Yémen : les combats s'intensifient au sud, craintes d'une guerre civile

Publié par DK News le 25-03-2015, 16h07 | 21

Des combats à l'arme lourde se sont déroulés mardi dans les provinces de Dhaleh et de Lahej, proches de celle d'Aden, entre les belligérants de la crise au Yémen, confirmant les craintes d'une guerre civile exprimée par la communauté internationale qui n'a eu de cesse d'appeler à la retenue.

Les forces favorables au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont pilonné des positions des miliciens houthis qui ont réussi à prendre le contrôle du complexe de l'administration locale à Dhaleh. Cette bataille pour le contrôle du camp de la 33e brigade blindée, basée dans le nord de cette ville, s'est soldée dans l'après-midi par 10 morts et plusieurs blessés dans les rangs des anti-Hadi.

Simultanément, dans la province de Lahej, des accrochages opposaient mardi des forces pro-Hadi à des troupes conduites par des Houthis, dont deux véhicules de transport de troupe et un blindé ont été détruits, selon les médias. Le ministre de la Défense, le général Mahmoud al-Soubeihi, fidèle à M. Hadi, avait exhorté lundi ses hommes à renforcer leurs positions pour "contrer toute avancée des Houthis".

Une campagne de recrutement de 20.000 soldats a été justement lancée pour pallier la faiblesse des troupes gouvernementales contre les milices houthies qui étendent de plus en plus leurs positions vers le sud du pays. Par ailleurs, les forces hostiles au président yéménite tentaient dans la journée de resserrer l'étau sur Aden, grande ville du sud où est retranché le chef de l'Etat, dont les partisans se mobilisaient pour enrayer leur progression.

Les Houthis, qui cherchent à étendre leur influence vers le sud du Yémen après s'être emparés de la capitale Sanaa, progressent ainsi sur les axes de Dhaleh et de Lahej avec l'aide de forces fidèles à l'ex-président Abdallah Saleh.

Des manifestations virent aux affrontements meurtriers

A Taëz (sud-ouest du Yémen), au moins cinq personnes ont été tuées et 80 blessées quand des milices houties ont ouvert le feu sur une manifestation hostile à leur présence dans la ville.
Les manifestants protestaient pour la troisième journée consécutive contre la milice des Houthis, qui s'est emparée ces derniers jours de l'aéroport, d'un campement des forces spéciales et d'autres installations à Taëz. La tension est très vive non seulement à Taëz mais aussi dans d'autres localités de la province de même nom où la population est largement hostile aux Houthis.

Par ailleurs, selon des sources tribales, les Houthis combattent depuis lundi soir des tribus favorables au président Hadi dans la province d'Al-Baïda (centre). Neuf combattants tribaux et quinze miliciens houthis ont été tués.Les hommes des tribus ont déminé deux maisons servant de bases aux Houthis et à leurs alliés et tendu des embuscades à plusieurs de leurs patrouilles, ont indiqué ces sources.

Plus au nord, dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, des tribus ont repoussé lundi soir un convoi des Houthis au prix de violents combats qui ont fait "des dizaines de morts", dont six membres de tribus, selon des sources tribales.

Il n'était pas possible de confirmer ce bilan de source indépendante. Les hôpitaux ont lancé un appel aux dons du sang pour faire face au grand nombre de blessés.

Une intervention étrangère n'est pas écartée

Le président Abd Rabbo Mansour Hadi est considéré comme le chef de l'Etat légitime du Yémen par les Nations unies, et les haut gradés de l'armée régulière multiplient les appels à l'aide.Dans des déclarations diffusées lundi par la chaîne de télévision Al-Hadath, le ministre par intérim des Affaires étrangères Ryad Yassin a demandé aux monarchies du Golfe d'intervenir militairement pour "stopper l'expansion des Houthis".

"Le Yémen a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'imposer une zone d'exclusion aérienne sur les aéroports contrôlés par les Houthis", a-t-il dit.A la question de savoir si Ryadh pourrait aider militairement le président Hadi, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, a répondu que si aucune solution politique n'était trouvée, les pays de la région prendraient les "mesures" nécessaires pour "protéger" leurs intérêts face à "l'agression".

Après avoir pris la capitale et conforté leur présence dans le nord, les miliciens houthis mènent une offensive en direction d'Aden (sud) où est retranché le président Abd Rabbo Mansour Hadi qui a fui Sanaa en février.

Les belligérants continuaient mardi de mobiliser leurs troupes, malgré des appels internationaux à la désescalade et la mise en garde de l'ONU contre une guerre civile dans ce pays de la péninsule arabique.

Le Yémen est au bord d'"une guerre civile", a averti l'émissaire de l'ONU Jamal  Benomar et risque la "dislocation" avec "une division croissante entre le nord et le sud".