Centrafrique : le Conseil de sécurité de l'ONU doit dénoncer les attaques contre les musulmans

Publié par DK News le 09-03-2015, 15h36 | 37

Les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont une délégation entamera sa première visite en République centrafricaine le 9 mars, devraient dénoncer publiquement les attaques persistantes perpétrées contre les civils, notamment contre les musulmans pris au piège dans des enclaves, a déclaré Human Rights Watch lundi.

«Cette visite est l'occasion pour les membres du Conseil de sécurité de l'ONU d'intervenir et d'affirmer à ceux qui commettent des atrocités en République centrafricaine que le temps de l'impunité est révolu», a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch.«L'amélioration de la protection des civils et la garantie de la justice pour les meurtres brutaux qui ont ravagé le pays devraient figurer en priorité de leur agenda», a-t-il ajouté.

La délégation du Conseil de sécurité de l'ONU passera près de 36 heures en RCA, où elle rencontrera des autorités du gouvernement de transition, des hauts responsables de la mission de l'ONU pour la consolidation de la paix (MINUSCA), ainsi que des représentants d'organisations non gouvernementales.

«Il est crucial de s'attaquer à l'impunité endémique régnant en République centrafricaine afin d'obtenir une paix à long terme», a insisté M. Bekele. Les membres du Conseil de sécurité devraient également profiter de leur visite pour évoquer le calvaire de centaines de résidents musulmans pris au piège dans des enclaves dans l'ouest de la RCA.

Dans l'enclave de Yaloké, environ 500 bergers peuls musulmans vivent dans des conditions déplorables, et le nombre de décès évitables va croissant.Depuis février 2014, au moins 44 Peuls musulmans, des enfants pour la plupart, sont morts de malnutrition, de maladies respiratoires et autres maladies.

Depuis décembre, les distributions de denrées alimentaires dans cette enclave ont augmenté et quelques enfants ont pu être réunis avec leurs familles. Mais il n'y a toujours aucune solution pour la majorité des autres, selon la même source.

Des agences humanitaires de l'ONU et Human Rights Watch ont appelé à maintes reprises à l'évacuation des musulmans pris au piège, qui ont clairement exprimé le souhait de partir. Le gouvernement s'oppose à toute nouvelle évacuation de musulmans sans son consentement, craignant d'être considéré comme contribuant à un nettoyage ethnique.

«Les forces de maintien de la paix ne devraient pas se rendre complices de mesures empêchant les musulmans de quitter Yaloké ou tout autre enclave, et elles devraient plutôt les aider à partir dans la dignité et en toute sécurité», a indiqué Daniel Bekele. «Les membres du Conseil de sécurité doivent signifier aux autorités gouvernementales de revoir des politiques qui violent les droits des musulmans à rechercher la sécurité à l'étranger».

La République centrafricaine traverse une crise profonde depuis que les rebelles de la Séléka, musulmans pour la plupart, se sont emparés du pouvoir en 2013, lors d'une campagne marquée par des violations des droits humains généralisées.

A la mi-2013, des groupes se désignant eux-mêmes sous le nom d'anti-balaka se sont soulevés pour combattre la Séléka. Les anti-balaka, qui nourrissent une haine contre les musulmans, ont d'abord commis des attaques à grande échelle en représailles contre des civils musulmans et plus tard contre d'autres personnes.

Le cycle meurtrier de violence sectaire a dévasté des régions situées dans l'ouest du pays en 2013 et 2014. Cela a provoqué l'exode massif d'environ 415 000 personnes, musulmanes pour la plupart, vers les pays voisins.

Le rétablissement de l'Etat de droit représente un défi immense pour les autorités du gouvernement de transition et pour les forces de maintien de la paix de l'ONU.