Genève II: Aucun résultat tangible au terme d'une semaine de discussions entre pouvoir et opposition

Publié par DK News le 01-02-2014, 16h00 | 24

La première session des discussions entre le gouvernement de Damas et l'opposition syrienne sous médiation de l'ONU s'est achevée vendredi à Genève sans aucun résultat tangible, chaque partie accusant l'autre d'être «responsable» de l'impasse dans ces pourparlers, les premiers depuis le début du conflit.

Ces discussions, initiées par les Etats-Unis et la Russie devraient reprendre «en principe» le 10 février, selon l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, l'Algérien Lakhdar Brahimi, par l'intermédiaire duquel les deux parties ont «dialogué» pour la première fois dans une même salle depuis le 25 janvier.

Au cours de ce premier face-à-face qui fait suite à la conférence de paix sur la Syrie dite Genève 2, tenue il y a dix jours à Montreux (Suisse), les deux parties ont campé sur leurs positions, le pouvoir insistant sur le fait qu'il ne voulait pas céder sur la transition politique et l'opposition clamant que Damas était «contraint à négocier» sur cette question centrale.

Malgré ces désaccords, M. Brahimi a affirmé que la conférence dite de Genève II était un «début très modeste, mais c'est un début (...) sur lequel on peut construire», au cours d'une conférence de presse vendredi.
Relevant «quelques points de convergence» et soulignant que «les deux parties ont pris l'habitude de s'asseoir dans la même pièce», M. Brahimi a toutefois reconnu que «ce fut un démarrage très difficile» et qu'il n'y avait «pas de doute que les positions importantes étaient très éloignées».

Les deux parties campent sur leurs positions

«Ni dans ce round, ni dans le prochain, ils (les adversaires du gouvernement) ne pourront obtenir de la délégation syrienne aucune concession», a ainsi clamé le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, devant quelque 250 manifestants pro-gouvernement rassemblés devant le siège de l'ONU à Genève.

Pour sa part, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem a dit ne pas avoir «obtenu de résultats tangibles» et il a mis en cause le «manque de responsabilité et de sérieux» des dirigeants de l'opposition et «leur volonté de faire imploser la conférence, comme si nous venions là pour une heure et devions tout leur céder».

«J'ai dit à Montreux que personne ne peut remplacer la direction syrienne», a insisté M. Mouallem faisant allusion au président Bachar al-Assad dont l'opposition réclame le départ depuis le début du conflit en Syrie.

Côté opposition, le chef Ahmad Jarba, a accusé pour sa part le gouvernement syrien de ne pas tenir d'«engagement sérieux» dans les négociations.Les discussions ont la plupart du temps tourné en rond, Damas affirmant que la priorité était de combattre le «terrorisme», tandis que l'opposition maintenait que la transition politique aboutissant au départ du président al-Assad était la voie à suivre pour arrêter la violence.

La conférence de Genève II est censée mettre un terme au conflit en Syrie, qui a fait en près de trois ans selon des estimations, plus de 130.000 morts et plus de neuf millions de réfugiés et de déplacés.

Pas d'amélioration dans la situation humanitaire

Devant l'absence de progrès à Genève, la patronne des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos s'est déclarée «très déçue» que la première série de négociations se soit terminée sans amélioration de l'accès humanitaire aux Syriens pris aux pièges des combats.

«Plus de trois millions de gens en Syrie sont bloqués dans des zones où se déroulent de violents combats ou qui sont assiégées par les forces du gouvernement ou l'opposition», a-t-elle souligné en citant les régions de Hassakeh (nord-ouest), de Derayya et de la Gouta orientale près de Damas.
«Cette situation est totalement inacceptable», a-t-elle affirmé dans un communiqué. «Nous devons agir d'urgence, les sièges doivent être levés, des cessez-le-feu conclus et les convois autorisés à se déplacer immédiatement et en toute sécurité».

Damas fait avancer le processus d'évacuation des civils dans le vieux Homs

De nouvelles mesures ont été prises en collaboration avec l'ONU pour évacuer des civils se trouvant dans la vieille ville de Homs (centre) en Syrie, a indiqué le gouverneur de Homs Talal Barazi, cité vendredi par l'agence SANA.

Le gouverneur a déclaré que de nouvelles mesures ont été prises pour évacuer les civils dans le quartier sous contrôle des rebelles à Homs, avant d'ajouter que «nous sommes optimistes au sujet de l'évacuation prochaine des civils». Le gouverneur a indiqué que les autorités syriennes sont prêtes à évacuer les civils de la vieille ville de Homs, mais a démenti l'information selon laquelle des convois d'aide humanitaire doivent pénétrer la zone.

Il a indiqué que les autorités attendaient la réponse de groupes rebelles à l'intérieur de la zone assiégée par l'intermédiaire du coordinateur de la l'ONU Yacoub al Helou, qui fait la navette entre les deux camps pour assurer le bon déroulement de l'évacuation.
Le gouverneur a insisté sur le fait que le gouvernement refuserait à coup sûr de livrer de l'aide humanitaire dans la zone, de crainte qu'elle ne tombe entre les mains des rebelles.
La Coalition nationale syrienne, principale mouvement d'opposition en exil, a exigé que le gouvernement lève le siège dans la vieille ville de Homs et autorise l'acheminement de l'aide humanitaire aux personnes qui y sont piégées.

Damas a rétorqué que les civils étaient libres de partir, et s'est engagé à leur fournir des abris et de l'assistance médicale.

M. Lakhdar Brahimi à la Conférence de Munich sur la sécurité

Les autorités syriennes privilégient la solution militaire pour régler le conflit dans ce pays qui a déjà fait plus de 130.000 morts, estime l'envoyé spécial de l'ONU et de la Ligue arabe, Lakhdar Brahimi.
«Le régime insiste toujours sur la solution militaire», a déclaré samedi M. Brahimi dans son discours à la Conférence de Munich sur la sécurité.
Selon le diplomate algérien, lors du premier round des négociations de Genève-2, les représentants du gouvernement syrien ont à plusieurs reprises affirmé qu'ils étaient «prêts à accepter le communiqué du 30 juin 2012 et à l'appliquer».
«Mais à chaque fois, ils répètent qu'il faut accorder la priorité à la lutte contre le terrorisme», a indiqué M. Brahimi.

Selon lui, les membres de la délégation gouvernementale soulignent que «le problème de la Syrie réside dans l'ingérence étrangère et les livraisons d'armes étrangères».
Le gouvernement de Damas est persuadé que s'il parvient à y mettre un terme, la Syrie réglera seule ses problèmes intérieurs.

Le premier round des négociations entre les délégations du gouvernement syrien et de l'opposition a pris fin vendredi. Selon M. Brahimi, «les débuts ont été difficiles et les progrès sont modestes».