Conférence sur l'Egypte : Plusieurs milliards de dollars promis au pays en difficulté économique et sécuritaire

Publié par DKNews le 15-03-2015, 18h17 | 20

Plusieurs milliards de dollars ont été promis à l'occasion de la conférence internationale de Charm el-Cheikh, organisée pour attirer les capitaux étrangers en Egypte afin de l'aider à redresser son économie et pour le soutien dans sa guerre contre le terrorisme.

Le ministre égyptien de la Planification Ashraf, dont le pays est confronté à une économie en difficulté depuis la révolte de 2011, et touchée par les violences terroristes dans le Sinaï, s'est félicité samedi des promesses d'investissements et d'aide à la conférence.

Des sources gouvernementales ont annoncé la conclusion en marge de la rencontre de plusieurs accords et mémorandums d'entente pour le financement de grands projets d'investissements en Egypte avec des sociétes arabes et internationales, d'une valeur de 80 milliards de dollars.

Vendredi à l'ouverture de la conférence économique sur l'avenir de l'Egypte à Charm el-Cheikh (station balnéaire sur la Mer rouge dans le Sinaï), l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et le Koweït, qui ont déjà déversé des milliards à l'Egypte depuis la destitution de l'ex-président Mohamed Morsi le 3 juillet 2013 par l'armée, ont créé la surprise en promettant 4 milliards de dollars chacun d'aide et d'investissements supplémentaires. Oman a rajouté 500 millions.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry dont la venue avait été annoncée à la dernière minute, a lui réitéré le soutien de son pays à l'Egypte, et promis samedi une «décision très prochainement» pour le déblocage d'une dernière enveloppe d'assistance militaire de 650 millions de dollars.

Les Etats-Unis allouent en principe chaque année 1,5 milliard de dollars d'aide à l'Egypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire. Mais une partie avait été gelée avec la destitution de M. Morsi et la sanglante répression de ses partisans.

Washington avait conditionné la reprise de cette aide à des réformes démocratiques. Depuis, des hélicoptères de guerre Apache ont été livrés pour appuyer Le Caire dans sa lutte contre «les jihadistes» dans le Sinaï.

Kerry devait aussi discuter avec al Sissi d'un «éventail de sujets, bilatéraux et mondiaux, notamment les efforts de la coalition contre l'Etat islamique, la situation en Libye, et la crise en cours en Syrie», avait indiqué le département d'Etat.

Washington comme d'autres capitales occidentales, fait mine de s'émouvoir de la sanglante répression menée par les partisans de Morsi, premier président élu démoratiquement, mais les Etats-Unis ont rapidement admis qu'ils «ne pouvaient pas bouder» l'Egypte «face aux jihadistes».

Un expert juge également que le soutien des Etats-Unis vient du fait qu'ils «considèrent que le gouvernement égyptien fait face à la menace des mouvements terroristes.»

Mais l'ONU et de nombreuses ONG de défense des droits de l'Homme accusent M. al Sissi d'avoir mis en place un régime «plus répressif» que celui de Hosni Moubarak, renversé en 2011 par une révolte populaire.

En un an et demi, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués, plus de 15.000 de ses partisans emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs de partisans ou membres dirigeants des Frères musulmans, déclaré organisation terroriste par Le Caire, et impliqués dans de violences meurtrières dans le pays. 

La conférence de Charm el Cheikh, qui prend fin dimanche, était l'occasion pour ce pays d'attirer les capitaux étrangers pour redresser son économie d'un côté et pour le soutien dans sa guerre contre les groupes terroristes auteurs d'attentats visant la police et l'armée dans le Sinai, revendiqués quasi quotidiennement par des groupes terroristes dont la branche égyptienne de l'organisation autoproclamée Etat islamique (EI/Daech).

M. al Sissi est le principal chef d'Etat de la région qui réclame la formation d'une «force arabe commune» pour faire face à cette menace, au menu du sommet de la Ligue arabe fin mars.

Le sujet est jugé important car la coalition internationale conduite par les Etats-Unis se contente pour l'heure de bombarder l'EI en Irak et en Syrie, en plus d'actions au sol de l'armée irakienne avec des milices alliées et de forces kurdes en Syrie.

Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a récemment souligné «le besoin pressant d'une force arabe» au moment où l'EI étend son influence en Libye et dans le Sinaï égyptien, tout en multipliant les atrocités en Irak et en Syrie. Fin février, le président égyptien avait indiqué que l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït et la Jordanie pourraient s'impliquer dans une telle initiative.

Mais l'Egypte, «au bord du gouffre économiquement», a aussi besoin des investisseurs étrangers, échaudés pour l'heure par les attentats.

M. al Sissi se prépare selon des sources gouvernementales à promulguer une loi pour faciliter les investissements, alors que les autorités espèrent atteindre un taux croissant de 4,3 %c pour l'année 2015/2016, contre une moyenne de 2 % sur les quatres années qui ont suivi la révolte de 2011.

Les travaux de la conférence internationale sur l'Egypte ont débuté vendredi avec la participation de Chefs d'Etat et de gouvernement, de hauts responsables, de quelque 3000 hommes d'affaires et investisseurs, de représentants d'entreprises économiques de 120 pays, dont l'Algérie, ainsi que de bailleur de fonds régionaux et internationaux.