Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a affirmé hier que «les Etats-Unis et l'Union européenne (UE) se tiennent au côté du peuple ukrainien dans son combat» pour se rapprocher de l'Europe
.«Ils se battent pour le droit de s'associer à des partenaires qui les aideront à réaliser leurs aspirations. Ils considèrent que leur avenir ne dépend pas d'un seul pays et certainement pas sous la contrainte», a affirmé le chef de la diplomatie américaine, lors d'un discours prononcé à la Conférence de Munich sur la sécurité.
Ces aspirations sont selon lui «étouffées par les intérêts d'oligarques corrompus» qui «utilisent l'argent pour étouffer l'opposition, pour acheter des hommes politiques et des médias et affaiblir l'indépendance de la justice et les droits des ONG».
Cette prise de position de John Kerry est la plus forte exprimée à ce jour par Washington en faveur de l'opposition ukrainienne. Le chef de la diplomatie américaine doit également rencontrer à Munich les dirigeants de l'opposition ukrainienne.
Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé à la conférence de Munich, les critiques de responsables de l'UE et des Etats-Unis contre le gouvernement ukrainien et affirmé qu'ils devraient surtout condamner la «violence» des manifestants.
Pour M. Lavrov «l'Ukraine doit pouvoir choisir sans être soumis à des pressions» extérieures.
Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, avait auparavant dénoncé «les violences» en Ukraine et «la violence exagérée» des forces de sécurité.
Il a précisé qu'il ne considérait pas que «l'Otan ait un rôle à jouer» dans la crise ukrainienne.
Le mouvement de contestation né du refus du président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, fin novembre dernier de signer un accord d'association avec l'UE, y préférant un rapprochement avec Moscou, s'est transformé en une crise profonde.
50.000 manifestants de l'opposition à Kiev
Plus de 50.000 manifestants de l'opposition se sont rassemblés hier dans le centre de la capitale ukrainienne Kiev occupé par les contestataires depuis le début de la crise, ont rapporté des médias.
Les principaux dirigeants de l'opposition, Vitali Klitschko et Arseni Iatseniouk, de retour de Munich (Allemagne) où ils avaient menaient une vaste campagne de sensibilisation, ont été acclamés à leur arrivée sur la place de l'Indépendance où ils ont pris la parole, ont indiqué les médias. L'ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement de Ioulia Timochenko, Iouri Loutsenko a également pris la parole lors de cette manifestation, la première importante depuis dix jours.
Vendredi, les chefs de file de l'opposition, Klitschko et Iatseniouk, ont rencontré tour à tour le secrétaire d'Etat américain John Kerry et ses homologues français Laurent Fabius et allemand Frank-Walter Steinmeier, réunis pour la Conférence annuelle sur la sécurité de Munich.