Libye : un rapport des Nations unies dénonce une série d'attaques violentes contre des défenseurs des droits de l'homme

Publié par DK News le 26-03-2015, 18h59 | 27

Un rapport des Nations Unies publié mercredi à Genève met en lumière une série d'attaques violentes et de menaces contre des défenseurs des droits de l'homme en Libye.

Ces attaques survenues depuis l'intensification des combats en mai 2014 incluent «des meurtres, des enlèvements, des tortures, des mauvais traitements, des privations illégales de liberté et des menaces de mort par téléphone ou via les réseaux sociaux». Elles ont été documentées dans un rapport conjoint établi par la Mission des Nations unies en Libye (Misnul) et le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme.

A travers tout le pays, des groupes armés prennent pour cible les défenseurs des droits de l'homme qui tentent de mettre en lumière les violations et abus des droits de l'homme, souligne le document. «Beaucoup ont été tués», a déclaré à la presse Claudio Cordone, chef de la division des droits de l'homme à la Misnul, sans donner de chiffres clairs.

«Le pays a atteint son pire niveau de répression depuis la révolution. Tout le monde est exposé», a affirmé M. Cordonne. Parmi les cas cités dans le rapport le cas d'une militante bien connue de la société civile, Entissar al-Hassaeri, qui a été abattue le mois dernier, à Tripoli. Son corps, et celui de sa tante, ont été retrouvés dans le coffre de sa voiture le 23 février.

Deux membres de l’ONG de défense des droits de l’homme, la National Commission for Human Rights-Libya, ont également été enlevés les 13 et 14 février dans le centre de Tripoli. Ils ont été relâchés depuis, mais d’autres défenseurs des droits de l’homme et membres de la société civile sont toujours portés disparus ou se cachent.

«Etant donné les risques croissants, les meurtres de défenseurs des droits de l’homme et les menaces répétées, beaucoup ont fui le pays, ont cessé de s’exprimer ou ont été contraints de travailler en secret, s’exposant ainsi que leurs proches à de grands risques», indique le rapport.

«Ceux qui ont réussi à fuir à l’étranger sont confrontés à une pléthore de problèmes liés à leur statut de résident et à l’expiration de leurs passeports, sans possibilité d’extension auprès de certains consulats libyens ainsi qu’à des pertes de revenu et autres difficultés financières», pouruit le texte.

Le rapport avertit que «les personnes qui commettent des crimes au regard du droit international, dont beaucoup sont documentés dans le rapport, sont pénalement responsables, y compris devant la Cour pénale internationale».

Il insiste sur le besoin «crucial» de reprendre la mise en place des institutions étatiques, en particulier des services chargés de l’application des lois et du système judiciaire en général. Le rapport exhorte toutes les parties à condamner publiquement les attaques contre les membres de la société civile.

Le rapport demande aussi «aux autorités libyennes et à celles exerçant un contrôle effectif sur le terrain de cesser immédiatement toute attaque contre des défenseurs des droits de l’homme et d’agir pour stopper ces attaques».

Il leur demande aussi d’œuvrer pour créer un environnement sûr et qui permette à ces défenseurs de poursuivre le travail indispensable qu’ils mènent pour la protection et la promotion des droits de l’homme en Libye.

Selon le rapport, 200.000 à 300.000 Libyens sont désormais armés, dix fois plus que les 20.000 à 30.000 Libyens lors de la révolte contre l'ancien régime.