Des spécialistes appellent à une solution pacifique en Libye et rejettent l'intervention militaire

Publié par DK News le 17-02-2015, 19h01 | 25

Des spécialistes ont souligné, mardi, l'impératif de trouver une solution pacifique qui inclura toutes les parties libyennes et d'établir une coordination en matière de sécurité et de renseignements entre les pays de la région pour faire face à la menace terroriste précisant que que toute intervention militaire en Libye, tel que prôné par certains pays dont l'Egypte, ne fera que compliquer la situation sécuritaire et politique dans ce pays.

«Les pays qui appellent à une intervention militaire pour résoudre la crise en Libye ont adopté une approche erronée qui donnera des résultats néfastes dont la transformation de ce pays en un foyer de tension pour de longues années dès lors que la crise libyenne est nourrie par des conflits d'intérêts internes, régionaux et internationaux», a déclaré à l'APS le Dr Lazhar Marok, enseignant à l'université d'Alger 3.

Il a précisé à ce propos, que l'intervention militaire «si elle venait à se concrétiser, atténuera, voire anéantira, les chances du dialogue pour résoudre pacifiquement la crise, soulignant que celle-ci ne règlera ni le problème des milices ni celui de la prolifération des armes à travers tout le territoire libyen».

De son côté, le Dr Mounes Mesbah, enseignant à la même université, a estimé que «tous les évènements qui surviennent actuellement en Libye, préparent le terrain pour la concrétisation d'une alliance internationale comme c'est le cas en Irak et Syrie», rappelant que la situation en Libye était extrêmement complexe. Les forces régionales comme le Qatar, la Turquie et Israël ne font que la compliquer car chacun d'eux a un agenda pour la Libye», a-t-il encore dit.

«Les grandes puissances dont les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, ont eux, aussi leur propre agenda et il est même propable que la stabilité dans ce pays ne soit pas dans leur intérêt» , a-t-il poursuivi.

D'autre part, les experts ont été unanimes à dire que l'«infiltration de l'organisation autoproclamée Etat Islamique (Daech) dans le nord de l'Afrique mènera à une explosion de la situation dans cette région si les pays voisins ne s'empressaient pas à établir une coordination en matière de sécurité et de renseignements pour venir à bout de cette organisation terroriste». Dr Mesbah a estimé à cet égard que la coordination sécuritaire s'impose entre les pays de la région. Mais, a-t-il soutenu, des pays ont la volonté d'agir dans ce sens mais d'autres ont des priorités différentes.

Pour lui, la solution consiste à fortifier l'Etat libyen afin d'y asseoir la sécurité. L'intérêt de l'Egypte et de l'Algérie est dans la stabilité de la Libye avec laquelle les deux pays partagent des frontières étendues qui peuvent influer sur leur sécurité nationale, a-t-il encore considéré. L'Egypte a mené des frappes aériennes contre des positions de l'organisation Daech en Libye en représailles à la décapitation de 21 ressortissants égyptiens revendiquée par cette organisation terroriste.

Les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français François Hollande ont appelé conjointement l'ONU à réunir son Conseil de sécurité pour décider de «nouvelles mesures». En mars 2011, la France a conduit sous l'égide des nations unies, une intervention internationale en Libye à l'origine de la chute du régime de Mouamar Kaddafi mais cette coalition internationale n'a pu rétablir la stabilité et la sécurité dans ce pays en proie, depuis, à une spirale de violence du fait de milices et d'organisations terroristes.

Le Premier ministre italien Matteo Renzi a écarté, lundi, toute intention de son pays d'intervenir actuellement en Libye. Les propos du Premier ministre italien intervenaient suite aux préoccupations exprimées par de nombreux ministres concernant l'escalade terroriste dans l'est de la Libye et leur désir de voir leur pays participer à un intervention militaire onusienne.