Yémen : Le président Hadi revient sur sa démission, veut un dialogue hors de Sanaa

Publié par DK News le 24-02-2015, 18h04 | 32

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Aden, est officiellement revenu sur sa démission mardi après avoir appelé la veille à la poursuite du dialogue de sortie de crise hors de la capitale Sanaa contrôlée depuis plusieurs mois par une milice chiite.

M. Hadi, dont la démission annoncée en janvier sous la pression des miliciens chiites appelés Houthis n'a jamais été entérinée par le Parlement, a dans une lettre adressée à l'Assemblée (Parlement), informé les députés du retrait de sa démission.

Samedi dernier, le président Hadi (69 ans) avait réussi à fuir Sanaa et est réapparu à Aden, (sud) où il avait déjà déclaré assumer ses fonctions qualifiant de «nulles et non avenues» toutes les mesures prises par les Houthis.

«Sauver ce qui peut encore être sauvé»

Dans la même lettre, le président Hadi appelé les députés à coopérer avec lui pour «sauver ce qui peut encore être sauvé et normaliser la situation sécuritaire et économique dans toutes les provinces» du Yémen.

M. Hadi a également appelé les ministres du gouvernement démissionnaire à «se rendre immédiatement à Aden pour se réunir», a indiqué un de ses assistants. Le Premier ministre Khaled Bahah avait démissionné au même moment que le président après que les Houthis eurent pris d'assaut le palais présidentiel et encerclé la résidence du chef de l'Etat.

Le Premier ministre yéménite reste assigné à résidence à Sanaa, tout comme des ministres et d'autres responsables gouvernementaux. Lundi, la milice chiite des Houthis avait exigé des membres du gouvernement démissionnaire qu'ils gèrent les affaires courantes, sous peine d'être traduits en justice pour «trahison».Venus du nord, les Houthis étaient entrés dans Sanaa en septembre 2014 et avaient progressivement renforcé leur emprise sur la capitale.

Hadi veut des discussions «dans un endroit sûr»

Dans un entretien téléphonique avec l'émissaire de l'ONU au Yémen Jamal Benomar, le président hadi a demandé, depuis Aden, fief de ses partisans, que le dialogue pour une sortie de crise se poursuive hors de la capitale Sanaa.

M. Hadi a exprimé des «réserves quant à la poursuite du dialogue politique à Sanaa», a indiqué lundi l'émissaire de l'ONU. «Il a souhaité que (ce dialogue) soit déplacé» et se tienne «dans un 'endroit sûr' avec l'accord des participants».

Selon M. Benomar, M. Hadi a renouvelé son attachement au processus de transition politique et aux efforts de l'ONU qui parraine des discussions destinées à trouver une solution politique à la crise qui n'a cessé de s'aggraver depuis six mois.

Il s'est également félicité, selon la même source, de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui a exigé le 16 février de la milice des Houthisde renoncer au pouvoir à Sanaa.Le dialogue national, lancé il y a plus de six mois, porte notamment sur la transformation du Yémen en une fédération de six régions, une formule rejetée par les Houthis.

Pour rappel, le président Hadi avait réussi samedi à déjouer l'attention des gardes de la milice chiite qui le maintenaient en résidence surveillée à Sanaa depuis plusieurs semaines, pour gagner Aden.
Dans une première réaction, les six pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) -Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Oman, Qatar et Koweït- ont salué «un pas important qui affirme sa légitimité».

Ils ont appelé dans un communiqué le peuple yéménite et les partis à «soutenir le président dans l'exercice de toutes ses prérogatives constitutionnelles afin de mettre fin à la dangereuse situation créée par les Houthis».