Cheikh Abdelkader El-Medjaoui Centenaire de la mort d'un précurseur algérien de l'islah

Publié par DK News le 08-02-2014, 16h37 | 121

Cent ans se sont écoulés depuis la disparition de l'un des précurseurs les plus «féconds» et «pertinents» de l'islah (réforme) en Algérie, le Cheikh Abdelkader El-Medjaoui (1848-1914) qui s'était illustré dès les 40 premières années du colonialisme français par la défense des valeurs fondamentales du peuple algérien, alors combattues dans la violence par les tenants du colonialisme.

Issu d'une famille tlemcénienne au sein de laquelle il a trouvé les ressorts de son parcours d'intellectuel «particulièrement fécond et pertinent», El-Medjaoui quittait son pays dans les années ayant suivi la fin de la résistance de l'Emir Abdelkader et la naissance de la deuxième République en France, pour s'établir au Maroc.

Il poursuit ses études à El-Qaraouiyyine, avant de rentrer en Algérie en 1869, où il trouve une population dévastée par les grandes épidémies et les famines qui ont décimé plus de 300.000 autochtones, soit près de 10% de la population, ce qui l'avait amené à méditer, dès lors, le sort réservé par la colonisation au peuple algérien.

Il s'installe à Constantine où il débute comme enseignant dans une petite école de quartier.
C'est surtout, les confiscations des terres aux Algériens par les colons, avec l'aide des militaires français, et la mise en oeuvre du décret Crémieux (1871), hissant les colons chrétiens et les juifs au rang de «Citoyens français» et reléguant les musulmans dans une sous-classe sociale, qui éveille fortement la conscience du penseur.

El-Medjaoui alors, tire ses conclusions: l'urgence et la priorité est la préservation d'un niveau minimum de dignité humaine chez les autochtones et la préservation de l'islam et la langue arabe, éléments qui s'étaient dressés comme un rempart infranchissable face à l'occupant et que le système colonialiste cherchait à détruire avec acharnement.

Pour accomplir sa mission, El-Medjaoui doit user de moyens subtils pour déjouer le contrôle et la vigilance de l'administration qui utilise de tous les stratagèmes pour conserver l'Algérie sous son joug. De 1873 à 1898, El-Medjaoui est successivement Mouderrès (enseignant) à la mosquée Sidi-El-Kettani puis professeur de grammaire arabe à la médersa El-Kettania de Constantine.
Tout au long de son parcours d'imam, d'enseignant et de penseur, Abdelkader El-Medjaoui tient des conférences dans le but d'extraire ses compatriotes du chaos social et intellectuel dans lequel ils ont été poussés et de lutter contre le pouvoir hégémonique de l'occupant.

En 1898, l'administration le transfert à la Médersa d'Alger, comme professeur du théologie et d'exégèse coranique, le coupant de ses réseaux de soutien constantinois, qui ne l'empêche pas de poursuivre son action. Tout ce temps, il avait publié des ouvrages de grammaires, d'astronomie, de théologie, d'économie politique, d'épistémologie, de philosophie dans lesquels il transmettait des messages que sles traducteurs et interprètes militaires qui le guettaient ne percevaient pas aisément.