Crise yéménite : Fin de l'opération "tempête décisive'' et début d'une nouvelle phase politique

Publié par DK News le 22-04-2015, 17h22 | 17

La coalition arabe menée par Ryadh a annoncé mardi la fin de la campagne aérienne lancée il y a près d'un mois au Yémen, affirmant que "la menace" des rebelles Houthis avait été écartée, et qu'une phase politique débutait.

Le porte-parole de la coalition, le général Ahmed al-Assiri, a ainsi annoncé la "fin de l'opération +Tempête décisive+ à la demande du gouvernement et du président yéménites" Abd Rabbo Mansour Hadi.

L'intervention militaire de la coalition contre les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite chiite, avait été lancée le 26 mars au Yémen à la demande du président Hadi, réfugié en Arabie saoudite. 

Le général saoudien n'a cependant pas exclu que la coalition puisse intervenir pour empêcher les mouvements des rebelles.

Il a en outre ajouté que le blocus maritime serait maintenu. La coalition a dans le même temps annoncé le début d'une nouvelle phase, baptisée "Restaurer l'espoir" et portant sur la reprise du processus politique au Yémen, la fourniture d'aides humanitaires et la "lutte contre le terrorisme" dans un pays où Al-Qaïda est très actif.

Selon un communiqué du ministère saoudien de la Défense, les frappes aériennes sont parvenues "avec succès à éliminer les menaces à la sécurité de l'Arabie saoudite et aux pays voisins".

Il a notamment fait état de la "destruction d'armes lourdes et de missiles balistiques qui avaient été saisis par la milice Houthie et les forces de (l'ancien président) Ali Abdallah Saleh dans des bases et camps de l'armée".


Les violences ont fait 944 morts et 3.487 blessés

Les violences au Yémen ont fait 944 morets et 3.487 blessés, selon un bilan au 17 avril publié mardi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le bilan réel est plus élevé car de nombreux corps ne sont pas transférés dans les centres médicaux, selon l'OMS. Un précédent bilan, fourni vendredi de même source, faisait état de 767 morts et 2.906 blessés depuis le début des violences, le 19 mars.

L'organisation internationale a également lancé une mise en garde contre un effondrement imminent des systèmes de santé et de soins au Yémen.

Ces systèmes sont "en train de se battre pour fonctionner, alors qu'ils font face à des pénuries de plus en plus grandes de médicaments qui sauvent des vies (...), à des interruptions fréquentes des générateurs" et au manque d'électricité pour les alimenter, précise l'organisation.

Les coupures de courant et le manque de carburant menacent d'interrompre la chaîne de froid des vaccins, ce qui laissera des millions d'enfants âgés de moins de cinq ans sans être vaccinés. Cela augmente le risque de maladies contagieuses telles que la rougeole, ou la polio qui a été éradiquée mais qui peut désormais réapparaître, selon l'OMS.

La pénurie d'eau potable entraîne aussi une hausse du risque de diarrhées et d'autres maladies. "Au cours des quatre dernières semaines, les autorités nationales de surveillance des maladies ont signalé un doublement du nombre des diarrhées hémorragiques chez les enfants de moins de cinq ans, de même qu'une hausse des cas de rougeole et des cas suspects de malaria", indique l'OMS.

Des taux élevés de malnutrition chez les femmes et les enfants de moins de cinq ans ont aussi été signalés, selon le Dr Ahmed Shadoul, représentant de l'OMS au Yémen.


Les rebelles s'emparent du camp d'une brigade loyaliste

Les rebelles Houthis se sont emparés hier du camp d'une brigade fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi près de Taëz, dans le sud-ouest du Yémen, a indiqué un officier de l'armée. Le camp de la Brigade 35 blindée, situé à l'entrée nord de la ville, est tombé à l'issue de violents combats qui ont fait des "dizaines de morts et de blessés" des deux côtés, a précisé cet officier loyaliste qui se trouve à l'intérieur de cette base.

L'offensive des rebelles est intervenue quelques heures après l'annonce par la coalition conduite par l'Arabie saoudite de l'arrêt de ses raids aériens au Yémen contre les adversaires du président Hadi.

Selon l'officier yéménite, des armes lourdes et des roquettes antichar ont été utilisées lors des combats. Un représentant du Croissant-Rouge yéménite a indiqué que son organisation n'avait pas pu envoyer d'équipes de secours dans le camp "en raison de l'intensité des combats".