Afrique - 24e sommet de l’UA à Addis-Abeba : Paix, sécurité et développement occupent les débats

Publié par DK News le 31-01-2015, 19h06 | 23

Les questions de paix et de sécurité ainsi que le développement de l'Afrique ont dominé les travaux de la 24e session ordinaire de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) entamés vendredi à Addis Abeba.

Dans son allocution sur les questions de paix et de sécurité en Afrique lors de cette 26e session, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, représentant du Président de la République Abdelaziz Bouteflika, a appelé à une riposte «collective» et «coordonnée» à la menace terroriste et la criminalité transfrontalière.

«Pour des considérations de stabilité et de paix indispensables au développement de l'Afrique, ce phénomène (terrorisme) appelle une riposte collective autant forte que coordonnée du continent», a déclaré M. Sellal, indiquant que le terrorisme et la criminalité transfrontalière organisée constituaient «une menace réelle avérée sur la paix du continent ainsi que sur le devenir des pays africains comme Etats, sociétés et nations».

Le Premier ministre a en outre souligné l'urgence d'une coopération dans le domaine de la paix et de la sécurité, qu'il a qualifiée de «vecteur essentiel» pour contrer les menaces qui se posent au continent, tout en appelant à la poursuite des efforts dans le cadre de l'Architecture africaine de paix et de sécurité (Apsa)»pour la pleine opérationnalisation de la Force africaine en attente».

M. Sellal a appelé également à soutenir le mécanisme transitoire de la Capacité africaine de réponse immédiate aux crises (Caric), «qui se met progressivement en place pour assurer pleinement le rôle qui lui est dévolu».

L'Algérie, a-t-il dit, se félicite de la tenue, en décembre dernier, du premier sommet des Etats parties au processus de Nouakchott consacré à la coopération sécuritaire dans la région sahélo-saharienne. Il a rappelé que, dans le cadre de son engagement, l'Algérie a proposé, au cours du Sommet de Nairobi, d'abriter la réunion de Haut niveau sur le financement du terrorisme afin de cibler les mesures pratiques pour faire face «efficacement» à ce phénomène.

L'Algérie participe aussi, avec les Etats du Sahel, dans de nombreux cadres de coopération, dont les «pays du Champ», le Comité opérationnel d'état-major conjoint (Cémoc), l'Unité de Fusion et de Liaison (UFL), le Groupe de travail sur le Sahel co-présidé par l'Algérie et le Canada dans le cadre du Forum global contre le terrorisme.

Le Premier ministre a en outre indiqué que l'Algérie, «guidée par la séculaire solidarité de voisinage, conduit actuellement la Médiation internationale en vue de parvenir à un accord politique garantissant la préservation de l'intégrité territoriale du Mali frère, son unité nationale et sa souveraineté».

«Ces mêmes principes guident aussi les efforts exploratoires que l'Algérie a entrepris pour promouvoir un dialogue inclusif entre les parties libyennes dans le cadre d'une solution politique négociée», a-t-il noté. Au plan régional, il a affirmé que «l'Algérie soutient fermement l'action du président Joaquim Chissano, Envoyé spécial de l'UA pour le Sahara occidental dont la mission est de promouvoir un règlement juste garantissant le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations Unies».

«L'Algérie soutient, aussi, les efforts d'apaisement entre la République du Soudan et du Soudan du Sud, à travers le mécanisme conjoint de vérification et de surveillance des frontières, tout en appelant à la prise en charge de la crise humanitaire aiguë qui frappe cette région».

Le terrorisme perçu comme «une menace à la sécurité collective»

Revenant au terrorisme, Nkosazana Dlamini-Zuma, la présidente de la Commission de l'UA a pour sa part indiqué que «le terrorisme, en particulier la brutalité de Boko Haram contre nos populations, est une menace à notre sécurité collective et à notre développement».

«Elle s'est désormais propagée à la région au-delà du Nigeria et nécessite une réponse collective, efficace et décisive», a-t-elle déclaré à l'ouverture des travaux. «Boko Haram (...) représente un danger pour la paix et la sécurité nationale (au Nigeria), régionale et internationale», a déclaré pour sa part le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à la tribune.

Durant la nuit, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA a demandé la création d'une force militaire régionale de 7.500 hommes pour contrer Boko Haram, dont l'avancée au Nigeria et les attaques au Cameroun inquiètent les pays limitrophes. Depuis 2009, l'insurrection de Boko haram a fait plus de 13000 morts.

Le developpement de l'Afrique en bonne place aux débats

Outre la situation sécuritaire en Afrique, l'Agenda-2063 qui dessine les contours de l'Afrique des cinquante prochaines années occupe une bonne place lors des débats à Addis Abeba. Les chefs d'Etat et de gouvernement évoquaient ainsi l'Agenda-2063, un projet initiée en 2013 par la présidente de la Commission de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, portant en particulier sur l'intégration économique régionale, démocratie et bonne gouvernance, à l'ombre du rayonnement culturel de l'Afrique.

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a dans ce contexte relevé la volonté de l'Afrique de réaliser «pleinement» l'intégration continentale à la faveur de l'Agenda-2063. En se dotant de l'Agenda 2063, l'Afrique «a clairement exprimé sa volonté à réaliser pleinement l'intégration continentale pour, à la fois, améliorer les conditions de vie de ses peuples et, en même temps, participer à la gestion des affaires mondiales et être partie prenante au progrès de l'humanité», a indiqué M. Sellal dans une intervention sur «Le rôle du secteur privé dans la mise en œuvre de l'Agenda 2063».

Le Premier ministre, qui s'exprimait en sa qualité de représentant du président Abdelaziz Bouteflika à ce sommet, a fait observer que les Etats africains sont «interpellés» pour accroître la mobilisation de leurs ressources et faire participer le secteur privé aux projets et programmes de l'Agenda 2063.

Il a estimé qu'il y a lieu, par conséquent, de «renforcer» les efforts que déploie la Commission de l'UA et son agence du Nepad pour contribuer, à travers le renforcement des capacités des Etats africains et des Communautés économiques régionales, une mobilisation «optimale» de l'épargne privée et à une stimulation des investissements et du financement par le secteur privé.

S'agissant de la mobilisation des ressources publiques, il a indiqué qu'«il existe, certes, une marge de manœuvre à travers la lutte contre la fuite des capitaux, la corruption, la fraude et l'évasion fiscale, ainsi que la rationalisation des dépenses publiques», estimant, cependant, que «les projections les plus optimistes indiquent que, malgré ces efforts, les Etats ne seront pas en mesure de disposer de la capacité financière suffisante nécessaire à la mise en œuvre de l'Agenda 2063».

«Il leur revient, dès lors, de mettre en œuvre des politiques audacieuses pour faciliter une forte implication du secteur privé à travers l'investissement direct et des modalités variées de partenariats public-privé», a-t-il souligné. Les représentants de plus de 50 Etats membres du bloc panafricain et des organisations internationales devraient discuter aussi de l'émancipation des femmes et chercher des moyens pour promouvoir le développement durable pendant l'événement biannuel de deux jours.

Le sommet de l'UA place l'année 2015 sous le thème «Année de l’autonomisation des femmes et du développement de l’Afrique pour la concrétisation de l’agenda 2063». Lors de la session d'ouverture du sommet, le président zimbabwéen Robert Mugabe a pris le poste de président tournant du bloc panafricain, succédant au président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, élu président de l'UA lors du 22e Sommet de l'Union africaine en janvier 2014.