six pays du Golfe, voisins du Yémen, ont apporté mercredi leur soutien au président yéménite et accusé la milice d'Ansaruallah d'avoir mené un «coup de force contre le pouvoir légitime» en prenant d'assaut le palais présidentiel.

«Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) considèrent que ce qui s'est passé mardi au Yémen représente un coup de force contre le pouvoir légitime», indique un communiqué après une réunion extraordinaire à Ryadh des ministres des Affaires étrangères du groupe.

Parallèlement, le secrétariat général de la Ligue arabe a annoncé mercredi qu'il reçu, de la part du Maroc, une demande de tenue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des pays membres pour discuter de la dégradation de situation politique et sécuritaire au Yémen.

Selon un responsable de l'organisation panarabe, le secrétaire général, Nabil al-Arabi a entamé ses consultations avec les ministres des Affaires étrangères des pays membres pour fixer la date de cette réunion ministérielle, sensée trouver des solutions pour aider le peuple yéménite à dépasser cette crise multidimensionnelle.