Yémen : échec des discussions de sortie de crise, dissolution du Parlement par la milice houthie

Publié par DK News le 07-02-2015, 16h44 | 35

La situation au Yémen s'est aggravée davantage après l'annonce vendredi par la milice chiite d'Ansaruallah de la dissolution du Parlement et de la mise en place d'un Conseil présidentiel au lendemain de l'échec des discussions de sortie de crise parrainées par l'ONU.

Dans une «déclaration constitutionnelle» rendue publique depuis le palais présidentiel, dont elle a pris le contrôle par la force le 20 janvier, la milice chiite, appelée aussi houthie, a également décidé de créer un Conseil national de 551 membres, qui remplace le Parlement dissous.Le Conseil présidentiel doit à son tour former un gouvernement de compétences nationales pour une période de transition, que la milice a fixé à deux ans dans son document.

Cette «déclaration constitutionnelle» a été lue lors d'une cérémonie à laquelle assistaient notamment des figures tribales et militaires, mais aussi les ministres de la Défense et de l'Intérieur du dernier gouvernement, qui a démissionné il y a deux semaines, le même jour que le président Abd Rabbo Mansour Hadi, sous pression de la milice chiite.

Les miliciens chiites sont entrés dans la capitale Sanaa le 21 septembre 2014 et ont depuis pris le contrôle de nombreux bâtiments gouvernementaux par la force, poussant l'exécutif à la démission. Parallèlement, ils ont étendu leur influence vers le centre du pays, se heurtant notamment à des tribus sunnites locales et à des éléments d'Al-Qaïda

Blocage des discussions

Les mesures prises par la milice houthie ont été annoncées au lendemain de la suspension des négociations entre les différentes formations politiques sur une sortie de crise. Parrainées par l'ONU, les difficiles tractations politiques au Yémen ont été suspendues jeudi soir faute d'accord, selon les négociateurs. D'autres participants ont confirmé que les discussions piétinaient.

Ces discussions qui ont eu lieu dans un pays sans exécutif depuis deux semaines, avaient réuni des représentants des principales forces politiques autour de l'émissaire de l'ONU au Yémen Jamal Benomar, au lendemain de l'expiration d'un ultimatum fixé par la milice chiite des Houthis à la classe politique pour s'entendre sur une sortie de crise.

Les négociations ont été axées notamment sur un projet de Conseil présidentiel de transition pour prendre les rênes du pays déstabilisé par la montée en puissance l'an dernier de la milice chiite, ont indiqué les participants.

Un délégué du parti socialiste, impliqué dans les discussions de sortie de crise, a fait état jeudi soir d'«un rapprochement entre les forces politiques sur la création d'un Conseil présidentiel».
Mais le débat portait encore sur la «composition et des prérogatives du Conseil», appelé à former «un gouvernement de salut national et à préparer, dans un délai d'un an, des élections législatives et présidentielle», a-t-il précisé.

Mercredi soir, une précédente rencontre, qui avait rassemblé pendant quatre heures plusieurs partis politiques non alliés aux Houthis, s'était terminée également sans résultat.Jamal Benomar avait alors indiqué qu'il ne saurait «accepter, qu'une solution pacifique (...), fruit du dialogue et de la négociation».

Sur le terrain, la tension reste vive: des miliciens houthis armés ont fait irruption jeudi dans les locaux du quotidien indépendant Akhbar Al-Youm à Sanaa où ils retenaient des employés, selon le directeur du journal, Seif al-Hadheri, dont le groupe publie aussi un hebdomadaire.

Par ailleurs, quatre policiers ont été tués dans une attaque armée jeudi à Aden, principale ville du Sud, selon une source de sécurité. L'attaque à l'arme automatique et aux obus a été lancée par des hommes armés du Mouvement sudiste, une alliance de groupes séparatistes, contre les policiers en faction sur une place de Mansoura, un quartier d'Aden, a-t-on précisé de même source.

A Shibam, ville du Hadramout (sud-est), un officier de police a été tué par des éléments présumés d'Al-Qaïda qui ont tiré en sa direction depuis la voiture à bord de laquelle ils circulaient, d'après une source de sécurité.