Temoignage : L'Emir Abdelkader n'était aucunement affilié à la franc-maçonnerie

Publié par DK News le 30-01-2015, 16h27 | 315

L'Emir Abdelkader n'a jamais été affilié à la franc-maçonnerie comme rapporté par certains écrits, a affirmé jeudi à Alger le Professeur Slimane Benaziez, soutenant que les grandes loges de France et du Grand-Orient ont tenté de récupérer à leur profit les échanges épistolaires qu'elles ont entretenues avec le personnage.

Figurant parmi les aspects qui continuent de faire polémique à ce jour, les liens entre l'Emir Abdelkader et la franc-maçonnerie ont fait l'objet de plusieurs interprétations alors que la dimension de cette personnalité est «au-dessus» de ce que véhiculait cette société secrète, a précisé M. Benaziez dans une conférence axée sur cette thématique.

C'est notamment la loge Henri IV qui avait tenté de récupérer l'Emir Abdelkader, considéré comme le fondateur de l'Etat algérien moderne, en se référant aux échanges épistolaires entretenus avec ce dernier, a explicité l'intervenant.

Remettant en cause certains écrits, dont celui de Bruno Etienne, qui attestaient que l'Emir avait été initié à distance par la loge en question, il a ajouté que «les usages même de la franc-maçonnerie excluaient une quelconque initiation à distance».

«Le 1 juin 1864, l'Emir se trouvait encore en exil en Syrie, il était alors impensable qu'il se soit mis à s'initier à la franc-maçonnerie», a-t-il argué, réfutant en outre que cette personnalité historique ait pu être affiliée à la loge d'Alexandrie, comme également rapporté par diverses publications.

«De part sa grande éducation, l'Emir répondait à tous les écrits qui lui étaient adressés, dont ceux qui parvenaient de la franc-maçonnerie», a encore clarifié M. Benaziez, démentant qu'il se soit rendu à la loge Henri IV durant la même (1864) année, lorsqu'il s'était rendu à Paris pour assister à l'Exposition universelle.

Il a soutenu, par ailleurs, qu'en sauvant 12.000 Chrétiens de la mort à Damas depuis 1855, l'Emir Abdelkader n'était aucunement mu par des valeurs de franc-maçonnerie mais par celles de «l'humanisme et de la tolérance».

Abordant la question de la reddition de l'Emir Abdelkader en 1847, un autre sujet prêtant à polémiques, le conférencier a défendu la thèse selon laquelle cette action a été motivée par le «souci de préserver la vie de milliers d'Algériens».

«Le peuple algérien était décimé à plus de ses 4/5 émes par la plus grande puissance armée coloniale de l'époque», a-t-il souligné avant de relever la volonté de l'Emir de pas être «complice de l'extermination» de ses compatriotes. Professeur à l'Ecole supérieure de journalisme d'Alger depuis 2009, Slimane Benaziez a occupé plusieurs fonctions dans l'administration, les médias, l'édition et en tant qu'universitaire.