Sécurité en Afrique : «Laïcité et politisation de la foi», thème d'un forum prévu en Ethiopie

Publié par DK News le 20-04-2015, 16h00 | 36

«Laïcité et politisation de la foi» est le thème retenu pour la quatrième édition du Forum de haut-niveau de Tana sur la sécurité en Afrique (THLF), dont les travaux se sont ouverts samedi à Bahir Dar (Ethiopie), avec la participation de responsables et personnalités politiques africaines et internationales.

Selon des médias, la rencontre initiée par l'Institut d'études pour la paix et la sécurité (IPSS) de l'Université d'Addis Abeba, débattra des «problèmes de la paix et de la sécurité auxquels le continent africain est confronté».

Cet évènement annuel, géré par un Conseil d'administration et présidé par l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, vise à contribuer à la mise en £uvre de la Déclaration de Tripoli d'août 2009, qui préconise «la recherche de solutions africaines aux problèmes du continent».

Selon les organisateurs, ce forum n'entend pas être un sommet traditionnel, mais plutôt un cadre d'échanges indépendant au plan institutionnel et politique, ce qui va permettre à des acteurs gouvernementaux, scientifiques et économiques ainsi que de la société civile de se réunir pour des échanges informels et directs.

«Ce forum encourage le dialogue comme moyen pacifique et durable fondamental pour résoudre les conflits, et il démontrera que la diversité est une force et non une source de conflit», a déclaré M. Obasanjo.

L'ancien président nigérian a, à cette occasion, souligné que la laïcité est «un idéal si l'on sait qu'il n'existe pas de société où la religion est séparée de la politique», notant toutefois que la religion et la laïcité «sont capables de nuire à l'ordre public ou le faire avancer».

Quant à l'ancien président tanzanien, Benjamin Mkapa, il a plaidé pour la préservation de l'héritage de l'Afrique en matière de laïcité et son lien avec la religion au sein de la société», soulignant que le continent africain est caractérisée par «le pluralisme des religions et des ethnies».

Le président rwandais Paul Kagamé, lui emboîtant le pas, a demandé que la diversité des sociétés africaines soit utilisée contre l'extrémisme. Malheureusement, celle-ci se trouve «mal géré en Afrique», a-t-il souligné.

De son côté, le président malien, Ibrahima Boubacar Keïta, a insisté sur «les amalgames» entre islam et extrémisme. Il est ensuite longuement revenu sur la crise au nord-Mali, engendrée selon lui par «une certaine interprétation» de l'islam, faisant allusion aux groupes armés, qui voulaient imposer leur dictat aux populations locales.

Toutefois, selon le vice-président du Conseil d'administration du forum, le professeur Andreas Eshete, en plus des appels d'ordre politique soutenant une seule croyance, le rejet de la laïcité n'est pas imputable à une seule religion, faisant état de l'existence de mouvements d'obédience chrétienne qui combattent des actions dont tire l'humanité profit, telle que la lutte contre le VIH/Sida, la planification familiale ou l'égalité du genre.

En plus des échanges qui auront lieu entre les différents participants, le forum permettra aux chefs d'Etat et de gouvernement en exercice d'exposer les problèmes d'ordre majeur, dont «les mesures concrètes à prendre pour remédier aux troubles, bouleversements politiques et autres menaces d'ordre confessionnel qui impactent sur la sécurité des Etats et des populations».

La rencontre donnera aussi l'occasion d'expliquer comment faire de la laïcité, en tant que mécanisme de gouvernance, une arme efficace contre la violence à caractère confessionnel.