Yémen : Le médiateur de l'ONU démissionne, la coalition arabe poursuit ses raids

Publié par DK News le 16-04-2015, 17h13 | 20

Le médiateur de l'ONU au Yémen Jamal Benomar a présenté sa démission après avoir tenté en vain de résoudre la crise dans ce pays où la coalition arabe menée par l'Arabie saoudite poursuivait jeudi ses raids contre les positions des rebelles chiites houthis, visés par des sanctions onusiennes, dont un embargo sur les armes.

M. Benomar a fait part de «sa volonté de quitter son poste» de conseiller spécial du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon pour le Yémen, a affirmé la veille un responsable onusien ayant requis l'anonymat.

Nommé par M. Ban en août 2012, M. Benomar avait mené en vain une médiation entre les protagonistes de la crise yéménite après la chute de l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh sous la pression de la rue.

Cette crise s'est transformée ces derniers mois en guerre ouverte entre le gouvernement internationalement reconnu du président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, et les miliciens chiites houthis.

Ces derniers sont entrés dans la capitale Sanaa fin septembre 2014 puis par la suite ont étendu leur affluence dans plusieurs régions du pays, obligeant le président Hadi à se réfugier à Aden (sud) avant de quitter le pays pour l'Arabie saoudite.

M. Benomar avait été la cible de vives critiques de la part des partisans de M. Hadi et par le Conseil de coopération du Golfe, notamment l'Arabie saoudite.

Pour les pays du Golfe M. Benomar avait été dupé par les Houthis, qui  se sont engagés dans des pourparlers de paix tout en poursuivant leur offensive sur le terrain.

Parmi les successeurs probables de M. Benomar figure en particulier l'actuel chef de la mission de l'ONU pour la lutte contre Ebola, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait pourtant renouvelé mardi sa confiance à son médiateur et avait adopté également une résolution qui somme les Houthis de quitter le pouvoir et leur impose un embargo sur les armes et des sanctions.

Les Nations unies ont également sommé les rebelles à se retirer des des régions qu'ils ont conquises depuis septembre 2014, y compris la capitale Sanaa.

Poursuite des raids de la coalition, violents combats au sol

Jeudi, l'aviation de la coalition arabe a bombardé une base militaire loyale aux rebelles houthis dans la localité d'Arhab, située au nord de Sanaa.

De la fumée s'échappait de la base, dont des parties ont été détruites dans le bombardement, selon des sources locales. Cette même base avait été déjà la cible de raids des avions de la coalition.
Mercredi, la coalition a pris pour cibles des positions rebelles à Aden, notamment dans les quartiers de Crater et de Khor Maksar.

Alors que la coalition arabe poursuit ses raids, les combats entre partisans et adversaires Hadi ont fait 16 morts la veille dans la province de Daleh (sud), tandis que sept personnes ont été tuées dans des attaques rebelles à Aden.

A l'ouest d'Aden, les rebelles chiites ont lancé une offensive pour tenter de prendre le contrôle d'une raffinerie de pétrole importante à Ras Imran, selon une source militaire.

Outre Aden, la deuxième ville du pays, Taëz a été également le théâtre d'affrontements entre les partisans du président Hadi et des Houthis. Des officiers pro-Hadi ont affirmé avoir tué une vingtaine de Houthis, en déplorant toutefois la perte de trois des leurs.

Des partisans du président yéménite ont également affirmé avoir tué 16 Houthis dans des embuscades et des échanges de tirs dans la province de Daleh, au nord d'Aden. L'intensification des combats a poussé plusieurs pays à rapatrier leurs ressortissants bloqués dans le pays.

Efforts pour une solution politique

La situation au Yémen qui se dégrade de jour en jour continue de constituer une préoccupation de la communauté internationale, qui cherche à faire cesser les hostilités dans le but de lancer un processus politique.

La résolution onusienne de mardi, élaborée par des pays du Golfe demandait notamment à «toutes les parties» au conflit de négocier dans les plus brefs délais une «cessation rapide» des hostilités. Jeudi, le vice-président yéménite en exil Khaled Bahah a appelé toutes les unités des forces de sécurité, qui s'étaient rangées aux côtés des rebelles houthis, à rallier le camp du gouvernement pour parvenir à la paix dans le pays.

En dépit des efforts internationaux pour trouver une solution pacifique, l'impasse persiste toujours.
Pour tenter de débloquer la situation, la Turquie a suggéré l'organisation d'une conférence internationale pour la paix au Yémen et qui regrouperait toutes les parties engagées dans le conflit.

Cette conférence «pourrait être organisée à Ryadh ou à Istanbul», selon le président du Parlement turc, Cemil Ciçek, qui a jugé nécessaire la libération des territoires capturés occupés par les rebelles houthis et le retrait de leur forces».

Depuis le début du conflit au Yémen, plus de 730 personnes ont été tuées, alors que plus de 2.000 autres ont été blessées, dont une majorité de civils, selon un bilan de l'Onu.