L'attaque terroriste perpétrée mercredi contre le musée du Bardo en plein Tunis, faisant 22 morts dont 20 touristes étrangers, a suscité l'indignation de toute la classe politique tunisienne qui a appelé à l'unité nationale pour combattre le terrorisme et poursuivre le processus démocratique et la voie du consensus.
Le mouvement Nidaa Tounès, première force politique en Tunisie, a condamné avec fermeté «ce crime lâche qui a pour objectif de saper le moral du peuple tunisien et de déstabiliser les institutions du pays ainsi que sa démocratie naissante», et a plaidé en faveur de la mise en place d'une stratégie claire et globale de lutte contre le terrorisme qui engagerait toutes les parties.
Le mouvement appelle tout les Tunisiens à la vigilance, à la solidarité et à l'entraide. «Nous sommes, aujourd'hui, en état de guerre ouverte contre le terrorisme», lit-on dans une déclaration du parti, publiée mercredi soir.
Il exhorte, par ailleurs, les autorités à prendre les mesures nécessaires en vue d'éradiquer le terrorisme, notamment à travers «la mobilisation de toutes les forces vives du pays, le développement des outils des services de renseignement, la neutralité des mosquées, la lutte contre les foyers terroristes, le renforcement du contrôle des frontières, la consolidation de la coopération régionale et internationale et l'accélération de l'adoption de la loi antiterroriste».
Le président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a estimé, pour sa part, que cette attaque terroriste «dénote d'un état d'esprit malade et d'une interprétation erronée de l'islam».
S'exprimant lors d'une conférence de presse, M. Ghannouchi a ajouté que «ces terroristes n'ont rien à voir avec la religion et le patriotisme et sont l'expression même de la barbarie», ajoutant qu'«avec cette attaque barbare, les terroristes ont voulu déstabiliser le pays et nuire à son unité, à la transition démocratique et à l'économie nationale».
«Si cette attaque avait été perpétrée dans une dictature nous aurions dit que c'est là une réaction naturelle, mais qu'elle soit commise dans une démocratie comme la Tunisie nous étonne», a-t-il ajouté.
M. Ghannouchi a appelé toutes les parties à éviter d'instrumentaliser cette attaque et à s'unir face au terrorisme, soulignant que «prendre pour cible le Musée du Bardo a pour but d'effacer l'histoire du pays comme en Irak et en Syrie. C'est aussi une atteinte à la souveraineté nationale et à la plus ancienne institution de pouvoir : l'Assemblée des représentants du peuple».
Réunis mercredi en séance plénière extraordinaire, les députés de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) ont plaidé pour l'élaboration d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et l'accélération de l'adoption de la loi antiterroriste et de protection des sécuritaires.
Les députés, issus des différents groupes parlementaires, ont dénoncé le terrorisme sous toutes ses formes qualifiant de «lâche» et d'«odieux» l'attaque qui a ciblé le musée du Bardo, appelant à «l'unité nationale et à faire prévaloir l'intérêt supérieur du pays loin des tiraillements politiques» et affirmant que «l'étape actuelle nécessite un consensus national».
Ils ont aussi salué «les efforts fournis par l'armée et les forces sécuritaires pour défendre le pays» appelant à les appuyer au niveau logistique pour faire face au fléau du terrorisme et ont proposé l'augmentation des budgets des ministères de la Défense nationale et de l'Intérieur lors de l'examen du projet de la loi des finances complémentaires de cette année.
De son côté, l'ex président tunisien, Moncef Marzouki, qui a condamné cette attaque «odieuse» contre le musée de Bardo, a appelé «les autorités à mettre en œuvre et activer rapidement des stratégies complémentaires pour faire face à ce fléau qui menace toutes les sociétés».
Le principal syndicat du pays, l'UGTT a lui appelé à «mobiliser les forces du peuple et tous les organes de l'Etat à déclarer la guerre tous azimuts au terrorisme».
S'exprimant à l'issue de sa visite effectuée au musée du Bardo sur les lieux de l'attaque, le ministre tunisien de l'Intérieur, Mohamed Najem Gharsalli a estimé que cet acte «odieux ne fait qu'unir les Tunisiens dans leur combat contre le terrorisme». Il a exhorté les Tunisiens, les partis politiques, les composantes de la société civile et les cadres militaires et sécuritaires, à se mobiliser pour défendre le pays, et à aller de l'avant pour enraciner les fondements de la deuxième République.
Selon les premiers éléments de l'enquête, «l'attaque terroriste a été menée par deux assaillants seulement» ont indiqué les autorités, estimant que «d'autres parties» ont apporté aux terroristes «un appui logistique et ont préparé les conditions nécessaires pour perpétrer leur attaque».