Télévision connectée Un cheval de Troie dans le salon?

Publié par Par Samy Yacine le 16-02-2015, 16h36 | 73

Accusé par les critiques et défenseurs de la vie privée de s’adonner à la collecte de données privées à l’insu des usagers,  le nouveau Smart Tv de Samsung est loin de rassurer malgré les démentis ‘’mous’’  du  groupe sud coréen

Alors, il épie ceux qui le regardent ou pas ? Enregistre-t-il les conversations ? Transmet-il les fichiers à d’autres parties ? Autant d’interrogations à l’origine de  cette nouvelle polémique suscitée par histoire d’un  téléviseur qui vous écoute,  enregistre et transfère le tout à une tierce partie, sans vous demander quoi que ce soit. Des voix nombreuses se sont fait entendre sur cette fonctionnalité problématique de la  Smart TV, le .nouveau téléviseur  connecté de Samsung.

Le groupe sud coréen n’en a pas fini avec ces accusations qu’un nouveau front s’ouvre, en Australie, cette fois,  où il est accusé d’injecter des publicités dans ses téléviseurs connectés. Cela fait beaucoup plus qu’un buzz pour un constructeur, pas des moindres, qui règne sur une bonne partie du parc mondial des équipements des technologies de l’information et de la communication. 

La presse internationale a consacré de larges espaces aux téléviseurs connectés de Samsung, « Contrôlées par la voix…enregistrent, une fois allumées, l'ensemble de vos conversations avant de les envoyer à une tierce entreprise » souligne le quotidien  français liberation.fr qui y voit un problème ‘’orwellien’’, « lorsque vous ne savez pas qui peut écouter les conversations que vous tenez dans le confort de votre salon », écrit-il.

Une référence pas tout à fait innocente au fameux ouvrage publié en 1949 par George Orwell, sous le titre ‘’1984’’, dont le personnage central, Big Brother,  est assimilé,  depuis à « une figure métaphorique du régime policier et totalitaire, de la société de la surveillance, ainsi que de la réduction des libertés » lit on sur l’encyclopédie en ligne wikipedia.

Le roman décrit une société britannique dominée par un  régime totalitaire, où  « la liberté d'expression n’existe plus. Toutes les pensées sont minutieusement surveillées, et d’immenses affiches sont placardées dans les rues, indiquant à tous que « Big Brother vous regarde » (Big Brother is watching you) », poursuit  wikipedia.

Dans  les prescriptions d’usage de son nouveau téléviseur, indiquées par Samsung, il est clairement établi que les conversations sont susceptibles d’enregistrement et de vente à une partie tierce, le tout sans information ni consentement préalable de l’utilisateur. 

Le groupe Samsung précise que l’utilisateur a le loisir de désactiver la fonction, mais, ajoute dans ses prescriptions, d’après liberation.fr  que  «… si les mots que vous prononcez (à portée de la télévision) incluent des données sensibles ou personnelles, ces dernières seront, avec l’ensemble des autres données, enregistrées et transmises à un tiers par le biais du dispositif de reconnaissance vocale.»

L’acquéreur de téléviseur est également avisé qu’en cas d’activation,  l’icône d’un micro s’affiche sur l’écran pour lui signifier qu’il est ‘’sous écoute’’.Dans ce cas précis, quoi qu’il dise, ajoute le site du quotidien français, « Samsung l’enregistrera avant de la sauvegarder sur un serveur et de partager les données avec une tierce entreprise. »

De nombreux titres de la presse internationale n’ont pas hésité à deviner derrière cette ‘’tierce partie’’, la société Nuance, désignée comme la ‘’pépite de la reconnaissance vocale’’. Son siège social est à Burlington dans le Massachusetts, et elle  « fournit notamment ses logiciels à Siri, le système de commande vocale de l'iPhone d'Apple, et équipe aussi les smartphones et tablettes de son rival sud-coréen Samsung » rapporte le site boursier.com.

Après le ‘’tollé’’ médiatique, le groupe sud coréen tente de rectifier le tir par une campagne de communication qui, selon toute vraisemblance n’a pas convaincu des masses. Et pour cause ; en réponse à des questions du quotidien britannique The Guardian, Samsung a tenu à rappeler son engagement  pour le respect de la vie privée des consommateurs.

Sans démentir la captation des conversations par ses nouveaux téléviseurs, la société rappelle les options offertes aux utilisateurs de retirer ou non cette fonction et insiste sur la transparence de son procédé qui, rappelle-t-elle, est clairement signalé par une icône  de micro visible sur l’écran. Mais là où Samsung semble avoir raté le coche c’est lorsqu’elle s’essaie à  démentir vendre ces informations à des tierces personnes tout en avertissant l’utilisateur que ses données, une fois enregistrées,  sont susceptibles d’être  cédées à une tierce partie.

Mais, de l’avis de nombreux observateurs et analystes de telles pratiques marketing semblent constituer le lot des objets connectés, dont le nombre ne cesse d’augmenter, et qui ont tous pour vocation d’en connaître de plus en plus sur leurs utilisateurs sans avoir à leur demander quoi que ce soit ; même pas leur avis. Cela n’empêche pas que l’affaire risque de contribuer au filoutage de l’image du géant électronique sud coréen.