Burkina : la société civile accuse l'armée de vouloir «saborder» le processus de transition démocratique

Publié par DK News le 05-02-2015, 16h29 | 40

La société civile burkinabè accuse l'armée de vouloir «saborder» le processus de transition démocratique suite à la demande de démission du Premier ministre Isaac Zida lancée par la garde présidentielle la veille.

L'appel à la démission de M. Zida par le RSP (Régiment de sécurité présidentielle) constitue «des tentatives de remise en cause du consensus national (...), de sabordage de la transition démocratique, de liquidation des espoirs (...) de la formidable insurrection populaire d'octobre 2014, et de retour à un passé révolu et à une direction militaire, militariste et anti-démocratique du pays», ont écrit une vingtaine d'organisations de la société civile dans une déclaration conjointe citée jeudi par l'AFP.

«Ces évènements coïncident curieusement avec un activisme important de l'ancien parti au pouvoir, qui annonce un agenda politique chargé dans les semaines à venir», observent les signataires, qui dénoncent «des tentatives de prise en otage de la transition de la part des forces du passé».

La société civile, qui met «en garde» les «éléments militaires complotistes» et «leurs parrains militaires et civils», réclame «la dissolution du RSP, condition indispensable d'un renouveau démocratique du pays et des sanctions «fermes et exemplaires» contre les auteurs d'actes «attentatoires à la sûreté nationale».

La garde présidentielle exige la démission du Premier ministre Isaac Zida qui dirige le gouvernement depuis deux mois, ont indiqué mercredi des sources sécuritaires.

Le jour même, le Conseil des ministres n'a pu se tenir, l'ensemble des ministres attendant le chef du gouvernement, pris par une réunion surprise avec des membres de la garde présidentielle, alors que les principaux chefs militaires étaient reçus par le président Michel Kafando.

Isaac Zida, ancien numéro 2 du Régiment de sécurité présidentielle sous le régime de l'ex-président Blaise Compaoré, a appelé en décembre 2014 à la dissolution «pure et simple» de cette unité d'élite, considérée comme la garde prétorienne de l'ancien chef de l'Etat, chassé par la rue après 27 années au pouvoir.

Le Premier ministre Zida est avec le président Michel Kafando l'un des deux principaux piliers des institutions de transition, qui ont succédé en novembre au régime de Compaoré.

Le communiqué d'organisations de la société civile, signé entre autres par le Balai citoyen, le Comité anti-référendum (CAR), le Forum des citoyens pour l'alternance (FOCAL) ou encore le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), appelle par ailleurs «l'ensemble des forces sociales et politiques», et notamment la jeunesse, «à se mobiliser pour faire barrage au retour au passé dépassé».